Certes, cette année Uzès exposition « ne va pas attirer ceux qui veulent voir une belle signature », admet Marc Stammegna. Mais, à travers 110 oeuvres dont 75 aquarelles signées de la dynastie des Roux, témoins de « l’histoire maritime et commerciale française », résume le commissaire de l’exposition. Une histoire marseillaise d’abord, vue par le prisme des Roux, dont le patriarche Joseph est à la tête au XVIIIe siècle d’une entreprise qui fait dans les compas, boussoles, cartes et pavillons, et qui était « l’hydrographe du roi », précise Marc Stammegna.

Antoine, son fils, se pique de dessin et reproduit ce qu’il côtoie au quotidien dans le port de Marseille, à l’époque une des places fortes mondiales du commerce maritime : les bateaux. Jusqu’au jour où un officier anglais lui passe une commande, avant des centaines d’autres. Il en résulte « une épopée commerciale représentée par ces tableaux alors que la photo n’existait pas encore », avance le commissaire de l’exposition, soucieux de rappeler la place centrale qu’occupait la cité phocéenne, et avec elle la France, dans le commerce mondial.

On y retrouve les tout premiers bateaux naviguant sous pavillon États-Unien, mais aussi « des bateaux étonnants », glisse Marc Stammegna, notamment des bateaux de guerre, des navires de corsaires ou encore des ex-voto, ces tableaux réalisés en offrande faite à Dieu pour remercier une grâce obtenue, en l’espèce « des bateaux pris dans des tempêtes, qui ont démâté » mais qui sont tout de même arrivés à bon port, par exemple.

Les trois fils d’Antoine Roux, Antoine fils, Frédéric et François, poursuivront la dynastie, l’un d’entre eux exportant même ce savoir-faire marseillais dans le port du Havre, où il proposera aussi ses aquarelles. Leur renommée s’exportera jusqu’aux États-Unis, où leur oeuvre fera l’objet de plusieurs expositions. L’exposition uzétienne propose aussi de se pencher sur l’oeuvre des Adam père et fils, qui peindront pour leur part des bateaux à vapeur jusqu’aux années 1920, ainsi que des maquettes issues de compagnies maritimes.

« Une exposition grand public, plaisante, explicative »

L’exposition est « chapeautée par le président du Musée national de la marine (Olivier Poivre-d’Arvor, NDLR), qui ont prêté des aquarelles, comme le Yacht Club de Monaco et des collectionneurs privés », précise Marc Stammegna. Une exposition « dure à monter », reconnaît-il, fruit d’un an de travail, ce que le maire Jean-Luc Chapon a salué : « Nous avons la chance d’avoir Marc Stammegna, qui nous organise des expositions gratuites (pour la ville, NDLR). » Notez en outre que la navigatrice Isabelle Autissier signe la préface du catalogue, sur lequel a aussi travaillé Ombline d’Aboville, nièce du navigateur Gérard d’Aboville.

Si la qualité des tableaux et leur intérêt historique est au rendez-vous, « cette exposition plaira aux personnes plus intéressées par l’histoire que par une signature », avance Marc Stammegna, qui promet toutefois « une exposition grand public, plaisante, explicative de l’histoire de notre pays. » Pour ce faire, un accent est mis sur la médiation tout au long de l’exposition, et des visites commentées seront également proposées, tout comme des visites scolaires. L’année dernière, l’exposition sur Bugatti et Monticelli a attiré 16 800 visiteurs.

Uzès exposition IV, « La dynastie des Roux, témoins d’une épopée maritime et commerciale », du 1er mai au 26 octobre à l’ancien évêché d’Uzès. Ouvert du mercredi au dimanche de 10h à 12h30 et de 13h30 à 18h, tarif unique 5 euros, gratuit pour les moins de 18 ans. Réservations en ligne à partir du mois d’avril sur le site de la Ville et sur celui de l’Office de tourisme Destination Pays d’Uzès Pont du Gard, et sur place à partir du 1er mai.