GARD La résistance dans les gènes
Un petit livre signé Sarah Rouvière et qui raconte une grande histoire est à acheter aux éditions Alcide.
Anne Lapra, fugitive protestante (Alcide, 2023) relatait l'intrépide évasion de cette femme de pasteur qui poursuit ensuite la résistance de Lausanne où elle s'est réfugiée. Après cet ouvrage remarqué, la jeune et talentueuse historienne Sarah Rouvière récidive avec un récit poignant, Désubas, un ministre dans la tourmente.
Désubas est le cousin d'Anne Lapra. On pénètre à travers lui et grâce à ce petit ouvrage l'univers clandestin de la résistance protestante non violente du milieu du XVIIIe siècle.
Ce livre sur Désubas, vient ajouter du relief (et réciproquement) au livre sur le pasteur Arnaud (La « Glorieuse Rentrée » des vaudois en 1689) en montrant des résistances armée et non violente, d'un siècle l'autre, et des engagements qui valent d'être rappelés.
L'année 1744 est marquée par un répit dans la persécution des protestants du Sud-Est de la France. Les cultes clandestins, ces « assemblées au Désert », se déroulent même parfois au grand jour. La répression reprend cependant en 1745 de manière aussi soudaine qu'inattendue. Brutale.
En cache perpétuelle, à la merci de la délation, la vie du pasteur clandestin est continuellement en suspens. En cette année 1745, Désubas parcourt sans relâche le Vivarais. Il a tout juste 25 ans. À travers un récit poignant, l'historienne Sarah Rouvière nous questionne sur le prix d'un engagement mais aussi sur le choix d'une résistance non violente face à un pouvoir implacable.
Docteure en histoire, Sarah Rouvière est spécialiste du protestantisme français clandestin pendant la période d'interdiction de la « Religion Prétendue Réformée », de 1685 à 1789. Sa thèse de doctorat a mis en lumière les contributions des femmes ardéchoises à la résistance protestante pendant ces années de répression.
Le prologue débute à Montpellier en 1746.
Lorsqu'elle quitte la citadelle, il reste peu de temps avant que le prisonnier ne soit jugé. Le verdict sera sans surprise : la loi prévoit que les pasteurs soient exécutés. Cependant, grâce à elle, le plan d'évasion est prêt : une journée suffira pour le mettre en place.
À moins que le pasteur ne soit jugé dans les vingt-quatre prochaines heures, il n'y a pas de raison que le stratagème échoue. Mais elle sait que les autorités ont hâte d'en finir avec ce prisonnier dont l'arrestation a embrasé le Vivarais...