ALÈS L'école de la montée de Silhol est-elle devenue une "garderie" ?
Rien ne va plus à l'école de la montée de Silhol, à Alès. Depuis hier, jeudi, plusieurs mamans manifestent devant l'entrée, près de pancartes décrivant la "détresse" de leurs enfants. Ces derniers, en classe de CP, seraient privés d'enseignante depuis plusieurs semaines.
Ce vendredi matin, à la fraîche, Caroline, Béatrice et Sabrina, mamans d'enfants scolarisés en classe de CP à l'école de la montée de Silhol, sont particulièrement remontées. La veille, avec une poignée d'autres mamans, elles ont entamé un mouvement de contestation en se positionnant, pancartes en mains, près de l'entrée de l'établissement. Car la colère gronde.
"En 2019-2020, nos enfants ont fait une demi-année à cause du Covid. L'année d'après, la maitresse a eu des soucis de santé. La suivante, en grande section, ils ont encore eu droit à une année covid avec obligation de se tester et des fermetures de classes régulières", rejoue Caroline, aussi inquiète que courroucée.
Et comme si ça ne suffisait pas, après ces trois années incomplètes, la nouvelle année scolaire de leurs bambins désormais en CP démarre sur les mêmes bases. "En septembre, on a fait une réunion de rentrée avec la maitresse lors de laquelle elle nous a indiqué que nos enfants étaient 'retardés'", confie une maman, qui dit s'être sentie "démoralisée" à l'issue de cet entretien.
Depuis le 6 octobre, cette même enseignante serait en arrêt maladie, sans faire l'objet d'un remplacement. "Elle est revenue juste trois jours après les vacances de la Toussaint et puis rebelote", avertit Béatrice. À ces absences répétées et non remplacées s'ajoute le fait que le CP constitue une année charnière où "nos enfants doivent apprendre à lire, écrire et compter".
Et ce n'est pas tout. "On reçoit des mails le dimanche à 21h pour nous avertir que la maitresse sera absente le lundi. C'est impossible pour s'organiser ! Et le pire c'est qu'on a des pénalité financières si on ne les met pas à l'école alors qu'on les a inscrits à la cantine", déplore une autre maman.
"Ma fille pleure tous les matins"
Si l'école de la montée de Silhol "manque à ses obligations en n'assurant pas l'enseignement obligatoire", elle assure toutefois l'accueil des enfants en l'absence de leur enseignante. "Ce n'est plus une école mais une garderie", résume Sabrina, mère du petit Eden. "Ils sont répartis dans d'autres classes mais passent leurs journées à faire des coloriages", s'exaspère la jeune femme.
Ce vendredi matin, devant les portes de l'école, le trio semble pourtant bien esseulé. "Certaines mamans nous soutiennent mais travailent, d'autres se contentent du fait que leur enfant soit simplement gardé", justifie l'une d'entre elles. Premières victimes dans l'affaire, les bambins vivraient "très mal" la situation. "Ma fille pleure tous les matins car elle n'a pas sa maitresse. Elle part avec la boule au ventre car elle ne sait pas avec qui elle va passer la journée", jure Caroline.
"On pleure en cachette pour ne pas que nos enfants voient qu'on est aussi triste qu'eux", enfonce Sabrina, gagnée par l'angoisse. "C'est mon troisième enfant. Les deux autres, en CP, aux vacances de Noël ils savaient lire. Pour l'instant je suis calme, mais c'est en train de monter !", prévient Béatrice.
L'Inspection académique fait la sourde oreille
D'autant que les mamans peinent à se trouver un exutoire. "On n'a pas d'interlocuteur. Le directeur de l'école est aussi en arrêt maladie. Sa suppléante, c'est notre maitresse. Donc on fonctionne sans direction. Je ne comprends pas comment c'est possible", s'interroge Caroline.
Aussi, toutes les demandes de rendez-vous expédiées "depuis début octobre" à l'Inspection académique seraient restées lettres mortes. "L'une d'entre nous est allée sonner pour essayer d'avoir quelqu'un, on nous a demandé d'envoyer un mail", se désole la dernière nommée.
Contacté plus récemment, le cabinet du maire d'Alès n'aurait pas encore donné suite. Exaspérées, certaines mamans disent avoir songé à un transfert vers une école privée. Avant d'y renoncer. "Ils vont arriver avec un retard irrattrapable sur les autres élèves. C'est aussi les priver de leurs copains...", justifie Béatrice, lasse et démunie.