Rendre la langue française illisible. C'est par ces mots que le chef de l'État a semblé vouloir remettre en cause l'expérience de l’écriture inclusive. Cette pratique qui vise un ensemble de règles grammaticales afin d'éliminer toutes les formes de discrimination du genre dans la langue française. Jusqu'au point de l'absurde et de l'incompréhension ? Emmanuel Macron considère que "le masculin fait le neutre, on n'a pas besoin d'ajouter des points au milieu des mots, ou des tirets, ou des choses pour la rendre lisible". Une réponse favorable et dans le sens du vote au Sénat après le texte proposé par la sénatrice Pascale Gruny. Une proposition de loi qui a vocation à supprimer les néologismes, les contractions de mots parce qu'elle affaiblirait la langue française en la rendant illisible, imprononçable et impossible à enseigner. Désormais, si l'Assemblée nationale confirme, l’écriture inclusive sera bannie dans de nombreux documents officiels comme les modes d'emploi, les contrats de travail, les actes juridiques, etc. Un retour en arrière ? Pour une bonne partie de la Gauche, il s'agit là d'un texte rétrograde et réactionnaire contre la visibilisation des femmes. À l'autre bout de l'échiquier, c'est plutôt la lutte contre le wokisme qui est en jeu. Pourtant, il s'agissait au départ d'un outil parmi d'autres pour lutter contre les inégalités femmes-hommes afin que le masculin ne soit pas définitivement universel. Une démarche trop militante pour les farouches opposants. Encore davantage depuis la circulaire de 2017 qui est venue entériner les règles de féminisation et de rédaction des textes publiés. Sans compter que l'écriture inclusive fait aussi grincer des dents de l'Académie française. On peut s'en étonner. Depuis des siècles, la langue française voyage dans le temps. Elle a connu de nombreuses transformations, des changements phonétiques, des réformes orthographiques. Ce qui en fait d'ailleurs l'une des langues les plus riches et complexes au monde... Reste à savoir ce que décideront les députés à l'Assemblée nationale. Certainement rien. Le Rassemblement national a tenté sa chance il y a quelques mois, sans succès. Peut-être parce que la France a d'autres sujets de préoccupations majeurs que celui-là...