AU PALAIS La conductrice roule 15 km à contresens sur l'autoroute
" Je ne comprends pas mademoiselle, vous deviez vous rendre à Montélimar et vous étiez sur la route vers Sète. Expliquez-moi car c'est la direction opposée ", demande le président du tribunal correctionnel de Nîmes. Face à lui, une jeune femme dépassée par les événements, qui balbutie d'une voix à peine audible. "Je voulais récupérer un ami à Sète avant de repartir vers la Drôme. En route cet ami m'a dit qu'il travaillait le lendemain et qu'il ne pouvait pas venir. J'ai fait demi-tour ", essaie de convaincre la conductrice qui cumulait les infractions ce soir-là.
Nous sommes le 7 décembre dernier, il est 21h15, lorsque les secours reçoivent une vingtaine d'appels d'usagers de l'autoroute A9 qui se trouvent à proximité de Lunel et Gallargues. Ils croisent et évitent une voiture qui roule à contresens sur la voie de droite, c'est-à-dire sur la voie où l'on double pour les conducteurs qui eux sont dans le bon sens de circulation. Les appels aux secours téléphoniques laissent imaginer le pire, alors qu'il fait nuit. Alors que la conductrice finit par constater son erreur et qu'elle essaie de se rabattre, elle percute de face à 21h20, un véhicule sur la voie du milieu. À l'intérieur trois personnes sont grièvement blessées, dont deux qui se verront prescrire des ITT (Interruption totale de travail) fixées à 45 jours. Le seul qui s'en sort indemne est un enfant de 3 ans. La conductrice fautive est également blessée. Dans un premier temps, durant l'enquête elle avait expliqué aux enquêteurs qu'elle avait suivi son GPS. À l'audience, elle confirme qu'elle avait trop bu et qu'elle ne s'était pas rendu compte du problème.
"Vous prenez le volant, et juste avant vous consommez un verre de vodka et une bière et vous prenez d'autres boissons pour la route. Le tout avant de conduire. Vous n'avez pas l'impression qu'il y a un problème ? Vous aviez perdu tout discernement à ce moment-là", reprend le président du tribunal sans avoir de réponse audible de la part de cette jeune femme, inconnue de la justice jusqu'à cet événement. Elle paraît détruite psychologiquement à la barre, car en plus du choc et des blessés, elle avait un travail pour lequel elle venait d'obtenir une promotion. L'accident lui a fait perdre son boulot " qui était mon rêve, souligne-t-elle. Aujourd'hui au niveau de l'alcool je m'astreins à la tolérance zéro". "Elle fréquente l'association les Alcooliques anonymes", soutient son avocat
"Il ne s'agit pas d'un simple accident de la route, mais d'un accident avec deux circonstances aggravantes. En plus on se sait pas encore si vous aviez une assurance ou pas", déclare la vice-procureure qui réclame 1 an ferme pour cette prévenue. " Jusqu'à cette soirée tragique pour les victimes, mais aussi pour elle, elle n'avait jamais fait parler d'elle. Au contraire, il s'agit d'une jeune femme que vous ne retrouverez plus dans une audience pénale. Elle a été punie dans sa chair. Elle a perdu son travail pour lequel elle avait réussi une partie du concours d'entrée", nuance son avocat qui veut éviter une peine de prison ferme.
Le tribunal a condamné la jeune femme à 18 mois de prison avec sursis, à la suppression de son permis à l'audience et 500 euros d'amende. Cette sanction ne sera pas inscrite sur le bulletin numéro 2 du casier judiciaire.
Boris De la Cruz