Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 10.03.2018 - boris-de-la-cruz - 2 min  - vu 2147 fois

AU PALAIS Le voisin entend des cris, il intervient et se fait dévorer par un chien

La salle d'audience du tribunal correctionnel de Nîmes. Photo Tony Duret / Objectif Gard

" Ma peau du visage s'arrachait et tombait, mes os craquaient, j'avais l'impression d'être un morceau de bois sur lequel se défoulait un chien. Il m'a traîné sur plusieurs mètres ", témoigne dignement un chef d'entreprise d'une cinquantaine d'années qui se souviendra longtemps de cette soirée à Sauveterre, un village proche d'Avignon. Il fait chaud ce 15 juin 2017. Les fenêtres de sa chambre sont ouvertes, il est 22h40. Cet homme à la carrure imposante sursaute lorsqu'il entend sa plus proche voisine, une mamie qui vit avec son petit-fils, qui appelle au secours. Sans se méfier, l'homme se précipite dehors. Rapidement il comprend la scène, la grand-mère s'oppose au départ de son petit-fils, âgé de 25 ans... Il vient de s'énerver au téléphone avec sa petite amie. Il est fortement alcoolisé et il est sur le point de démarrer sa voiture. La vieille dame fait tout ce qu'elle peut pour l'en empêcher, et en désespoir de cause, elle appelle au secours.

Le voisin justement est rapidement dehors et tente à son tour de prendre les clefs sur le contact du véhicule. Le conducteur sort et une brève altercation verbale intervient. Puis les deux hommes en viennent aux mains et se bloquent mutuellement avant de tomber au sol. C'est à ce moment-là qu'un molosse, un American Staff qui appartient au petit-fils de la voisine se jette sur le pauvre homme qui essaye d'intervenir. L'homme sera attaqué au visage et alors qu'il essaie de fuir et de rentrer chez lui, le chien le mord à nouveau deux fois sur le corps. Les pompiers et les gendarmes interviennent, la scène est insoutenable. La victime a été dévorée. " Les photos qui figurent au dossier sont insoutenables ", estime le président du tribunal correctionnel Jean-Pierre Bandiera. Le jeune prévenu s'excuse mollement auprès de son voisin et réfute à l'audience d'avoir excité son animal après les morsures au visage. Il est poursuivi pour " blessures involontaires n'excédant pas trois mois par agression d'un chien d'attaque, de garde ou de défense ". Son chien est soumis à une réglementation précise et son maître aurait dû effectuer un stage et obtenir une autorisation de le détenir. Un animal qui en plus n'était pas assuré.

" Cet homme a agi en bon citoyen. Il a été très mal récompensé et pire il souffre tous les jours dans sa chair de cette agression sur la voie publique, estime le conseil du blessé, maître Marion Touzellier. Il est hors de question pour mon client de revoir ce chien face à chez lui ", poursuit l'avocate qui anticipe une demande du prévenu qui veut récupérer son American Staff. " C'est un jeune homme qui travaille dur et qui fait des heures supplémentaires pour s'en sortir. Il est profondément désolé pour la victime qui est son plus proche voisin et il ne sait pas comment le lui dire ", estime pour sa part Me Roland Marmillot, avocat du prévenu. Ce dernier a écopé d'1 an de prison dont 6 mois ferme. Par ailleurs, il ne pourra pas détenir un animal pendant 5 ans et ne récupérera pas son chien.

Boris De la Cruz

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