AU PALAIS Quatre chevaux morts, vingt-sept maltraités : le manadier à la barre du tribunal
Photo Objectif Gard. B/DlC. Maître Nougier et son client, un ancien manadier poursuivi pour mauvais traitements infligés à des animaux domestiques.
Les services vétérinaires avaient déjà lancé plusieurs avertissements.
En 2009, un cheval lui avait été retiré. En 2014, une nouvelle mise en demeure lui était infligé concernant ses chevaux et taureaux. Mais en octobre 2016, trois vétérinaires déboulent dans sa manade de Générac et découvrent l'horreur. Quatre chevaux morts dont certains sont en état de décomposition avancée dans les champs. "C'était un charnier à ciel ouvert. Sur vingt-sept équidés récupérés par des associations, il n'y en a pas un seul en état. Ils sont tous maigres. Il n'y avait pas d'abreuvoir, pas de foin, pas de granulés", s'indigne en partie civile pour l'association Cheval, Maître Olivier Massal.
Le manadier, âgé de 74 ans, avoue avoir pris sa retraite en 2016, après cet événement : " cela fait 50 ans que je m'occupe de chevaux, là c'est de ma faute, j'ai été dépassé par les événements", déclare l'éleveur dont tous les chevaux ont été saisis par diverses associations de protection animale. " Mais vous aviez des problèmes depuis longtemps ?, interroge le président du tribunal correctionnel de Nîmes, il a été retrouvé sur vos terrains des dizaines d'os de chevaux d'âges différents ? "
" Je pratique l'élevage depuis cinquante ans et en 2016, je n'avais jamais vu une pareille sécheresse... Il y avait une véritable épidémie de vers et de tiques."
" Dans le secteur, il y a eu d'autres éleveurs impactés par la sécheresse, pourtant leurs animaux ne sont pas morts", relance le magistrat. Le manadier ne répond pas.
"Les photos sont parlantes. Bien plus qu'un PV. Et elles montrent l'ampleur du phénomène. Depuis 2014, il y a eu dans cette manade des alertes, des avertissements qui vont aller en s'aggravant, estime le vice-procureur, Arnaud Massip. À partir du moment où les animaux ne sont pas nourris ils sont plus fragiles et les champs sont devenus des mouroirs ", accable le magistrat du parquet de Nîmes. Lequel demande une peine 6 mois avec sursis pour abandon d'animaux. Le prévenu n'avait jamais eu à faire à la justice auparavant. Le vice-procureur réclame aussi une amende de près de 1 500 euros et, en peine complémentaire, la confiscation définitive des animaux saisis et l'interdiction d'en détenir pendant 5 ans.
" Pendant 45 ans cet homme a été la fierté de son village grâce à sa passion des chevaux. Il organisait des spectacles. Il permettait à des jeunes de monter gratuitement chez lui. Mon client a une santé défaillante après un AVC. Il a un âge avancé et il ne s'est pas aperçu du temps qui passe et peut être aussi de la force qui lui manquait pour s'occuper d'un nombre aussi important d'animaux, nuance pour le prévenu, son avocat, Maître Rémi Nougier. Ce n'est pas un criminel ou un délinquant, c'est un véritable passionné qui a commis des négligences", tempère l'avocat Nîmois. La décision du tribunal correctionnel sera rendue fin juin.
Boris De la Cruz