FAIT DU SOIR À La Grand-Combe, hommage, émotion et soutien

Selon la gendarmerie, entre 2000 et 2500 personnes se sont retrouvés dans les rues de La Grand-Combe.
- CDQuarante-huit heures après le décès d'Aboubakar Cissé, et alors que le suspect est toujours en cavale, les Grands-Combiens, croyants ou non, et responsables locaux et politiques se sont réunis entre Alès et La Grand-Combe. Tous espèrent aller de l'avant, en marchant et en agissant.
Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. La fameuse phrase d'Alphonse de Lamartine semble prendre tout son sens à La Grand-Combe en ce dimanche 27 avril, 48 heures après le décès d'Aboubakar Cissé, tué d'une quarantaine de coups de couteaux dans la mosquée de Trescol, comme l'attestent des vidéos. La victime passait la majorité de son temps dans ce lieu de culte, mais était connu par nombre de Grands-Combiens, et notamment les habitués d'un des bars du centre-ville, dont son gérant, souhaitant rester anonyme, dresse le portrait : "Jeunes comme anciens le respectaient. Il disait 'Bonjour' ou "Salam Aleykum' à tout le monde et s'était fait une place à La Grand-Combe grâce à sa gentillesse. S'il y en a un qui ne méritait pas de mourir assassiné, c'est lui."
"L'enterrer et retrouver le meurtrier, c'est le plus important"
Cette tendance à "vouloir rendre service à tout prix" aurait été guidée par son dévouement à la religion : "Il donnait tout ce qu'il avait, car il préférait la récompense de Dieu à celle des humains. Il était réputé pour être un des plus grands assidus de la mosquée. Il avait même quitté Bessèges puisqu'il n'y avait pas de mosquée là-bas", appuie le gérant. Ce dernier, comme d'autres acteurs de la vie locale, d'Alès à La Grand-Combe, a monté une cagnotte pour aider la famille du défunt ou bien financer son enterrement, qui pourrait être pris en compte par certaines associations.
Mais il ne s'est pas pour autant rendu à la marche blanche de l'après-midi, car "ce n'est pas le moment. Il n'est pas encore enterré et il aurait fallu prévenir sa famille et la mosquée avant de l'organiser. L'enterrer et retrouver le meurtrier, c'est le plus important. C'est malheureux, mais la marche blanche ne sert à rien."
Une marche blanche, noire de monde
En amont du départ de la marche blanche à 14 h 35, Patrick Malavieille, maire PCF de La Grand-Combe pendant près de 20 ans, a regretté un "garçon gentil avec les habitants, de la boulangère aux écoliers, qui marchait souvent dans la ville."
En hommage à la victime et sous l'impulsion, non pas de la famille ou de la mosquée, mais d'élus grands-combiens, selon nos informations, le vice-président du département a pris part à un cortège de 2000 à 2500 personnes*. Menés par les représentants régionaux de la grande mosquée de Paris et Abdallah Zekri, recteur de la mosquée de la Paix de Nîmes, et au sein duquel se trouvaient aussi, entre autres, Jean-Michel Suau, Sylvain André, Cathy Chaulet.
La procession, partie de la mosquée Khadidja, a rejoint la mairie de La Grand-Combe sous les caméras et les yeux de médias nationaux, comme Le Monde, Franceinfo, M6 ou TF1.
Bruno Retailleau (presque) sur place pour avancer sur l'enquête
En parallèle de l'hommage, les autorités nationales et locales se sont réunies à la sous-préfecture d'Alès pour faire le point sur l'enquête. Comme d'autres personnalités politiques, Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur, a ainsi adressé d'une part, un "message de compassion, solidarité et mobilisation vis-à-vis des proches d'Aboubakar Cissé et des compatriotes français musulmans", mais aussi indiqué la mobilisation d'"une force de frappe de 70 enquêteurs, nuit et jour, pour poursuivre l'individu qui a tué dans des conditions inacceptables et ignobles".
Selon le procureur de la République d'Alès, Abdelkrim Grini, ce dernier est "formellement identifié." Il s'agit d'"un jeune né en 2004 en France, qui vivait ces dernières années dans le Gard et était sous les radars des services de justice et de police." Le frère du suspect a été placé en garde à vue, mais aucune charge n'a été retenue contre lui.
La sécurité renforcée "autour de tous les lieux de culte"
Craignant que le suspect répète "des faits de même nature", "l'autorité préfectorale prend des mesures nécessaires pour assurer la sécurité autour de tous les lieux de culte", en plaçant notamment des patrouilles de gendarmerie et police autour des synagogues, églises et mosquées. Présent à la réunion, Driss El Moudni, président du culte musulman dans le Gard, se dit "soulagé de voir le ministre se déplacer et les autorités faire leur travail".
Il attend un traitement équivalent entre religions et note déjà le renforcement des patrouilles autour des lieux de culte, tout en invitant "les musulmans à assurer eux-mêmes leur sécurité". Une seconde marche blanche, organisée par la mosquée de Trescol et la famille, devrait se tenir dans les prochains jours.
*Estimation de la gendarmerie locale