Publié il y a 6 h - Mise à jour le 27.04.2025 - Boris De La Cruz - 5 min  - vu 244 fois

JUSTICE Kim Kardashian victime des papys braqueurs

MaxPPP

C’est un procès planétaire qui attend les jurés de la cour d’assises de Paris à partir du 28 avril et pour un mois. En octobre 2016, la star américaine de la télé-réalité, Kim Kardashian, de passage dans la capitale française pour assister à la Fashion week, a vécu un véritable cauchemar. De nuit, elle est séquestrée dans sa suite. Les malfaiteurs lui dérobent plus de 5 millions d’euros de bijoux. Des vieux « chevaux sur le retour » qui repartent à vélo et en gilets fluo ! Dans ce procès d’assises, il y a la présence de deux Gardois : une femme de 79 ans qui vit près d’Alès et un trentenaire natif d’Alès.

L’affaire a fait la une de la presse internationale. « Il y a eu une répercussion planétaire, car Kim Kardashian est suivie par des dizaines de millions de fans sur les réseaux sociaux. Elle a près de 200 millions de fidèles », relate François Vignolle, journaliste à M6 et auteur d’une BD remarquée sur le sujet. « C’est une affaire qui va être immédiatement signalée. Le ministère de l’Intérieur suit de près puisque Paris est considérée comme très sécurisée. Il ne faut pas oublier que l’on sort de plusieurs attentats et que les forces de l’ordre sont nombreuses dans la capitale », complète le journaliste télé.

Pourtant, dans ce Paris grouillant de policiers, l’impensable arrive par une nuit d’octobre entre les Champs-Élysées, l’une des avenues les plus surveillées au monde, et la place de la Concorde. Ce 3 octobre 2016, Kim Kardashian, une bimbo connue pour filmer et diffuser à grande échelle sa vie familiale, veut à tout prix quitter Paris. Il faut dire qu’elle vient d’être victime d’une agression dans sa suite.

Dans les faits, il est trois heures du matin lorsque la police est appelée pour un vol à main armée. Cinq individus aux visages dissimulés et gantés, avec des blousons siglés « police », se présentent à la porte d’entrée d’un hôtel de prestige situé rue Tronchet, près de l’église de la Madeleine. Ils sont armés. Le veilleur de nuit ne se méfie pas et ouvre aux individus qui cherchent Kim Kardashian ou plus exactement « la femme du rappeur » Kanye West. Le veilleur de nuit est ligoté, tandis que les malfaiteurs se dirigent dans la suite de la vedette qui est seule à ce moment-là. Son garde du corps a accompagné la sœur de la star dans une discothèque parisienne. Il est 2h56 précisément lorsque l’Américaine entend du bruit à la porte de sa chambre. Elle demande « qui est là », tout en appelant son garde du corps au téléphone pour lui signaler quelque chose de curieux dans l’hôtel où elle loge. La styliste de la star s’enferme dans la salle de bain dans une autre chambre et appelle, elle aussi, le garde du corps.

Les malfaiteurs entrent alors dans la suite de la star en robe de chambre. Un individu lui arrache son téléphone, tandis qu’un autre s’occupe du veilleur de nuit également emmené sur place. Kim Kardashian est poussée sur le lit. Elle pense à un moment qu’elle va être abusée sexuellement. Elle est attachée, bâillonnée, mais les voleurs, eux, n’ont qu’une seule idée : s’emparer des bijoux qu’elle affiche dans ses shows ou sur les réseaux sociaux. Les deux agresseurs présents dans la chambre dérobent le sac à main et un coffret avec les bracelets, colliers et boucles d’oreilles, ainsi qu’une montre Rolex. De l’or et des diamants pour 5 millions d’euros de préjudice, avec notamment une bague à 4 millions d’euros.

Les malfaiteurs filmés après le braquage en train de repartir à vélo

C’est avec ce trésor que les voleurs finissent par quitter tranquillement le prestigieux hôtel. Ils repartent à vélo. L'un d'eux va même chuter, laissant tomber un bijou dans le caniveau. Cette croix en diamant sera retrouvée le lendemain matin par une femme qui comprend vite qu’elle vient de découvrir le bijou de la star. L’affaire Kardashian a déjà eu le temps de faire le tour du monde. « Au départ, on évoque une équipe aguerrie : c’est vrai par rapport au repérage et au palmarès judiciaire de certains, mais il y a aussi de l’amateurisme ou plus exactement une mauvaise connaissance des techniques modernes d’investigations puisqu’ils laissent quand même des ADN sur le Serflex qui a servi à attacher Kim Kardashian. Et puis, ils ne se méfient pas suffisamment des téléphones qui vont permettre de confondre certains d’entre eux », souligne une source policière.

12 accusés, des papys, une mamie et deux Gardois aux assises

Car immédiatement après l’agression, le dossier criminel devient prioritaire. Les investigations techniques et les analyses de police scientifique minutieuses vont porter leur fruit. Deux ADN sur le Serflex vont confondre deux hommes : Yunice A, 73 ans, et Aomar A, 69 ans, des « retraités » fichés que les policiers finiront par placer en garde à vue. La légende de « Kim et des papys braqueurs » est née. Les deux complices ont reconnu leur participation, mais ils n’ont jamais donné l’identité de leurs complices. Ils n’ont jamais avoué ce qu’ils avaient fait des bijoux volés, puisque la plus grande partie du trésor, probablement revendue sur le marché d’Anvers en Belgique, ne sera jamais retrouvée.

Harmany, 37 ans, est également renvoyé aux assises. Il est le fils d’un des principaux protagonistes, Aomar, dont l’ADN a été retrouvé sur le Serflex qui a servi à ligoter Kim Kardashian. Harmany est né à Alès et il est revenu dans les Cévennes minières, près de La Grand'Combe, se réfugier après avoir été placé sous contrôle judiciaire. Au total, douze accusés comparaissent à partir du 28 avril aux assises de Paris. Parmi les papys braqueurs, il y a une mamie... Christiane Mauricette G fêtera ses 79 ans au procès ! Elle était la compagne d’Aomar et il lui est reproché de « s’être rendue complice des faits de vol en bande organisée avec usage ou menace d’une arme au préjudice de Kim Kardashian par aide ou assistance, en l’espèce en permettant une communication occulte entre les auteurs des faits de nature à faciliter la préparation ou la consommation des faits ». Une retraitée chic, maman et grand-mère, au parcours judiciaire improbable puisqu’elle a été condamnée dans les années 90 avec son compagnon de l’époque, un gros voyou parisien, pour trafic de drogue.

Le monde des paillettes et les vieux voyous presque retraités

« Cette affaire extraordinaire passionne puisque c’est la rencontre de deux mondes : celui de Twitter, des réseaux sociaux, du champagne et des paillettes avec des méthodes dignes du cinéma d’Audiard avec des malfaiteurs d’une autre époque. C’est la vedette 2.0 qui croise la route des bandits du siècle dernier », résume François Vignolle qui affirme que des journalistes du monde entier seront présents à cette audience.

Des braqueurs un peu écologistes aussi, avec une empreinte carbone à zéro, puisqu’ils sont repartis du lieu de l'agression à pied et à vélos. Pas certain en revanche que les douze accusés quitteront le palais de justice de Paris aussi tranquillement...

© DR

Deux lectures immanquables sur l’affaire

Une BD « Les bijoux de la Kardashian » racontée par les journalistes d’investigation, François Vignolle et Julien Dumond, en collaboration avec Grégory Mardon pour les illustrations. Mais aussi l’essai d’une chroniqueuse judiciaire connue dans le « mundillo » médiatique, Patricia Tourancheau. « Kim et les papys braqueurs », ou « main basse sur les bijoux de la Kardashian », un opus qui dévoile tous les détails de ce braquage hors du commun. L’auteure est également connue pour ses livres portant sur l’affaire Grégory, sur le grêlé, ou encore sur le tueur en série Guy Georges.

Boris De La Cruz

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