JUSTICE Un policier gazé, frappé et menacé au couteau par un jeune shooté au protoxyde d’azote

Un simple accrochage routier tourne à l’agression violente d’un policier. Deux frères ont été condamnés ce vendredi 25 avril par le tribunal de Nîmes.
Le 22 avril 2025, aux alentours de 6 heures du matin, une Twingo blanche roule à vive allure avenue Georges-Pompidou à Nîmes. Le conducteur, âgé de 24 ans, est accompagné de son frère de 20 ans, assis côté passager. Les deux hommes consomment du gaz hilarant à l’aide de ballons. Ils tentent de dépasser un véhicule sur leur voie, mais percutent la voiture d’à côté. Le chauffeur est un agent de la police nationale, qui se rendait au travail. Ce dernier s'arrête pour constater son automobile. Le conducteur de 24 ans, sans permis, s’excuse et propose à la victime d’effectuer un constat. Mais son petit frère s'énerve et récupère un couteau dans la boîte à gant avant d’agresser le policier (en civil).
“Tu as abîmé ma caisse, je vais te crever”, lance le Nîmois de 20 ans. Son frère tente de le calmer, mais rien n’y fait. Le jeune asperge la victime de gaz lacrymogène, la situation dégénère et une bagarre éclate. Le fonctionnaire de police se retrouve à terre, puis l’agresseur sort son couteau. Alors l’agent s’empresse de récupérer son téléphone dans sa voiture pour appeler le 17, mais il se fait courser sur 50 mètres par le jeune qui veut en découdre, couteau à la main. Lorsque la victime réussit à contacter la police, le jeune fait demi-tour et repart en voiture. À 6h28, la police nîmoise retrouve la Twingo blanche et un agent braque son arme sur la portière avant, mais le véhicule ne s’arrête pas.
Quelques minutes plus tard, la patrouille rattrape la voiture blanche et une arrestation musclée des deux frères s’ensuit. La police assure que le duo s’est rebellé en se tapant la tête par terre, mais les prévenus prétendent, quant à eux, avoir été victimes de violences policières et d’insultes racistes. Dans le véhicule, huit bonbonnes de gaz hilarant, ballons, cagoules et gants sont retrouvés. Le plus âgé est poursuivi pour conduite malgré une suspension du permis de conduire, refus de se soumettre aux analyses d'alcoolémie et de stupéfiants et rébellion. Le plus jeune est mis en examen pour violence avec menace d’une arme, menace de mort réitérée, rébellion, refus d'obtempérer et de remettre son code secret de téléphone. La victime a reçu trois jours d’ITT.
Ce vendredi 25 avril, les deux frères ont comparu devant le tribunal correctionnel de Nîmes pour cette série de faits. Le prévenu de 20 ans s’exprime depuis le box : “Les faits que j’ai commis sont très graves. Cette personne n’a rien demandé et elle ne méritait absolument pas d’être agressée. Je souhaite sincèrement m’excuser. Je n’étais pas dans mon état, je prends rarement du protoxyde d’azote. Je viens de passer une nuit en prison, c’était horrible. J’étais avec deux quarantenaires, ils ne m’ont pas laissé manger, ni me doucher, ni même dormir. Je suis étudiant à l’université, je suis en licence de gestion puis je fais du football en National 3, la prison va me détruire.”
Les deux Nîmois ont chacun une mention à leur casier judiciaire. Le représentant du mystère public donne ses réquisitions : “Je demande deux ans de prison dont une partie assortie d’un sursis probatoire pour le plus âgé, et trois en de prison ferme avec un maintien en détention pour le plus jeune.” Maître Hamza plaide pour le prévenu de 24 ans : “Monsieur n’est pas quelqu’un de violent. Dès le début, il est allé à la rencontre de la victime et il calmait les choses. Il conteste la rébellion depuis le début. Nous avons presque tous les faits filmés, mais étrangement, la vidéosurveillance de l’arrestation n’a pas été exploitée. Je demande la relaxe pour la rébellion.”
Maître Hamchouch assure la défense du cadet : “Les faits sont extrêmement graves, et mon client assume. Mais il n'est quasiment pas connu des services de police. Il va à l’université, on ne va pas l'empêcher de continuer ses études. Il joue en Ligue National. Je vous demande de le condamner et d’adapter cette peine à sa personnalité et de le placer sous DDSE.” Le tribunal s’est montré réceptif à la plaidoirie des avocates. Le prévenu de 20 ans est condamné à 18 mois de prison, dont six mois assortis d’un sursis probatoire, et les 12 mois seront aménagés par une détention à domicile sous surveillance électronique, avec une obligation de soins, de travail et d’indemniser les victimes. L'aîné a écopé de 12 mois de sursis. Le véhicule est confisqué.