GARD Chauffard tué par arme à feu : une gendarme renvoyée en correctionnelle
La chambre de l’instruction de Nîmes rend ce mercredi 17 mars un délibéré attendu concernant la mort d’un homme au péage d’autoroute de Gallargues en août 2018. Ce chauffard est mort suite à un tir par arme à feu déclenché par une gendarme.
Le juge d’instruction souhaitait que la militaire impliquée dans le tir mortel soit jugée devant le tribunal correctionnel. Une décision que contestaient les avocats de la victime. Eux souhaitent que les faits soient requalifiés pour que la militaire soit renvoyée devant la cour d’assises. La cour d’appel a tranché hier et elle a validé le travail du juge d’instruction. Un procès correctionnel attend donc cette gendarme.
Retour sur les faits. Le 30 août 2018, un conducteur multiplie les délits routiers, cause un accident, s’enfuit. Il outrage les fonctionnaires de la police municipale au Grau-du-Roi. Ces derniers sollicitent les gendarmes. L’alerte est donnée dans un contexte terroriste dans toutes les mémoires à ce moment-là. Mais rien ne pourra stopper dans sa course folle la Toyota blanche. Car, quelques minutes après la succession d’infractions routières, le drame va survenir au péage autoroutier de Gallargues-le-Montueux.
Un coup de feu part et provoque la mort du conducteur. Il est 19h26, quelques secondes auparavant les forces de l'ordre ont crié "stop gendarmerie". Les caméras de vidéosurveillance filment la scène... Sauf que les parties présentes à l’audience du 17 mars ne vont pas avoir la même version du séquençage précis du film et du moment où est survenu le drame.
« J’ai regardé en boucle la vidéo et il est impossible de dire que ce tir est involontaire. La gendarme au moment où elle tire ne court aucun danger et sa collègue qui est présente sur place non plus, affirme pour la famille de la victime, maître Geoffrey Piton. D’ailleurs pourquoi cette gendarme a désenclenché la sécurité de l’arme si elle voulait juste impressionner ? Je porte la parole d’une famille qui subit depuis 2 ans et demi un combat judiciaire dont elle a l’impression qu’il est perdu d’avance. » Maître Philippe Expert renchérit et accable : « Le parquet a tout fait pour sauver l’institution et éviter que la gendarmerie soit mise en cause ».
Le chauffard cumule les infractions et refuse de s’arrêter
Des plaidoiries qui déclenchent l’ire de l’avocat général. « On ne peut pas tordre le cou à la vérité même si elle vous dérange et affirmer dans un débat judiciaire autant de contre-vérités. Il y a un dossier, il y a des images qui ont été exploitées. La seule erreur, et je dis bien erreur, que commet cette gendarme, c’est de rentrer le bras dans l’habitacle lorsque la voiture est au péage. Elle se met elle-même en situation de ne plus être maître de l’action sur son arme lorsque le véhicule va redémarrer ».
Il enchaîne : « Et vos propos sont scandaleux de dire que le la justice a voulu couvrir la gendarmerie. La preuve, cette gendarme est renvoyée devant le tribunal correctionnel. Par contre, vous oubliez de parler du comportement du chauffard qui va cumuler un nombre incroyable d’infractions... Et vous voulez que nous parlions aussi de son casier judiciaire ? Mettons-nous un instant à la place d’un policier, d’un gendarme qui voit arriver un homme surexcité et incontrôlable ce jour-là au volant de son bolide."
Un conducteur alcoolisé, sous stupéfiants, et en délit de fuite
L’avocat général complète et défend vigoureusement le travail de l'Inspection générale de la gendarmerie nationale: « Il faut mettre dans le débat le comportement de ce conducteur. Il avait un gramme d’alcool dans le sang. Il était sous stupéfiants. Il a occasionné un accident puis il a commis un délit de fuite. Et à écouter les avocats il ne faudrait pas l’évoquer. Moi, avec ma famille, je n’aurais pas voulu rencontrer cet homme sur la route. »
Maître Cyril Caron, l’avocat de la gendarme mise en examen, pose lui calmement le dossier sur la table de la cour : « J’ai la conviction que le travail qui a été fait par le juge d’instruction, monsieur Chenevier, est remarquable. Il est faux de dire que l’on fait le procès de la victime mais oui son comportement, sa folie sur la route ce jour-là, son excitation, le fait qu’il ne s’arrête pas aux injonctions des forces de l’ordre, vont créer un climat de tension absolue et cela aussi cela fait partie de la procédure. C’est une réalité indéniable. »
Sans s’immiscer dans la procédure ou le débat judiciaire, le patron des gendarmes du Gard, contacté hier, ajoute : « Je me pose depuis ce soir-là d'août 2018, la question de savoir ce qui aurait pu se passer si cet homme avait franchi la barrière d’autoroute ? De plus, la gendarmerie n’a rien à cacher et n’a jamais rien caché », estime le colonel Laurent Haas.
La cour d’appel a confirmé la décision du juge d’instruction et a décidé comme le demandait le parquet général de Nîmes de renvoyer devant le tribunal correctionnel la militaire pour « homicide involontaire ». Un procès se tiendra donc dans quelques mois...