Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 10.09.2021 - boris-de-la-cruz - 3 min  - vu 11075 fois

GARD Le curé menaçait des enfants et adolescents pour se faire envoyer des photos dénudées

Le procureur vient de requérir un mandat de dépôt à l'audience correctionnelle.
(Photo d'illustration : Anthony Maurin)

Un curé était devant le tribunal correctionnel de Nîmes, ce vendredi 10 septembre dans l'après-midi, pour des infractions de corruptions de mineurs.

"Des enfants pleurent, supplient que vous ne diffusiez pas les photos d'eux nus et vous vous menacez de communiquer des photos. On est dans la prévention là ?", interroge le président Jérôme Reynes qui décortique toute la procédure avec des précisions qui font vaciller l'homme d'Église. "Par moment c'est du chantage, vous dites à des enfants de 11-12 ans que vous allez diffuser les photos en leur disant d'être gentil sinon... Il s'agit de menaces : un est en pleurs il se scarifie même. Vous n'avez pas l'impression de les détruire ?", poursuit le président Reynes.

Le curé, âgé d'une quarantaine d'années, qui a officié à Sommières, a été interpellé puis interrogé par les enquêteurs en 2017. Il a d'abord nié les faits avant d'avouer la matérialité des faits face aux preuves irréfutables déployées par les enquêteurs. En se faisant passer pour un jeune homme - Alexandre ou une jeune fille, Maïlys - il se faisait envoyer des photos des jeunes sur les réseaux sociaux. Le curé exigeait des photos dénudées avec le visage des enfants. "Je regrette et j'ai honte, je n'allais pas bien à ce moment-là, je n'ai pas pris conscience du mal que j'ai pu faire, je voulais faire de la prévention", répond le prévenu au président.

"Mais vous pensez vraiment faire de la prévention !", coupe le président du tribunal en lui rappelant qu'il demandait des choses très intimes aux enfants et adolescents... Notamment s'ils avaient eu des relations, des petits amis, sur l'éjaculation, sur la taille des sexes... "C'est de la prévention ça ?", reprend le juge. " Et puis vous vous êtes fait passer pour un journaliste d'investigation qui travaillait sur les dangers des réseaux sociaux pour les jeunes", et après comme un médecin en essayant d'avoir des confidences coquines de ses jeunes interlocuteurs.

"J'ai honte, j'y pense tous les jours du mal que j'ai pu faire. Je vis avec, je survis plutôt, ce n'est pas ma vocation de faire du mal. J'ai réalisé au moment de la garde à vue", précise le curé avant que les plaidoiries et réquisitions ne débutent.

"Vous n'avez pas dérapé, vous avez décidé d'aller à la rencontre de mineurs particulièrement jeunes et d'en faire des proies, comme un prédateur", estime le procureur Maurel. "Votre système de défense n'est pas bon, comment pouvez-vous venir devant une juridiction dire j'ai dérapé, on ne dérape pas lorsque l'on s'en prend à des enfants, vous les avez pris comme des choses", insiste le procureur de Nîmes, "un enfant vous dit je vais me suicider concernant les photos et vous ne réagissez pas". "je vais demander une peine de neutralisation, je vais demander que vous alliez en prison et que la peine soit exécuter immédiatement".  Le procureur ÉRIC Maurel souhaite une peine de 4 ans dont une année avec un sursis probatoire avec soins et obligation de travail, il assorti ses réquisitions à un mandat de dépôt à l"audience.

"Ce n'est pas un prévenu comme les autres, il n'a pas touché un enfant, il n'a jamais été condamné et vous réclamez un mandat de dépôt à l'audience pour des faits vieux de 5 ans avec un homme qui était inconnu jusqu'alors de la police. Quel autre prévenu aurait des réquisitions aussi haute personne, c'est parce qu'il s'agit d'un prêtre qu'il y a une justice d'exception", plaide Maître Jérôme Arnal en répondant au procureur de la république.

Boris De la Cruz

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