Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 14.01.2022 - boris-de-la-cruz - 3 min  - vu 7078 fois

GARD/VAUCLUSE Un tranquille père de famille frappé au couteau en bas de chez lui par les dealers

L'agresseur a été relaxé au tribunal d'Avignon. Cette semaine, il a écopé de 6 ans de prison et d'un mandat de dépôt à la Cour d'Appel de Nîmes.
Photo d'illustration DR

Justice. Ce jour-là c'était peut être le seul dans la rue à respecter les règles et c'est lui qui a été frappé, humilié sous les yeux de sa femme et de ses enfants, poignardé de trois coups de couteau. Cet homme était en trottinette, casque sur la tête, en train de rentrer chez lui dans un quartier sensible d'Avignon. Un homme, au mauvais endroit et au mauvais moment, qui dérange sans le savoir le trafic qu'il supporte, jour et nuit, en bas de chez-lui. Mais, pourquoi ce jour-là de 2021, la violence va s'abattre sur lui ?

Un homme avait été mis en cause et jugé en première instance à Avignon en septembre 2021. Le tribunal correctionnel avignonnais l'avait relaxé. Mais le parquet a fait appel. Le mis en cause, âgé de 31 ans, est donc à nouveau jugé cette semaine devant la cour d'appel correctionnelle de Nîmes. Face aux juges nîmois, le mis en cause n'apporte pas de réponse aux magistrats sur les circonstances des violences. Son argument : il était loin du Vaucluse le jour des faits. Entre deux agents de la pénitentiaire, il clame, hurle même son innocence : " J'ai les preuves, les photos, j'étais en vacances en Espagne avec ma femme et sa fille. Ce que je fais, je l'assume. Là, je suis en prison et je n'ai rien fait", estime-t-il.

L'avocat général se met à la place des victimes

Pourtant, il a été reconnu par des témoins, identifié et mis en cause. " Je me mets à la place de la victime. Ce père de famille qui rentre chez lui sur une trottinette et qui tombe sur des hommes en charge de la sécurité du point de deal. La victime est frappée, mise à terre, en sang devant sa famille. Son épouse, la peur au ventre, essaie de raisonner les agresseurs en suppliant et en disant qu'elle a des enfants", accable l'avocat général Pierre Couttenier. Et c'est la victime, cette famille qui vit l'enfer en bas de chez elle qui fait aujourd'hui profil bas, qui a peur des représailles, qui tremble en rentrant chez elle." L'avocat général n'a aucun doute sur la culpabilité de l'homme qui, face à lui, clame son innocence : "c'est honteux, ça devrait nous remuer cette scène en bas d'un immeuble, mais les victimes vont prendre sur elles et vont accepter les outrages car elles n'ont pas le choix et elles sont obligées de vivre là."  Le magistrat réclame une peine de 6 ans de prison avec un mandat de dépôt à l'audience.  "Il l'a dit lui même à l'audience à Avignon lorsque j'ai besoin d'argent je fais le guetteur. Il a déjà un sursis probatoire et il est interdit du Vaucluse au moment de l'agression. Mais, peu importe, il se moque des décisions de justice, des décisions rendues pour protéger les honnêtes gens ne servent à rien. Et, pour sa défense, il dit qu'il est en vacances en Espagne alors qu'il touche le RSA", poursuit l'avocat général qui souhaite également la révocation d'une précédente sanction dans une autre affaire. "Je suis heureux de ne pas avoir à fréquenter ce quartier, cette rue, ce bloc. Vous avez une personne grandement dangereuse dans le box", insiste le représentant du parquet général. Des réquisitions qui vont être entendues à la lettre, puisque le prévenu qui a des attaches dans le Gard, est condamné à 6 ans de prison avec un mandat de dépôt et la révocation de sa précédente sanction.

Son conseil avait plaidé l'absence de preuves matérielles, des arguments qui avaient fait mouche en première instance mais qui n'ont pas convaincu la cour d'appel de Nîmes qui a totalement inversé la décision.

Boris De la Cruz 

Boris De la Cruz

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