GÉNÉRAC Quatre ans après avoir demandé à son cochon de la mordre, il traite la gendarme de « bougnoule »
Les années passent et les idées nauséabondes de Jean-Marc n’ont manifestement pas évolué. Il y a quatre ans, l’accusé était déjà jugé à Nîmes pour outrage. Il était de retour ce mardi pour ce même chef d’accusation, mais aussi pour « provocation publique à la haine » et « apologie de crime ou délit ».
Le 21 novembre dernier, Jean-Marc avait encore picolé. Une habitude pour cet ouvrier agricole qui dit boire un litre de vin par jour. Mais ce soir-là, cet homme corpulent de 49 ans a le picrate plus mauvais qu’à l’accoutumée et dérape complètement quant il voit "un noir" à la télévision. Il se met alors à tout casser chez lui. Paniquée, sa compagne alerte les gendarmes qui interviennent rapidement car l’énergumène n’est pas un inconnu. Quatre ans plus tôt, lors d’une intervention dans des circonstances similaires, il avait ordonné à son cochon de mordre une militaire d’origine maghrébine et avait également fait un salut nazi aux gendarmes de Saint-Gilles (relire ici).
Seulement, ce 21 novembre, cette même gendarme est en service et intervient donc avec ses collègues au domicile de celui qui se présente comme "nationaliste". Elle ignore toutefois que depuis quatre ans Jean-Marc rumine sa condamnation et, dès qu’il entend sa voix, il lance : « Elle est là la sale bougnoule ? ». L’admirateur de Jean-Marie le Pen est aussitôt interpellé, son téléphone et le disque dur de son ordinateur sont saisis. Les enquêteurs découvrent sur son compte Facebook de nombreux propos racistes et antisémites. Même sa vaisselle est décorée d’insignes nazis !
"Monsieur a la panoplie du parfait raciste"
À l’audience, comme il l’avait déjà fait en 2016, Jean-Marc fait profil bas. Il regrette, s’excuse platement, explique que c’est de la faute de l’alcool et que les 45 jours de détention provisoire l’ont changé : « Je suis un provocateur. Il y avait beaucoup d’humour noir, mais je me suis rendu compte que c’était nul ce que j’ai écrit ». Une explication un peu faible pour l’avocat de la gendarme, Me Rémy Nougier : « On ne doit pas se contenter d’être indigné par un tel racisme. Il faut aller au-delà.[…] Ma cliente en a marre d’être agressée parce qu’elle est Maghrébine et parce qu’elle est gendarme », souligne-t-il avant de demander 3 000€ de préjudice moral. Me Saphia Foughar, qui intervient pour la Licra, est fataliste : « Il n’y a pas de soin pour les racistes et lui a toute la panoplie du parfait raciste ». La procureure, Estelle Meyer, se dit quant à elle « révulsée par cette haine de l’autre, cette haine si dévastatrice pour notre République ». Considérant que le discours de Jean-Marc est « totalement formaté » et que cet homme aux neuf condamnations est « un danger pour notre société » elle requiert 18 mois de prison.
« Je viens d’entendre trois réquisitoires d’une violence… Heureusement qu’on a supprimé la peine de mort », ironise Me Olivier Collion, l’avocat de Jean-Marc. Il reconnaît que les propos de son client sont « insupportables, odieux et dégoûtants », mais demande à ce que le tribunal ramène la peine à de plus justes proportions. Il sera en partie entendu puisque le prévenu écope de six mois de prison avec placement sous surveillance électronique. Il devra aussi verser 700€ à la gendarme au titre du préjudice moral et un euro symbolique à la Licra.
Tony Duret