Youssef* et Sofiane* travaillent sur deux points de deal nîmois différents. Ils se fréquentent grâce à un ami en commun. Youssef avait besoin d’un pistolet de calibre 6.36 mm alors Sofiane lui en vend un à 800 euros. L’acheteur ne donne pas la totalité de la somme, mais promet de vite la régler. Le 22 juin 2024, aux alentours de 14 heures, Sofiane appelle Youssef et lui demande de le rejoindre dans un Airbnb à Nîmes. À 16h43, il arrive à l'appartement pour rejoindre son ami. Les deux hommes commencent à boire et à consommer du protoxyde d’azote avec des ballons. 

"Après trois ballons, Sofiane m'a demandé de confirmer qu’un gars volait des stupéfiants au réseau du Mas de Mingue. J’ai répondu que je n’étais au courant de rien. Il a alors appelé le patron du réseau et me l’a passé au téléphone. Puis, j’ai voulu prévenir un ami, mais Sofiane ne voulait pas que je prenne mon téléphone. Et la bagarre a commencé”, explique Youssef aux enquêteurs. Cependant, la version de Sofiane est tout autre. "Je lui ai demandé de me donner les 300€ qu’il me devait. Il m’a tendu 50€ et je me suis énervé, car je sais qu’il se fait 300€ par jour grâce aux stups. Et je lui ai donné une claque, mais ça n’a rien avoir avec le réseau”, explique Sofiane devant le tribunal de Nîmes ce lundi 12 août.

Une bagarre qui vire au drame

Les deux hommes se portent des coups puis se calment. Puis Sofiane va charger son téléphone dans la chambre. Quand il revient dans le salon, Youssef l’attend avec un couteau et tente de le planter. Il va le toucher au poignet et dans la nuque. Mais Sofiane, champion de la région PACA en boxe Thaï, tente de lui prendre le couteau et le frappe. “J’ai eu la peur de ma vie. Si je ne lui attrapais pas le couteau des mains, il allait me planter. Youssef est très dangereux, il séquestre les personnes et les attachent. Il est prêt à tout. Je ne comprends pas pourquoi je suis seul devant vous aujourd’hui. Pourquoi lui n’est pas poursuivi pour tentative de meurtre”, se défend Sofiane face au tribunal. Ce dernier réussit à prendre le couteau.

Les deux trafiquants de drogue continuent à se frapper avec les poings. Puis, Youssef tente de fuir et saute par la fenêtre. Le Nîmois perd connaissance sur le coup. Il se retrouve avec des dents cassées et des plaies ouvertes au niveau du visage et des mains. Le blessé a été directement amené au CHU de Nîmes, il reçoit 90 jours d’ITT. Et Sofiane a tenté de fuir, mais les forces de l’ordre l’ont arrêté à l’aéroport de Marignane (13). "Je n’ai jamais voulu le tuer. Quand j’ai récupéré le couteau, j'aurais pu le planter, mais ce n’était pas mon objectif. Je ne l’ai même pas utilisé, je me suis défendu. Puis, il a sauté seul, de son plein gré. Il était bourré et défoncé à cause du protoxyde d’azote. Je suis désolé, je ne voulais pas en arriver là”, affirme Sofiane.

Le procureur de la République donne ces réquisitions : "Le prévenu se fait passer pour la victime. Mais pourquoi n’a-t-il pas porté plainte pour tentative de meurtre alors ? C’est un véritable traquenard contre Youssef qui a été attiré dans cet appartement. Nous connaissons le contexte actuel avec les guerres des points de deal. Ce sont des violences directement liées au règlement de compte entre réseaux. Je demande quatre ans de prison avec mandat de dépôt à l’audience et l’interdiction de détenir une arme pendant 10 ans”. 

"Il avait l’intention d’en découdre avec mon client. Il a agi dans le cadre de la self défense”, plaide la défense pour le prévenu. Pour information, Youssef n'a pas souhaité porter plainte. Sofiane est condamné par le tribunal de Nîmes à trois ans de prison avec mandat de dépôt à l’audience et l’interdiction de détenir une arme pendant 10 ans.

*Les noms ont été modifiés