NÎMES La fausse avocate en prison
Lorsque Fabienne, 63 ans, s’avance à la barre du tribunal correctionnel de Nîmes, elle est accusée « d’abus de confiance » et « d’exercice illégal de la profession d’expert-comptable en récidive ». Le président d’audience, Jean Pierre Bandiera, évoque le casier judiciaire de la prévenue. On se rend compte que la sexagénaire a l’habitude de se faire passer pour ce qu’elle n’est pas...
Deux condamnations pour exercice illégal de la profession d’avocat. Dans le dossier du jour, elle a déclaré, faux CV à l'appui, son expertise dans "l'art" comptable auprès de dames. Les victimes lui ont donc remis en confiance près de 65 000 euros histoire de faire fructifier leurs économies. Sûre d’elle, la prévenue, coupe le président en affirmant : « Ah non, je n’ai pas réclamé d’argent, on m’a proposé les fonds. Et puis je n’ai jamais dit que j’étais expert-comptable, je faisais juste de la saisie comptable ce n’est pas pareil. »
Le magistrat conteste : « Mais vous avez signé le procès-verbal sur lequel il est indiqué que vous vous faisiez passer comme expert-comptable. »
La mise en cause répond du tac au tac : « Pas du tout, c’est le commissaire qui m’a interrogée qui a mal interprété ». Elle a fait appel du jugement la condamnant en janvier dernier à 2 ans de prison. Comme elle n’était pas à l’audience ce jour-là, elle a fait opposition... Elle était donc rejugée jeudi. « Les décisions de justice, elle s’en moque. Elle a 2 condamnations pour exercice illégal de la profession d’avocat, et elle continue à arnaquer sans regret et sans remord. On dirait presque qu’elle accuse les victimes de n’avoir pas compris », s’insurge Maître Louis Dolez, avocat de l’ordre des experts-comptables.
Le vice-procureur Arnaud Massip a réclamé la confirmation de la peine infligée en janvier. Des réquisitions entendues: la sexagénaire a écopé de deux années de prison et le remboursement de près de 65 000 euros auprès des victimes. Dans quelques jours, cette habitante de Vallabrègue devra intégrer la maison d’arrêt pour purger sa peine.
Boris De la Cruz