NÎMES Le lycéen « terroriste » de Nîmes reste en prison
Le papa avait dénoncé la radicalisation de son fils juste avant les attentats de Paris, en espérant trouver de l’aide. Depuis 3 mois le lycéen nîmois dort en prison. La chambre de l’instruction de Nîmes a confirmé ce jeudi matin la détention de ce garçon qui voulait sortir pour passer son bac.
C’est une famille dans l’incompréhension et la peine qui se présente mercredi devant la chambre de l’instruction de Nîmes. Les parents de Nahil* viennent soutenir leur fils qui demande sa libération alors qu’il est incarcéré depuis 8 janvier 2016. Il est écroué pour « apologie du terrorisme ». Les enquêteurs ont trouvé dans son ordinateur, sur une clef USB et sur son portable des contacts, des messages parlant du Djihad, de la Syrie et une photo de lui prise à la manière des combattants de Daech, drapeaux de l’organisation islamique en toile de fond... Une chanson était accompagnée d’un commentaire à la gloire d’Amedy Coulibaly, le meurtrier à Paris en janvier 2015 de l’épicerie casher. « Il a été interpellé dans un cadre particulier, puisqu’il était inscrit sur le fichier des personnes recherchées par la Direction Générale de la Sécurité Intérieure depuis août 2015, en fonction de sa radicalisation », développe le président Jean-Gabriel Filhouse.
Un père qui appelle au secours
« C’est moi qui ait dénoncé mon fils, parce que depuis l’été dernier, il a changé de comportement… Il s’enfermait dans sa chambre, il n’écoutait plus de musique et il m’a dit qu’il s’intéressait à la religion. J’ai dit fait attention avec la religion. Je voulais de l’aide. Nous avons appelé l’association Stop Djihadisme, puis je suis allé voir la police », explique posément le papa du mis en cause qui s’en veut d’avoir envoyé son gamin en prison alors qu’il pensait recevoir de l’aide pouvant le sortir de l’impasse dans laquelle il glissait depuis l’été dernier. « C’est un papa qui a appelé plusieurs fois au secours et en guise d’aide, son fils a été envoyé en prison », poursuit maître Rémy Nougier l’avocat du jeune homme qui doit passer son bac dans quelques semaines. D’ailleurs des amis de lycée sont venus le soutenir à l’audience, tous surpris de voir leur pote englué dans cette affaire d’apprentis terroristes. « Ne vous trompez pas de cible. Je comprends que l’on s’inquiète avec le drame de Charlie Hebdo et les attentats de Paris, mais ne mélangeons pas tout », poursuit le pénaliste nîmois et alors que l’avocat général s’oppose à une éventuelle libération à cause « des investigations en cours ».
"J'ai fait une grosse bêtise"
« J’ai fait une grosse bêtise, j’ai 18 ans. Je n’ai jamais voulu partir en Syrie, souligne le lycéen nîmois détenu depuis plus de trois mois. J’étais au lycée, je veux passer mon bac, je suis parti sur quelque chose que je n’ai pas maîtrisé, mais je vous assure je ne suis pas radicalisé, je ne suis pas islamiste, c’était de la provocation », complète le jeune homme. Des contacts et autres dialogues sur Facebook qui lui ont déjà coûté des mois de liberté. « Quelque part j’ai été moi aussi piégé, j’ai demandé de l’aide, j’ai dénoncé les agissements de mon fils et depuis il est en prison. En plus, je suis allé voir les policiers la veille des attentats de Paris. Le vendredi soir quand j’ai vu les images de Paris à la télévision j’ai compris qu’indirectement nous allions être pénalisés », complète le papa.
*Prénom modifié.
Boris De la Cruz