Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 02.05.2022 - pierre-havez - 2 min  - vu 1108 fois

VILLENEUVE-LES-AVIGNON Interpellé en plein « bad trip », le sans-papier écope d'un an de prison

(Photo d'illustration : Anthony Maurin)

Mohamadine, 47 ans, est condamné à un an ferme par le tribunal judiciaire de Nîmes, ce lundi 2 mai, pour être resté à Nîmes malgré plusieurs interdictions de territoire. Les policiers l’ont attrapé, jeudi 28 avril en fin d’après-midi, caché dans un jardin de Villeneuve-lès-Avignon, en vue de fuir à travers champs.

Mais un malaise l’empêche de semer les policiers. En garde à vue, le prévenu explique qu’il était en plein « bad trip » de cocaïne, mais dément toute tentative de cambriolage. Déjà condamné à plusieurs reprises, dont une peine de dix ans de prison pour un gros trafic d’héroïne dans les Bouches-du-Rhône, par la cour d’appel d’Aix en Provence, le quadragénaire était sous le coup de plusieurs interdictions définitives de territoire. « J’avais consommé ce jour-là, mais de ma vie, je n’ai jamais volé », jure-t-il toujours à la barre.

Veste et baskets

« Comment se fait-il qu’on a trouvé vos baskets et votre veste non loin de là, alors ?, pointe le président Olivier Sabin. Si on était mauvaise langue on pourrait penser que c’était calculé… » Veste de sport tricolore, cheveux dégarnis, le prévenu nie toujours vigoureusement. « Et pourquoi êtes-vous toujours en France alors que votre première interdiction date de 1998, soit depuis plus de 24 ans ? », insiste Olivier Sabin.

« C’est bon je vais repartir, mais la dernière fois, c’est la juge qui m’a relâché à cause du coronavirus… », se défend le Marocain. Le juge lui oppose que l’épidémie n’est pas aussi ancienne. « C’était la fois d’avant. Entre les deux je suis reparti au Maroc en 2016, puis je suis revenu, c’est vrai… », hausse-t-il des épaules.

« Je suis fatigué… »

« Le problème, c’est que votre casier continue en 2018, pour un recel de vol alors que vous dîtes n’avoir jamais rien volé…, pointe le juge. Puis en 2019, vous recommencez, en donnant encore une fausse identité. On a du mal à croire que vous voulez réellement rentrer au Maroc… » Le prévenu soupire lourdement. « Je suis fatigué de tout cela, murmure l’homme dans le box des détenus du tribunal. Tous les soirs je parle à mon futur bébé. On est prêt à partir vivre dans un autre pays. »

Réaction paranoïaque

La procureure requiert 12 mois d’emprisonnement contre Mohamadine, avec maintien en détention. « On ne vous reproche pas de vol, mais on peut s’interroger sur votre présence dans ces jardins, où seule l’arrivée d’un des propriétaires vous met finalement en fuite, résume Sophie Catasso. Vous donnez de fausses informations sur votre situation administrative, vous n’avez aucune volonté de repartir, et cet enfant que vous mettez en avant, vous ne l’avez même pas reconnu… »

Son avocate tente de préserver la liberté de son client. « Ce jour-là, il a fait une réaction paranoïaque et a tenté de fuir vers la forêt. Ce n’est pas un voleur : il laisse ses chaussures dans un jardin, et sa veste dans un autre : c’est le meilleur moyen de se faire attraper !, fait valoir son avocate Julie-Gaëlle Bruyère. Ensuite, lors de sa dernière incarcération, il a été relâché du centre de rétention administratif sans aucun laisser-papier, car le Maroc avait fermé ses frontières. Depuis, il n’a pas eu le temps de mettre en place les démarches de son départ… »

Pierre Havez

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