Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 21.11.2022 - Corentin Migoule - 4 min  - vu 11100 fois

FAIT DU JOUR Inaugurée en juin dernier, la gendarmerie de Génolhac déjà en vente

La nouvelle gendarmerie de Génolhac est située sur l'avenue Pierre-Olivier. (Photo Corentin Migoule)

La brigade territoriale autonome (BTA) de Génolhac est installée dans sa nouvelle caserne de gendarmerie depuis le 19 octobre 2020, inaugurée en grande pompe en juin dernier. Propriétaire des murs, la municipalité, endettée, vient déjà de la mettre en vente. Une démarche expliquée aux habitants ce vendredi soir dans une salle polyvalente archicomble.

Il aurait assurément préféré "ne jamais avoir à faire ça", mais Guy Chéron, maire de Génolhac, a fini par s'y résoudre. Moins de six mois après son inauguration en grande pompe en présence de la préfète du Gard (relire ici), la gendarmerie de la commune est déjà en vente. "Si on ne le fait pas, on ne pourra plus emprunter pour investir pendant 20 ans", prévient l'édile, qui a tenté d'expliquer la démarche à sa population ce vendredi soir.

Organisée en présence de l'équipe municipale dans la salle polyvalente, place du Colombier, la réunion publique a fait recette. Toutes les chaises ont trouvé preneurs, obligeant certains habitants à suivre les débats en restant debout, preuve de l'intérêt porté par les Génolhacois à ce dossier épineux.

La nouvelle gendarmerie de Génolhac est située sur l'avenue Pierre-Olivier. (Photo Corentin Migoule)

Pour rappel, la brigade territoriale autonome (BTA) de Génolhac qui couvre les besoins de neuf autres communes (Aujac, Bonnevaux, Chambon, Chamborigaud, Concoules, Malons-et-Elze, Ponteils-et-Brésis, Sénéchas et La Vernarède) est installée dans sa nouvelle caserne de gendarmerie depuis le 19 octobre 2020.

Un projet lancé par une précédente équipe municipale sur les fonds propres de la commune et avec peu de subventions qui a subi des surcoûts inattendus. Car si le coût du projet initial était estimé à 1,2 M€, des imprévus ont alourdi la facture pour un total final d’1,92 M€ et des subventions à hauteur de 26% par l’État et la gendarmerie nationale. Les caisses de cette commune rurale d'un peu plus de 800 âmes n'étaient déjà pas très remplies. Et la signature d'un prêt supplémentaire de l'ordre de 420 000 € n'a rien arrangé.

"Il est possible que l’État demande le remboursement partiel"

Si le premier magistrat de la commune a la certitude que "la gendarmerie ne réclamera pas les 200 000 euros" octroyés dans le cadre du financement du chantier, il n'en est rien pour la subvention de l'État au titre de la dotation d'équipement des territoires ruraux (DETR), soit près de 300 000 euros qu'il faudra peut-être rendre. "Il est possible que l’État demande le remboursement partiel", a indiqué le maire, qui tient ça d'une discussion avec le sous-préfet Jean Rampon.

Autant d'éléments portés en toute transparence à la connaissance de la population par Guy Chéron qui, ce vendredi soir, n'a rien éludé. "J'ai pris attache auprès de Grand Delta Habitat, un bailleur social basé à Avignon. Mais ils m'ont indiqué qu'ils n'étaient pas intéressés car on est trop loin", a-t-il mentionné. 

Génolhac
La salle polyvalente de Génolhac était comble ce vendredi soir. (Photo Corentin Migoule)

Selon nos informations, l'intérêt exprimé par le cabinet d’architecture Foncier Côté Sud serait lui, bien réel, dans l'attente de l’estimation de la Direction immobilière de l'État, ex-France domaine. "L'estimation sera officialisée d'ici à quinze jours", veut croire le maire, qui attend de voir comment se positionnent d'autres bailleurs sociaux sollicités tels que Logis cévenols, Un toit pour tous et Habitat du Gard. 

Après sa prise de parole introductive, Guy Chéron a laissé place aux questions de l'auditoire qui ont fusé. "Les bailleurs sociaux ont rarement des millions dans les poches. Quel est votre degré de confiance dans votre capacité à vendre ?", a interrogé Alain, un habitant. "L'opération serait rentable pour n'importe quel bailleur social qui aurait en plus la garantie de louer à l'État", a fait valoir l'édile génolhacois.

Guy Chéron
Comme souvent, Guy Chéron a fait preuve de transparence avec sa population ce vendredi soir. (Photo Corentin Migoule)

Sans formuler de question, un autre habitant a suggéré que "toutes les communes desservies par la gendarmerie mettent la main à la poche". Réponse de Guy Chéron au tac au tac : "Les maires des communes sont prêts à le faire, mais il y a un problème juridique qui date du projet initial. On n’aurait jamais dû initier le projet sur des fonds propres. C'est l’ancienne communauté de communes qui aurait dû porter le projet. Maintenant, c’est trop tard. On ne peut plus rien faire. On a fait une erreur !"

Certains ont aussi émis la possibilité d'actionner des leviers d'ordre immobilier, en invitant la mairie à vendre certains de ses biens, tels que Maisonneuve. "Ce qui nous arrive, c’est un cas d’école", a relevé un autre membre de l'assistance. "On n’est pas les seuls dans cette situation", a rétorqué le maire, brandissant l’exemple de Roquemaure. "Là-bas, en six moi, ils ont réussi à vendre leur gendarmerie !", assure-t-il, souhaitant vivement qu'il en soit de même pour sa commune.

Quoi qu'il en soit, la gendarmerie restera à Génolhac. L'acte de vente invitera en effet le nouvel acquéreur à respecter le bail locatif de neuf ans signé avec la gendarmerie nationale. Pour rappel, investie par cinq sous-officiers et un gendarme-adjoint volontaire, la BTA comprend un bâtiment administratif d’environ 250 m² et un bâtiment famille de 500 m² abritant cinq appartements. Taquin, sans se départir de son sourire malgré la situation, Guy Chéron a conclu la réunion publique par une pirouette dont il a le secret : "Avant que vous ne partiez, on va faire la quête en faisant tourner un chapeau." Quant à lui, il n'exclut pas la possibilité d'aller "vendre des Carambar à la sortie des écoles".

Le pont de Rastel toujours pas rebâti

Comme si ça ne suffisait pas, la mairie de Génolhac doit aussi se dépatouiller avec un autre dossier onéreux, celui de la reconstruction du pont de Rastel, emporté par une crue du Luech le 3 octobre 2021. "Initialement, on avait un devis à 350 000 euros, mais la DDTM est passée par là en disant qu'il fallait faire une voûte. Maintenant ça se chiffre à plus de 650 000 euros", s'exaspère Guy Chéron, pas épargné depuis son élection en 2020. Deux autres ponts communaux et plusieurs portions de voirie auraient aussi besoin d'une réfection.

Corentin Migoule

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