FAIT DU JOUR L’Église de Saint-Félix-de-Pallières n’est plus en odeur de sainteté !
Un drôle de Clochemerle se joue à Saint-Félix-de-Pallières entre la mairie et l’Église. D’un côté, une municipalité qui souhaiterait organiser des concerts pour sa population et, de l’autre, une Église qui fait tout pour l’en empêcher. Cocasse !
Quand Bruno Weitz a pris la place de maire de Saint-Félix-de-Pallières, laissée libre après la victoire de Michel Sala aux Législatives en juin 2022, il ne s’attendait probablement pas à un tel sacerdoce. Sa fonction requiert en effet d’être très présent, toujours à l’écoute et, surtout, très patient. Et ce envers tous ses administrés : même le curé du village, en réalité prêtre de la paroisse d'Anduze, rattachée à l'église romane de Saint-Félix-de-Pallières.
Autant le dire, l’homme qui occupe alors la charmante église romane de la commune est un original. « Un fou furieux », un « intégriste », le qualifie même Bruno Weitz. Le curé refuse que la commune donne des concerts dans son église, une pratique pourtant régulière avant son arrivée. Cinq à six évènements étaient alors organisés chaque année. Depuis, c’est niet ! Ces sympathiques moments, pourtant "très, très fréquentés", selon Joop Van Helmond, un conseiller municipal, sont jugés inappropriés par le curé, qui est désormais parti vers d’autres cieux. Il estimait que les élus qui osaient organiser ces concerts étaient des "mécréants" ! Notre homme d’église voulait aussi que les messes soient entièrement dites en latin. Une vision partagée semble-t-il par son bedeau, son second, cet employé laïque chargé de l'ordre pendant les offices et d'assister le clergé pendant les cérémonies. Les deux font la paire.
Mais un beau jour, le ciel soit loué, un miracle se produit. Le curé s’en va. La vie culturelle va enfin pouvoir reprendre son cours à Saint-Félix-de-Pallières. Du moins, c’est ce que tout le monde pensait… Car même si le successeur est plus enclin à organiser des chorales ou des concerts - sélectionnés avec précision néanmoins -, le bedeau, lui, est toujours là ! Et c’est lui qui détient les seules clés de cette église romane érigée au XIIe siècle. Surtout qu’avant de partir, en guise de cadeau d’adieu, l’ancien curé a installé un nouveau verrou sur la porte de l’église ! Une situation plus que problématique pour la commune qui devrait avoir un accès libre à l'église, notamment en cas de nécessité, comme des dégradations ou des incidents. "Il est important de souligner que c'est un édifice classé, un bâtiment historique, et toute altération est strictement prohibée", rappelle Joop Van Helmond.
"Je trouve cette situation aberrante."
Bruno Weitz, maire de Saint-Félix-de-Pallières
Face à cette situation insolite, Bruno Weitz a tenu une réunion avec les représentants des Bâtiments de France pour discuter essentiellement de l'accès à cette église et a proposé de remplacer la porte en question. Une décision de leur part est toujours en attente. Notons toutefois que depuis le départ du curé, les tensions se sont un peu apaisées, même si les deux camps ne semblent pas sur la même longueur d'onde. Les versions sont mêmes contradictoires. Joint par nos soins, le nouveau curé, le père Alexis Borie l'assure : depuis son arrivée il y a un an et demi déjà, il "demande à un paroissien d'ouvrir au moins tous les week-ends" et l'été, "le plus souvent possible". Toujours d'après l'écclésiastique, il aurait déjà célébré deux messes dans l'église de Saint-Félix-de-Pallières, mais le maire semble douter de cette affirmation. Enfin, concernant les concerts, le nouveau curé affirme qu'aucune demande d'événement de ce genre ne lui a été soumise depuis son arrivée... Peut-on remettre en cause la parole d'un homme d'Église ?
Les élus, eux, restent dans l'attente de plusieurs réponses. Ils attendent des clarifications concernant l'accès à leur édifice romain ainsi que la reconduction des concerts. Le maire conclut : « À partir du moment où on peut organiser des festivités classiques, des chorales ou tout ce qui est adapté au bâtiment, cela nous convient. À condition que l'on ne propose pas du Brassens ou du Ferré nous a dit le curé." Même du Brassens en latin ?