Publié il y a 10 mois - Mise à jour le 19.01.2024 - Propos recueillis par Louis Valat - 5 min  - vu 1108 fois

L'INTERVIEW Le député Michel Sala : "Si on règle les problèmes de l'accueil, on règle les problèmes de la société en France"

Michel Sala

Michel Sala, député de la cinquième circonscription du Gard.

- Photo Stéphanie Marin

Ce jeudi, Michel Sala, député de la 5e circonscription du Gard, prononçait ses voeux à La Storia, à Alès. L'occasion de l'interroger sur l'année écoulée, les combats qui vont être menés dans les communes rurales en 2024, mais aussi sur sa mobilisation active contre la loi immigration et sur le nouveau Gouvernement. 

Objectif Gard : Quel bilan tirez-vous de l’année écoulée ?

Michel Sala : Cette année fut terrible pour les Français, premièrement parce qu'il y a une situation de guerre qui est insupportable. Ce qu'il se passe en Palestine est quelque chose qui est atroce pour les Palestiniens et cela ne peut pas continuer comme ça. La situation est compliquée, mais là il faut absolument qu'on arrive à ce qu'il y ait deux États, et surtout un arrêt des bombardements sur Gaza. Plus 22 000 tués depuis le 7 octobre c'est inadmissible, c'est du nettoyage ethnique et ce n'est plus possible. Par ailleurs, toutes les questions sociales ne sont pas résolues, notamment celle des retraites. Nous avons perdu car ce Gouvernement s'arc-boute contre les travailleurs, les augmentations de salaires, l'augmentation des minima sociaux... 

Pourquoi avoir récemment qualifié la loi immigration de "Lepéniste" ?

C'est très simple. Tout ce que Le Pen voulait faire, Macron l'a fait dans cette loi immigration, Darmanin aussi. C'est-à-dire la remise en cause du droit du sol, la difficulté pour avoir des prestations, le durcissement de la régularisation des sans-papiers... Tout cela concourt à ce qu'en France il y ait de plus en plus de personnes dans l'illégalité. On fait l'inverse de ce que l'on devrait faire, alors qu'aujourd'hui l'essentiel serait de travailler sur le problème de l'accueil. Si on règle ce problème, on règle les problèmes de la société en France. 

Quels sont les futurs combats que vous porterez à l’Assemblée nationale, et sur le terrain, en 2024 ?

Il va y avoir le projet sur l'IVG qui va être intégré à la Constitution, peut-être pas dans les termes que nous voulions mais c'est en tout cas une grande avancée. C'est un peu grâce à La France Insoumise que ce débat aura lieu prochainement au Congrès de Versailles. La deuxième chose est une question importante en lien avec l'écologie, c'est le problème de l'agriculture. C'est quelque chose qu'il faut que l'on porte parce que nous avons besoin de milliers et de milliers de nouveaux jeunes agriculteurs. Mais pour cela il faut du foncier et des sous pour les mettre en place. La troisième chose c'est la ruralité. Et là, il faut aussi que l'on soit présent pour montrer qu'il y a des solutions et pas que le recours à la xénophobie du RN. Voilà les axes de batailles que l'on aura et bien sûr l'unité de la Gauche apparaît très importante. 

Il y a quatre jours, dans votre circonscription, des inscriptions antisémites ont été découvertes à Saint-Christol-lès-Alès...

Oui, comme à Quissac en décembre (relire en cliquant ici) ou au Vigan encore avant. C'est inadmissible, insupportable ! Ça aussi c'est une bataille que l'on doit mener en 2024. Elle est essentielle. On ne peut pas revenir à des idées comme celles-là et il faut être le plus ferme possible pour retrouver ceux qui font ces choses-là sur les murs. Il n'y a pas de place pour l'antisémitisme en France. D'autant plus que je pense que c'est dû à des groupuscules d'ultra-droite qui ne sont pas du territoire, qui viennent de Montpellier et qui viennent foutre le bordel dans nos villages. Je ne pense pas que cela provienne de nos communes. 

Michel Sala
Michel Sala avait pris la parole à Quissac le 8 décembre dernier pour condamner les tracts néo-nazis qui avaient été déposés dans les boîtes aux lettres des habitants de la commune. • Photo Louis Valat

Récemment, Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, est venue inaugurer, à son tour, la rénovation de la Bourse du travail d'Alès. Quel est l'importance de ce lieu pour les travailleurs alésiens ?

C'est essentiel. J'ai été syndicaliste, j'ai été permanent aussi de l'Union locale au niveau de Solidaires. Je sais en quoi c'est très important d'avoir des locaux propres pour que les travailleurs en difficulté, lorsqu'ils viennent à la permanence, puissent être reçus dans des bonnes conditions. Ils vivent des choses difficiles et il y a beaucoup de gens qui sont au chômage, qui doivent se défendre face à leur patron et c'est bien d'avoir une Bourse du travail propre, qui puisse accueillir tout le monde. Ce n'est pas le cas à Nîmes où les syndicats et notamment le mien, Solidaires, cherchent encore des locaux. C'est inadmissible que Fournier (maire de Nîmes, NDLR) ne trouve pas des locaux, si ce n'est de vouloir en piquer à la CGT, ce qui n'est pas du tout la solution. Et c'est ce que, je crois, a rappelé madame Binet (article à retrouver en cliquant ici).

La rénovation de la bourse du travail est une très bonne chose pour le syndicalisme à Alès. 

Michel Sala

Elle a notamment parlé de "victoire" pour cette rénovation obtenue, partagez-vous son sentiment ? 

Oui, c'est vrai et je ne peux que saluer, même si cela a été long et difficile, le résultat final sur lequel est allée la mairie, à savoir la rénovation de ce bâtiment. Et ça, c'est une très bonne chose pour le syndicalisme à Alès. 

Lors de votre cérémonie de vœux ce soir, vous avez pris soin d'inviter sur scène les différents représentants alésiens de la Gauche à prendre la parole. En quoi est-ce important à vos yeux, toujours en 2024, de montrer l'union de cette coalition ?

Nous sommes condamnés à être ensemble ! Et il faudra l'être en 2024 aussi. Moi ce que je souhaite, c'est qu'on le soit sur un programme tel que nous l'avons mis en place. C'est-à-dire un programme qui change la Gauche, qui n'est plus la même que celle d'il y a dix ou vingt ans. Aujourd'hui elle veut changer la vie, elle sait qu'il faut socialement faire des choses beaucoup plus radicales, elle sait qu'il faut aujourd'hui travailler sur la transition écologique parce que c'est urgent et qu'il est aussi indispensable de changer la démocratie en France. Tout cela, il faut que nous le portions ensemble. Nous sommes condamnés à le faire, ou sinon c'est le RN qui prendra le gouvernail. Les gens nous le demandent, nous sommes obligés. 

Il (Macron) sait très bien que c'est l'original qui gagnera, l'original c'est le RN sur ces questions-là, ce n'est pas Macron.

Michel Sala

Qu’avez-vous pensé de la conférence de presse d’Emmanuel Macron ce mardi ?

C'est un Gouvernement de droite qui sert à démolir Les Républicains. Les mots qu'il (Macron, NDLR) a prononcés sont assez insupportables : morale, ordre et sécurité. C'est quasiment les mots du Rassemblement national. Et il se permet de dire que c'est avec ces mots là qu'il va combattre le RN ? Pourtant, il sait très bien que c'est l'original qui gagnera. Et l'original sur ces questions-là, c'est le RN. Ce n'est pas Macron.

Et votre avis sur la nomination de Gabriel Attal comme Premier ministre ?

Gabriel Attal reste porte-parole de Macron : il ne change pas, il connaît le taff !

Vous, vos enfants, vous les mettiez dans le privé ou dans le public ?

Toujours dans le public, toujours ! C'est hyper important. On est en train d'abaisser le niveau de qualité de l'école publique parce qu'il n'y a pas assez de moyens. Il y a une chose très importante, je crois que c'est Alexis Corbière qui le rappelait dernièrement : quand on compare une école privée et une école publique, à égalité de chances, l'école publique est nettement plus performante que l'école privée. Elle atteint ses buts et ses objectifs bien plus rapidement que l'enseignement privé. Donc cela démontre bien que c'est un manque de moyens qu'il y a aujourd'hui pour l'école publique. 

Propos recueillis par Louis Valat

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