BAGNOLS/CÈZE La paroisse organise des rencontres mensuelles pour sortir les malvoyants de l’isolement
Trop souvent, au handicap s’ajoute la solitude. Alors la paroisse de Bagnols organise tous les mois depuis juin dernier des rencontres entre des personnes malvoyantes et non-voyantes aux caves Béthel, à côté de l’église Saint-Jean-Baptiste.
« Je suis malvoyant et seul, donc dès que je peux rompre la solitude, je le fais », lance Albert, venu pour la troisième fois ce jeudi après-midi. Premier arrivé, le retraité aime ces échanges avec d’autres personnes souffrant du même handicap que lui. On y parle de tout : la fête des lumières de Lyon, le covid, mais aussi des sujets plus locaux, comme les problèmes de mobilité pour les personnes en situation de handicap.
« Pour trouver un taxi à bagnols, c’est la croix et la bannière », souffle Albert. Florence, la benjamine du groupe, débarque avec sa canne, mais sans son chien-guide, Summer, qu’elle a dû rendre. La chienne était « trop distraite » et elle « trop tendre » selon la jeune non-voyante, qui attend désormais de recevoir un autre chien-guide. En attendant, elle a fait le trajet toute seule depuis chez elle, à quelques centaines de mètres de là.
La maladie revient dans les sujets de discussion : Florence évoquant son parcours, marqué par un diagnostic sans appel à l’âge de 3 ans. « Ça fait 9 ans que je ne vois que la lumière, et à 16 ans, on m’a dit que je n’allais plus rien voir du tout du jour au lendemain, je vis tous les jours comme ça, ce n’est pas évident. » Marthe, professeure de mathématiques à la retraite, ne « voi(t) que les silhouettes, les contrastes », comme Albert. « Et ça va en diminuant », rajoute-il.
Des handicaps lourds qui impactent fortement leurs vies. Alors ils s’échangent des tuyaux : une plateforme mettant à disposition gratuitement des livres audio lus par des bénévoles, une application mobile permettant de lire les journaux, courriers et étiquettes… Mais le plus important reste de « ne pas rester enfermé tout seul chez soi », souligne Florence.
C’est tout le but de ces rencontres mensuelles, organisées par deux bénévoles de la paroisse, Béatrice De Sérésin et Maïthé Vire. « Au départ on avait prévu de leur faire des lectures et de leur proposer des jeux, mais comme il n’y a rien d’autre pour les malvoyants à Bagnols, on fait à leur demande, et ils discutent entre eux », explique Maïthé Vire. Si bien qu’en quatre séances, les boîtes de jeux n’ont toujours pas été ouvertes, pas plus que les livres.