Publié il y a 1 an - Mise à jour le 30.11.2022 - Thierry Allard - 3 min  - vu 739 fois

FAIT DU JOUR « J’ai pu reprendre ma vie en main » : dans le Gard rhodanien, des chantiers très utiles

Les différents protagonistes du chantier d'utilité sociale de Tresques, ce mardi

- Photo : Thierry Allard

Depuis sa création il y a dix ans, l’Agglomération du Gard rhodanien fait appel à des chantiers d’utilité sociale. Un dispositif qui a fait ses preuves, avec une mentalité « gagnant-gagnant ».

Chaque année, l’Agglo met 177 000 euros sur les chantiers d’utilité sociale, « mais ça ne suffit pas pour dire l’importance que revêtent pour nous ces politiques publiques », souligne son président, Jean-Christian Rey, ce mardi lors du « tour opérateur » organisé pour faire un zoom sur ces chantiers. Sur ce territoire de 44 communes pour la plupart rurales, ces chantiers, qui permettent à la fois de remettre le pied à l’étrier à des personnes éloignées de l’emploi, et à des communes de bénéficier de travaux de rénovation du patrimoine, des espaces verts mais aussi depuis trois ans de prestations de graphisme, à moindre prix, sont plébiscités.

Ainsi, en 2021, pas moins de cinquante interventions ont été réalisées par les équipes de l’association Passe Muraille, qui pilote les chantiers, et ses quelques 86 personnes passées sur les chantiers en Contrat à durée déterminée d’insertion. Un public souvent fragilisé, présentant pour 67 % d’entre eux un niveau de diplôme inférieur au CAP, et pour la même proportion étant au RSA.

« Ça m’a permis de retrouver de la motivation et du rythme »

Parmi eux, Anthony, 38 ans, sort de ce qu’il appelle « une longue période de RSA ». Sur les chantiers auxquels il a participé, à Carsan et Verfeuil, il a pu contribuer notamment à reconstruire des murailles. « Ça m’a permis de retrouver de la motivation et du rythme », dit-il. Aline, qui ne travaillait plus depuis cinq ans, hors petits boulots saisonniers, pour s’occuper de son enfant, a pu « réenclencher quelque chose de positif ». Quant à Det, 43 ans, sans activité professionnelle depuis cinq ans, il l’affirme, ces chantiers lui ont « donné l’opportunité de reprendre (sa) vie en main. »

Aline, qui a participé à des chantiers d'utilité sociale dans le Gard rhodanien, aux côtés du président de l'Agglo Jean-Christian Rey • Photo : Thierry Allard

Et l’idée de Passe Murailles est aussi de préparer l’après, avec un accompagnement individualisé et des formations proposées. Par exemple, Aline a profité du chantier pour passer son CACES, qui permet de conduire des engins de manutention. Det a quant à lui eu l’opportunité d’encadrer des jeunes, ce qui lui a plu « énormément. » Autant de pistes pour la suite, l’idée étant de « lever les freins vers l’emploi », rappelle Rémi Nicolas, vice-président délégué à l’Insertion professionnelle et à l’accès à l’emploi au Conseil départemental, qui met 9 millions d’euros par an sur l’insertion. Avec de plus en plus un volet professionnalisation et qualification.

Le Département, chargé de verser le RSA, et qui compte désormais « accompagner au plus tôt les 4 000 personnes qui rentrent dans le dispositif RSA chaque année », précise l’élu, dans l’idée de ne pas les laisser décrocher. En attendant, la force publique en appelle au privé, et plus précisément « au monde de l’entrepreneuriat, pour qu’il s’empare de la question », rajoute Rémi Nicolas. Pour ça, « nous avons besoin de rendre visible ce travail collectif », note Sabrina Toussaint, de la Direction départementale de l’emploi, du travail et des solidarités du Gard, l’État finançant largement ces dispositifs.

Le chantier d'utilité sociale a permis de rénover les vestiaires du stade de Tresques • Photo : Thierry Allard

Un bon bilan

Car il faut dire que les résultats sont bons : « Au niveau du Gard, nous avons 55 % de sorties positives », note Sabrina Toussaint, avec des personnes qui trouvent soit un travail, soit une formation. Pour Passe Murailles, ce chiffre est de 47 % en 2021, « et il dépassera les 50 % en 2022 », avance la directrice de l’association, Nelly Viala. Pour faire encore mieux au global, les différents protagonistes travaillent à élargir l’offre d’insertion professionnelle. C’est dans ce cadre que l’État a conventionné avec l’entreprise d’insertion Le Logis du Soleil, à Pont-Saint-Esprit, qui fait dans le portage de repas à domicile et la table solidaire. Désormais, un projet autour du lavage de véhicules et de mécanique est en cours avec la plateforme mobilité à Bagnols.

En attendant, les communes prennent leur part par le truchement de l’Agglo, et financent les matériaux nécessaires aux chantiers. À Tresques, où on compte « 13 réalisations avec Passe Muraille depuis 2005 », compte le maire Alexandre Pissas, les deux derniers chantiers en date concernent les vestiaires du stade, entièrement rénovés, et un escalier de 25 mètres de long permettant de monter à la tour de guet. Ce mardi matin, les joints des pierres de Bourgogne recouvrant le coffrage de l’escalier n’étaient pas encore complètement secs, à l’issue de 35 jours intenses de chantier.

Les escaliers, presque finis, ont été entièrement refais par le chantier d'utilité sociale, à Tresques • Photo : Thierry Allard

En tout, en comptant les deux chantiers, le village a mis pour environ 20 000 euros de matériaux, mais ce n’est pas le plus important. « Au-delà de restaurer les pierres, c’est l’âme des gens qui en sort fortifiée », lance Alexandre Pissas, avant de remercier les différents protagonistes. Il n’est pas le seul, comme le précise Anthony, qui a participé aux chantiers de Carsan et Verfeuil : « En général, les riverains nous remercient de notre travail, c’est valorisant. »

Thierry Allard

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