Publié il y a 11 mois - Mise à jour le 06.12.2023 - Thierry Allard - 3 min  - vu 645 fois

MÉDIAS Touchée par un plan d’économies, la rédaction de Vaucluse Matin en grève

Le journaliste et élu FO chez Vaucluse Matin Alexandre Guey

- Photo : Thierry Allard

Alors qu’un plan d’économies a été annoncé par la direction du quotidien Vaucluse Matin, titre du Dauphiné libéré présent dans le Vaucluse et une partie du Gard rhodanien, sur le canton de Villeneuve et à Pont-Saint-Esprit notamment, un rassemblement était organisé par les journalistes grévistes ce mardi devant la mairie d’Avignon.

Des confrères grévistes qui représentent la quasi totalité de la rédaction du titre fondé en 1946, propriété du groupe Ebra/Crédit Mutuel, en grève depuis le 30 novembre contre un plan d’économies « qui touche particulièrement le Vaucluse », dénonce Alexandre Guey, journaliste et élu FO au sein du journal. Il faut dire qu’il est corsé, ce plan : « On passerait de 23 journalistes à 14, il n’y aurait plus de photographe, plus de journalistes de sport, plus d’assistantes, plus de pages sport départementales, et un repli sur le nord du Vaucluse, ç'en serait fini de Cavaillon, l’Isle-sur-la-Sorgue, Apt, et il y aurait un désengagement d’Avignon », développe le journaliste.

Ainsi, le siège de Vaucluse Matin, rue de la République à Avignon, fermera au 31 mars, le bail n’ayant pas été renouvelé. « La plupart des journalistes seront mis à Orange, les autres dans un espace de coworking », souffle Alexandre Guey, qui craint que « l’avenir du quotidien (soit) en danger. » Une pétition a été lancée par les grévistes, elle enregistre plus de 2 300 signataires ce mardi soir, parmi lesquels les principaux élus de Vaucluse, présents ce mardi : la maire d’Avignon Cécile Helle, la présidente du Conseil départemental Dominique Santoni, le président du Grand Avignon Joël Guin ou encore, hors politique, le directeur du Festival d’Avignon Tiago Rodrigues.

Dans une prise de parole commune, Dominique Santoni et Cécile Helle se sont dites « choquées » et « particulièrement inquiètes » de cette annonce, et sollicitent un rendez-vous avec le directeur général du Dauphiné libéré. Bénédicte Martin, élue régionale, rappellera que « Vaucluse Matin est un journal qui fait le lien entre les territoires ». Le président du Grand Avignon Joël Guin dénoncera quant à lui « une certaine forme de censure. »

La présidente du Conseil départemental de Vaucluse Dominique Santoni et la maire d'Avignon Cécile Helle ont pris la parole pour soutenir Vaucluse Matin • Photo : Thierry Allard

Le président du Comité départemental olympique et sportif de Vaucluse, Roland Davau, lancera qu’« à moins d’un an des JO et des Jeux paralympiques, il est inenvisageable pour nos 1 300 clubs sportifs du département de se priver d’un écho quotidien comme Vaucluse Matin », avec la fin des pages sports départementales. Le président de la CCI de Vaucluse Gilbert Marcelli tiendra le même discours mais pour le monde économique, puis le directeur du Festival d’Avignon Tiago Rodrigues sur le volet culturel, le journal créé en 1946 et le festival en 1947 ayant « fait un parcours ensemble pendant des décennies. » « Sans les journaux et donc Vaucluse Matin, beaucoup d’entre nous auraient périclité ou pas existé », saluera ensuite le fondateur du théâtre du Chêne noir, Gérard Gélas.

Le directeur du Festival d'Avignon Tiago Rodrigues a apporté son soutien à Vaucluse Matin • Photo : Thierry Allard

Un lecteur du journal prendra ensuite la parole pour soutenir « un support essentiel qui fait connaître les actions des associations. » Alain Sanciaume, adjoint au maire de Villeneuve et président du Rugby club des Angles Gard Rhodanien, présent aussi ce mardi, dénonce quant à lui « une perte énorme pour les associations. »

Ce plan d’économies inquiète également les correspondants, qui maillent le territoire et ses villages. « Notre travail dépend de la survie du journal, certains correspondants vivent de cette activité », affirme la correspondante de Vaucluse Matin à Villeneuve, Marcelle Dissac. « Certains font un travail de journaliste », reprend Jean-Dominique Rega, correspondant pour Avignon, quand Alain Arrivets, correspondant lui aussi sur Avignon, souffle : « On nous a dit et répété que la proximité était dans notre ADN… »

Sur place, les manifestants veulent croire que tout n’est pas perdu, puisque les négociations avec la direction doivent commencer le 14 décembre, avant le lancement du plan de départs volontaires, « qui peut durer des mois », avance Alexandre Guey. Alors la rédaction a voulu « marquer le coup avec une action forte d’entrée », reprend-il, pour tenter de changer le destin de Vaucluse Matin, « et continuer à proposer une information de qualité à nos lecteurs. »

Thierry Allard

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