PONT-SAINT-ESPRIT L’opposition tique sur le montant des travaux de l’Hôtel-Dieu
Pour cette première réunion du conseil municipal de Pont-Saint-Esprit de l’année 2024, on aurait pu croire, durant la majeure partie de la séance, que les élus avaient pris une bonne résolution : celle d’enterrer la hache de guerre, du moins publiquement.
En effet, aidés par un ordre du jour administratif et rébarbatif, rempli d’élections de nouveaux représentants dans diverses structures, queue de la comète passée en novembre avec les évictions de quatre adjoints, il n’y a longtemps pas eu les propos amers et parfois peu amènes devenus habituels à la confluence de l’Ardèche et du Rhône.
Il a fallu attendre la 15e délibération (sur 17) pour entendre des voix dissonantes, et plus particulièrement celle de Luc Schrive, passé désormais dans le camp des ex de la majorité. Des ex une fois encore bien plus pugnaces que l’opposition « officielle », du reste. Luc Schrive donc, qui, sur la délibération concernant les autorisations de programme et crédits de paiement, délibération qui permet, en gros, de payer des investissements avant que le budget prévisionnel de l’année entamée ait été voté, tiquera.
Ces « AP/CP », concernent l’escalier Saint-Pierre, pour lequel il était demandé d’augmenter la somme à payer en 2024 de 122 000 euros initialement prévus à 460 000 euros compte tenu de l’inflation, mais surtout l’îlot Hôtel-Dieu, pour un montant global de 5,6 millions d’euros dont 1 million pour 2024. « Peut-on savoir à quoi correspondent les tranches et leur coût afférent ? », demandera l’élu à la maire avec une idée derrière la tête : « ces coûts me semblent surévalués », lancera-t-il, les comparant avec ceux des travaux importants de l’entrée de ville, la D6086.
« C’est un problème, une surévaluation de 5 % sur 5 millions d’euros, ça fait 250 000 euros, soit deux ou trois City-stades », poursuivra Luc Schrive avant d’ajouter : « et après on comprend pourquoi on ne peut pas réaliser nos promesses de campagne. » « C’était un projet du mandat, lui rétorquera la maire Claire Lapeyronie. Sur ce projet, il y a la création d’un parking, de voiries, la fin de l’avenue du Général De Gaulle, la rue des Capucins, c’est la naissance d’un nouveau quartier, il y a du lourd. » Et la maire d’affirmer que l’estimation était juste, à l’image de celle de la nouvelle gendarmerie, objet de la délibération suivante, qui coûtera finalement 2,53 millions d’euros à la commune « alors que nous avions prévu 2,7 millions, notre estimation était fine et juste », glissera l’édile. La délibération sur les « AP/CP » sera adoptée avec les 7 voix contre de l’opposition, et les 8 abstentions des « bannis ».
« Bannis » qui se feront encore entendre après l’épuisement de l’ordre du jour, Luc Schrive prenant la parole pour se moquer, sans avoir l’air d’y toucher, d’un post publié sur Facebook par le directeur général des services de la commune, leur bête noire, « plein de fautes d’orthographe, la seule explication pour moi est un piratage. » Ce qui poserait un problème de sécurité informatique à la mairie, glissera-t-il avec ironie. Puis la plupart des huit élus se lèveront pendant que la maire concluait la séance, ce qu’elle a modérément apprécié. Pour la bonne résolution, on repassera, en ce demandant comment on avait pu y croire, même un instant.