FAIT DU SOIR Le troisième tour des municipales se joue encore au tribunal entre le maire de Vauvert et les élus du RN
Les élus RN Jean-Louis Meizonnet et Sandrine Rios ont fait l’objet d’une plainte déposée au tribunal correctionnel par l’avocat de Jean Denat, maître Chantal Gil-Fourrier, pour diffamation et injures publiques. Le maire de Vauvert a été débouté au mois d’octobre et les élus de l’opposition ont été relaxés mais Jean Denat a fait appel.
Jean Denat a fait signifier aux élus RN Jean-Louis Meizonnet et Sandrine Rios, son appel du jugement en civil par un huissier ce mois de janvier. Les deux collègues de l'opposition n'avaient pas fait de triomphalisme à l'annonce de leur relaxe au mois d'octobre 2022. Le tribunal a mis un terme à l'action pénale en expliquant que "les propos litigieux qui s'inscrivent dans l'intérêt visant une personne politique locale, dans un contexte d'opposition politique électorale autorisent une certaine dose d'exagération (...)". Les termes employés par Monsieur Meizonnet ont été jugés comme inscrits dans le cadre d'un débat politique et ne portant pas atteinte gratuitement à la dignité de Monsieur Denat.
« Tout ça pour une petite blessure narcissique »
C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. "Dans un souci d’apaisement pour la commune, nous n’avons fait aucun triomphalisme lors de notre relaxe au mois d’octobre. Monsieur Denat relance une procédure pour soigner une blessure narcissique et parce qu’il veut museler une opposition qui ne présente pourtant pas une posture particulièrement agressive", confie Jean-Louis Meizonnet, qui demande la fin des hostilités. "Vauvert n’est pas une commune riche, Monsieur Denat est obligé de courir après les subventions, ce qui est tout à son honneur. Il fait des économies de stylos dans les bureaux de la mairie et il continue de nous persécuter en engageant des frais qui seront payés par les Vauverdois. Tout ça pour deux mots malheureux qui ne sont pas particulièrement féroces surtout en période électorale, alors que lui nous a traités de chacals et a toujours dit qu’il allait éradiquer le RN à Vauvert", ajoute le leader de l'opposition.
Ça tourne en eau de boudin
C’est pendant les élections municipales de 2020 que cette histoire a commencé. Sandrine Rios a fait une demande à l‘urbanisme la même année afin de raccorder son mas à l’eau de la ville. Après presque deux ans, selon l’ancienne commerçante, toujours pas de signature de l’autorisation au raccordement du réseau des eaux. Elle est persuadée que Jean Denat a bloqué la demande faite par la SAUR. Excédés, les élus prennent leur plus belle plume, si l'on peut dire, et se lâchent sur les réseaux sociaux à l'attention du maire de Vauvert autour de quelque nom d'oiseau. « Le comportement de Monsieur Denat est celui d’un roitelet ou d’un petit dictateur », écrit Jean-Louis Meizonnet, tandis que Sandrine Rios parle d’"attitude d'abus de pouvoir et préjudiciable" sur Facebook en expliquant que le raccordement à l’eau de son logement était bloqué par Jean Denat uniquement parce qu’elle fait partie de l’opposition. Le maire de Vauvert demande alors puis obtient une protection fonctionnelle et engage un avocat qui assigne ses deux adversaires politiques en justice pour diffamation et injures publiques. C’est donc la commune qui lui apporte une assistance juridique et couvre les condamnations civiles qui pourraient être prononcées contre lui.
Sandrine Rios est à bout
Sandrine Rios, soutenue par quelques élus ainsi que des proches dont son mari Pierre Curati, est à bout. Elle estime subir un traitement inique à cause de sa position politique. Ainsi que Jean-Louis Meizonnet, l’ex commerçante a déjà déboursé 4 000€ de sa poche en frais d’avocats, et ce n’est pas fini, pour avoir écrit "attitude d'abus de pouvoir et préjudiciable" sur Facebook. « Quest-ce que j’ai fait pour me retrouver en correctionnelle avec des voyous ? Il dit qu’il est le maire de tous les Vauverdois et moi il ne me dit même pas bonjour lorsqu’il me croise. Depuis 21 ans j'aide financièrement des enfants en Afrique dans mon association et cette année ils n'auront rien, tout est parti en frais d'avocat », confie l’ex commerçante, déprimée. Les deux élus ont l'intention de demander réparation pour le préjudice moral subi en expliquant que la somme obtenue qui sera au delà des frais d'avocats sera reversée à des associations vauverdoises. Ce n'est pas demain que le mas de Sandrine Rios sera raccordé à l'eau de la ville. À suivre...
La réponse de Jean Denat
Jean Denat a fait savoir à Objectif Gard qu’il n’a pas l’habitude de commenter une décision de justice en cours. Qu’il a fait appel au civil puisque c’est une voie de recours classique dans un état de droit, de pouvoir contester une décision de justice et que c’est Jean-Louis Meizonnet qui a été le premier à avoir engagé une démarche juridique devant le tribunal administratif demandant l’annulation de la protection fonctionnelle pour laquelle il n’a pas obtenu gain de cause. " Les deux élus RN ne contestent pas qu’ils ont eu des propos déplacés. Je demande 1 euro symbolique pour moi et 6 000€ pour le remboursement des frais juridiques à l’endroit de la commune qui a engagé des frais."