FAIT DU JOUR Fatima Kani, son engagement pour l’inclusion
Fidèle depuis près de dix ans au club d’entreprises Face Gard, Fatima Kani déploie un combat quotidien pour promouvoir l'inclusion sur le marché du travail et combattre la discrimination. En tant que cheffe de projet éducation chez Face Gard, elle favorise les liens souvent éloignés entre les quartiers populaires et les entreprises, portée par un engagement et une volonté de faire résonner la voix des jeunes issus des quartiers.
Le club d'entreprises Face Gard a été fondé en 2009 avec pour mission de travailler sur les aspects sociaux et sociétaux des entreprises du département, en favorisant à la fois la cohésion sociale et l'intégration dans le monde professionnel. Parmi les sept membres de cette équipe, se distingue Fatima Kani, âgée de 34 ans. Issue d'une famille d'immigrés marocains, elle a grandi dans un quartier de Vauvert, entourée de quatre frères et sœurs. Malgré un environnement modeste, son ambition précoce de réussir et de rendre ses parents fiers, en particulier sa mère, l'a poussée à poursuivre des études ambitieuses après l'obtention de son baccalauréat. Au total, elle a consacré sept années à ses études, obtenant dans un premier temps un BTS Ventes et productions touristiques, puis une licence en Langue étrangère appliquée, et enfin un master en Négociation de projets internationaux. De quoi rendre fière sa mère.
Un engagement avant tout personnel
Souhaitant se diriger vers une carrière d'enseignante à la fin de ses études, avec pour passion ultime la transmission de connaissances, Fatima Kani saisit l'opportunité d'un service civique au sein de Face Gard. Cette expérience est une révélation pour elle. Initialement impliquée dans des initiatives liées à l'emploi, elle se tourne ensuite pleinement vers l'éducation et l'aide à l'insertion professionnelle. Son attachement pour ce domaine la conduit même à rester affiliée au sein de cette branche comme cheffe de projet, sans jamais l'abandonner. “Grandir dans un quartier, dans un milieu modeste, je l’ai vu comme une force. Cela m’a permis de prendre conscience de la valeur de l’école, de l’éducation, de l’interculturalité, de l’ouverture… Je suis convaincue qu'il n'y a rien de plus enrichissant que de permettre à quelqu'un ayant vécu une expérience similaire de témoigner auprès de ces jeunes. Ils se sentent compris."
En face d'elle se trouvent principalement des jeunes presque majeurs ou de jeunes adultes, confrontés à l'empreinte principalement négative associée aux quartiers, souvent pesante à porter. Ils font très souvent face à des conditions sociales difficiles, un manque de réseau professionnel et une vulnérabilité économique croissante. "Il est important que les entreprises agissent sur cette dimension sociétale. Auparavant, nous attribuions cela aux associations, mais en réalité, les entreprises ont un véritable rôle à jouer si elles veulent s'assurer d'avoir de bonnes candidatures."
L’atout “majeur” de Face Gard
Son engagement pour l'inclusion ne se résume pas à de simples discours. En qualité de cheffe de projet éducation chez Face Gard, Fatima Kani a mis en œuvre une série d'actions concrètes au cours des dix dernières années. Ces diverses initiatives ont pour objectif premier de rapprocher les jeunes des quartiers prioritaires du monde professionnel. Parmi ces actions figurent des découvertes métiers, où des entreprises interviennent directement dans les établissements scolaires en Réseau d'Éducation Prioritaire (REP). Ce type d'interaction permet aux jeunes d'avoir un aperçu concret des différentes carrières qui s'offrent à eux et de mieux comprendre les attentes du marché du travail. Dans cette perspective, Fatima Kani et Face Gard ont mis en place une initiative consistant en une bourse pour les stages de troisième. Cette démarche vise à mobiliser leur réseau afin d'offrir une assistance aux jeunes des quartiers prioritaires de la ville, et les aider ainsi à trouver des stages dans des entreprises.
Mais son action ne s'arrête pas là. Elle a initié localement des projets nationaux portés par la fondation Face, comme Wi-Filles, qui vise à encourager les filles à s'orienter vers les filières du numérique, un domaine souvent marqué par un déséquilibre de genre considérable. Ce programme permet alors aux jeunes filles de découvrir les opportunités offertes par les métiers du numérique et de développer leurs compétences dans ce domaine en plein essor. Un autre projet phare, Discovery, qui propose un parcours modulaire destiné aux élèves de 4ème et de 3ème. Ce parcours leur permet entre autres d'apprendre à construire leur projet professionnel en explorant différentes filières et en identifiant leurs centres d'intérêt et leurs compétences. En outre, Fatima Kani a mis en place une gamme étendue d'ateliers axés sur le développement de la confiance en soi, l’écriture de lettres de motivation ou encore l'acquisition des postures professionnelles appropriées.
Fatima Kani a tracé son chemin vers une "revanche sociale" en investissant plus de dix années de son existence au sein du club d'entreprises Face Gard. Alors que beaucoup auraient pu céder à la tentation de poursuivre d'autres voies professionnelles, elle poursuit son engagement. "Je persévérerai aussi longtemps qu'il le faudra", affirme-t-elle, voyant l’utilité de son travail qu’elle réalise quotidiennement avec passion. "Le jour où ma présence ne sera plus nécessaire sera un signe positif, cela signifiera que les inégalités se réduisent. Mais nous en sommes encore loin." Et pour cause, Face Gard, avec ses 156 entreprises partenaires et un accompagnement de plus de 2 200 élèves depuis sa création incarne une véritable force d’inclusion sociale et professionnelle sur le territoire.
Et dans un contexte où la quête effrénée de succès, de richesse ou encore de gratifications immédiates peut parfois prévaloir chez les jeunes, Fatima Kani encourage fermement ces futurs entrepreneurs ou salariés à privilégier la qualité, la persévérance, la patience et l'intégrité dans leur cheminement professionnel. Et qui mieux que Fatima Kani pour illustrer qu'avec engagement, passion et une solide maîtrise de son domaine, il est possible de surmonter de nombreux obstacles, même s'ils sont parfois liés à des facteurs tels que l'origine, la couleur de peau ou des difficultés financières. C’est en tout cas ce qu’elle prône à travers le territoire, de Nîmes à Alès en passant par Uzès et Bagnols-sur-Cèze.