FAIT DU JOUR Julien Plantier : « On doit construire Nîmes pour les vingt prochaines années »
Dans son bureau, au premier étage de la mairie, le premier adjoint de Jean-Paul Fournier a accepté le principe de la confession politique. D’où vient-il ? Quelles sont ses convictions ? Et comment envisage-t-il l’après-Fournier ? Entretien sans filtre.
Objectif Gard, le magazine : Les débuts de votre engagement politique ?
Julien Plantier : Je me suis engagé en 2002 quand Jean-Marie Le Pen est arrivé au second tour de la Présidentielle. Un véritable séisme. Trois ans plus tard, à mes 19 ans, je décide de prendre ma première carte au RPR qui deviendra ensuite l’UMP. D’abord et avant tout pour Nicolas Sarkozy. J’aimais son franc-parler, son langage direct. Je rencontre rapidement Jean-Paul Fournier par l’intermédiaire d’un ami. L’aventure politique était lancée. Non sans mal… Il a fallu mettre le pied dans la porte de la permanence. Peut-être en raison d’une méfiance de voir des nouveaux et surtout des jeunes. Je suis passé par toutes les étapes : tractage, militantisme, opération de collage. Je suis ensuite devenu délégué jeunes et je crois que j’ai tapé dans l’œil du maire qui m’a proposé de venir sur sa liste. En 2008, je rentre au conseil municipal en tant que benjamin. Et j’ai évolué grâce à lui et à mon travail pour finir par devenir adjoint aux Sports en 2014.
Des véritables convictions de Droite ?
Je crois au mérite, très clairement. C’est pour moi l’école de la vie. Il faut se donner l’ambition et la détermination pour parvenir à ses fins. Je crois à la justice, le fil conducteur de la vie en société. Je m’inscris enfin dans un état libéral. C’est-à-dire que les libertés doivent être assurées pour tous. Cela passe aussi par la liberté de vivre sereinement dans un État fort qui protège les biens et les personnes. Je suis moins sur la notion d’égalité mais davantage d’équité. Je suis, je le crois dans une approche de Droite sociale.
Votre place chez Les Républicains ?
Au niveau national, il y a eu une révolution politique. Des mouvements se sont opérés et, aujourd’hui, on voudrait nous faire rejouer le match entre un proche du président Emmanuel Macron et le Rassemblement national en 2027. Très peu pour moi. Dans ce schéma, le parti Les Républicains ne trouve plus sa place. Pourtant, la France est dans une situation critique. Des indicateurs m’interpellent : le niveau de pauvreté, la dette qui se creuse. Et nous avons notre part à Droite dans cet échec. La raison pour laquelle j’ai été déçu de Nicolas Sarkozy. Après sa défaite, nous n’avons pas fait d’inventaire. Aujourd’hui, nous n’avons plus le choix, il faut se réinventer. Quand tu fais moins de 5 % à la Présidentielle, comment il peut en être autrement ?
Votre relation avec Jean-Paul Fournier ?
Ce que j’aime chez lui, c’est son amour pour la ville de Nîmes. Son abnégation aussi. Je ressens une grande fierté à être à ses côtés. Même si je n’ai pas de rapport filial avec lui. Ce n’est pas mon père spirituel, je ne suis pas un héritier. Pour autant, je ne crains pas de dire que c’est le plus grand maire de Nîmes. En 20 ans, il a magnifié la Ville avec constance et toujours une vraie volonté d’agir… Aujourd’hui, même s’il a 78 ans, il fait le job et encourage les évolutions. Il a renouvelé à chaque fois sa liste, il a mis en place de nouvelles générations. C’est certain qu’il a une façon bien à lui d’incarner le pouvoir.
Quid de votre vie professionnelle ?
J’ai toujours mené de front mon engagement politique et ma vie professionnelle. Cela n’a jamais changé. Je continue à faire les deux. Je suis devenu avocat en 2019, au moment où j’ai eu mon premier enfant. Le plus important, c’est la vie professionnelle. La politique, ce n’est qu’un plus, c’est éphémère. Cependant, mes mandats politiques m’ont appris à connaître les rouages de l’administration locale, la capacité à travailler en équipe. Progressivement, j’ai acquis de l’expérience. Sans pour autant être un carriériste. Ce sont des convictions, des rencontres avec des hommes et des femmes qui ont défini mon parcours.
Votre caractère, votre personnalité ?
Je ne suis pas satisfait quand j’entends que je suis hautain, prétentieux. Je suis un être humain, je suis un homme. Marié, père de famille. Pour moi, ces qualificatifs ne sont pas la réalité. Si je peux paraître ainsi, c’est par réserve, pour protéger les miens. La politique est intrusive. Nos faits et gestes sont épiés, mal interprétés. Cette barrière qui peut se créer, j’y travaille. Je suis quelqu’un de convivial, de chaleureux dans mon cercle personnel. En public, je considère être dans l’action. Et à partir du moment où l’on me sollicite, mon devoir c’est d’apporter des réponses aux habitants.
La gestion du dossier Nîmes Olympique ?
Pour moi, la politique c’est du temps long. On peut faire des jugements d’appréciation sur des situations particulières. Nous sommes élus pour six ans, c’est comme cela que les mandats sont faits. Mais nous, on doit construire Nîmes pour les vingt prochaines années. Prenons le Nîmes Olympique, c’est un échec comme le HBCN il y a près de dix ans. Avons-nous une part de responsabilité ? On pourrait en parler pendant des heures. Je ne me suis jamais dérobé sur la gestion de ce dossier. En tant que Nîmois, en tant que supporteur, la situation du Nîmes Olympique ne me convient pas. La responsabilité est commune entre les différentes parties. C’est un échec collectif. Je mets quiconque au défi de me dire si les décisions prises il y a quelques années n’étaient pas les bonnes. Aujourd’hui, en revanche, continuer en fermant les yeux pour aller droit dans le mur, c’est non.
L’urbanisme à Nîmes ?
Aujourd’hui, Nîmes doit rester à taille humaine. Dans cette optique, l’urbanisme a toute sa place. Mais un urbanisme raisonné où l’on encadre davantage les choses. Je considère donc comme un honneur d’occuper cette délégation à l’Urbanisme. Et je mesure la responsabilité et la confiance du maire de Nîmes. On touche à la propriété et à l’intime des gens, aux questions de transition écologique, à l’éducation, etc. Je n’oublie pas que Jean-Paul Fournier occupait ce poste avant d’être maire.
Une réussite et un échec des mandats successifs de Jean-Paul Fournier ?
Il y a une unanimité pour dire qu’il y a un cadre de vie exceptionnel à Nîmes. Cette ville est belle. Et les évènements populaires comme la feria ou les concerts dans les arènes sont des atouts considérables. Ce qui ne marche pas, c’est la situation de nos quartiers, c’est probablement la limite du politique. C’est notre faiblesse. J’ai l’honnêteté de dire que l’on n’a pas tout bien fait. Et la rénovation urbaine ne répondra pas à tout.
La succession de Jean-Paul Fournier en 2026 ?
Ce serait irresponsable de notre part de ne pas préparer l’avenir. Moi, je ferai tout mon possible pour éviter que l’on porte atteinte à l’héritage de Jean-Paul Fournier. Je ne veux pas que l’extrême soit à la tête de cette ville. Je considère qu’il faut aussi laisser la place à une nouvelle génération. Et il est nécessaire de marcher sur nos deux jambes. Il faut de nouveaux projets structurants et réfléchir à la notion de proximité. Recréer du lien entre les administrés et les collectivités. Il faut sortir du cadre ancien où l’on donne la parole tous les six ans.
Le match avec Franck Proust ?
Moi, j’ai très bien entendu Jean-Paul Fournier : il souhaite créer les conditions de l’union de sa famille politique. Quand il dit à ses deux principaux élus, Franck Proust et moi-même, de trouver les conditions pour se mettre d’accord entre la Ville et l’Agglo, c’est un pas de géant. Je ne serai donc pas sur le terrain de la division, de la critique et de la désunion. Il faut avoir la lucidité de dire que si nous ne sommes pas ensemble, nous ne gagnerons pas. Le principal adversaire, c’est nous-même. La succession a déjà un caractère aléatoire. Ce scrutin sera difficile. Il faut donc avant tout penser au rassemblement, c’est indispensable. Franck Proust, je le connais depuis que j’ai démarré la politique, ce n’est pas un ennemi et ne le sera jamais. Mais quand on veut rassembler, faut aussi faire un certain nombre de concessions et de propositions. Cette union, s’il y a une volonté collective de la faire, il va falloir que l’on se parle.