FAIT DU JOUR La « Jacquerie » des agriculteurs gardois a débuté
Ce jeudi, a démarré dans le Gard, le mouvement de mobilisation des agriculteurs. Par centaines, ils se sont retrouvés à Nîmes pour installer un blocage sur l’autoroute A9. Environs 400 tracteurs et un millier d’agriculteurs sont en place avec le ferme intention de ne pas céder avant que leurs revendications soient prises en compte.
Ils sont venus des quatre coins du département pour manifester leur colère. Tôt, hier matin, ils s’étaient donnés rendez-vous à Aigues-Vives, Bagnols-sur-Cèze, Bellegarde, Générac, La Calmette, Montfrin, Quissac, Remoulins et Sommières. Tous n’avaient qu’un objectif : rejoindre la sortie d’autoroute Nîmes Ouest.
Les premiers ont débarqué vers 7h30. Une première troupe d’une cinquantaine de tracteurs est arrivée, mais elle ne donnait qu’une petite idée de l’ampleur de la mobilisation. Ce sont finalement pas moins de 400 véhicules et un millier d’agriculteurs qui ont rejoint le péage de Nîmes Ouest.
« On ne partira pas ! »
Les tracteurs ne sont pas venus à vide, la plupart avait des remorques ou des bennes. Des produits divers et variés ont servi à alimenter des feux. Une fois sur l’autoroute, les manifestants se sont positionnés dans les deux sens de circulation. « On ne partira pas ! Ce n’est pas une révolte, c’est une Jacquerie ! », expliquait David Sève. Le président de la FDSEA 30 fait allusion aux révoltes paysannes du Moyen Âge. Mais l’exaspération des agriculteurs est bien contemporaine et se matérialise également par des formules : « France, veux-tu encore de tes paysans ? », ou « Stop à la monarchie européenne », et « Tant qu’il a de la vigne, il y a de l’espoir », pouvait-on lire des pancartes.
Des ralentissements et des embouteillages
De fortes perturbations ont été constatées sur les réseaux secondaires en raison du mouvement des agriculteurs. Les automobilistes et chauffeurs routiers ayant choisi d'emprunter l'A9 en direction de Montpellier, au niveau de Remoulins par exemple, ont dû prendre leur mal en patience. À 8h30, il leur a fallu une quarantaine de minutes pour rejoindre le péage de Nîmes-Est où la sortie a été rendue obligatoire. Une dizaine de gendarmes se trouvaient sur place pour permettre de fluidifier le trafic, très encombré au niveau du rond-point, en toute sécurité.
Les agriculteurs demandent des aides à la trésorerie
Si parfois les agriculteurs manient l’humour, leur revendications sont sérieuses. « Nous souhaitons assainir le marché en limitant la production par l’arrachage et par l’élimination des excédents de volumes, indique l’intersyndicale. Nous voulons protéger nos jeunes, nos spécificités, notre marché local ». Les agriculteurs demandent aussi des aides à la trésorerie, dénoncent une concurrence étrangère déloyale, des normes environnementales européennes et françaises trop sévères, ainsi que des charges financières et administratives trop lourdes. Les manifestants sont sur l’autoroute et comptent bien y rester. Cette fois, ils n’iront pas en préfecture, car ils estiment ne pas y être écoutés.
"Gard aux chefs" et des automobilistes en soutien
La mobilisation est partie pour durer plusieurs jours et les premiers gestes de sympathie sont apparus. D’abord sous la forme de coups de klaxon des automobilistes puis, dans l’après-midi, des chefs de l’association Gard aux chefs sont venus à la rencontre des agriculteurs : « Nous sommes solidaires des agriculteurs car nous avons besoin d’eux, de leurs bons produits et qu’ils travaillent avec plaisir et sérénité. Les gens qui tiennent des stylos sont plus considérés que les gens qui produisent et nous font manger. C’est un vrai souci », témoignait Michel Kayser, le chef du restaurant Alexandre. La colère des agriculteurs, qu’elle soit une révolte ou une Jacquerie, enclenche un important mouvement de protestation qui ne fait que commencer.