Publié il y a 2 jours - Mise à jour le 29.12.2024 - © Gil Lorfèvre - 4 min  - vu 1580 fois

FAIT DU JOUR Olivier Bayle, le conteur de Camargue

Olivier Bayle : « Je ne fais pas un safari de bord de route. Mon parcours se fait essentiellement en pays, au milieu de la faune et la flore. »

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Passionné et passionnant, le fondateur de Camargue d’antan propose de découvrir à bord de son 4x4 la faune et la flore au cœur d’un territoire pétri de traditions.

Il suffit de mettre les pieds dans son Land Rover pour se sentir tout de suite dans l’ambiance. Un crochet de raseteur, un frontal de taureau, un bout de corne… nous sommes bien ici en terres de Camargue. Seulement, tous ces objets ne sont pas là pour faire joli mais pour raconter l’histoire de ce territoire et de ses traditions. « Je m’en sers pour expliquer aux clients, de façon concrète, la manière dont se pratique l’élevage, les conditions dans lesquelles vivent les taureaux et les chevaux, l’usage de certains accessoires... et les gens aiment ça ! » Il faut dire qu’Olivier Bayle est un enfant du pays. Originaire de Vauvert, il est connu comme le loup blanc. Sa gentillesse, sa gouaille et son humour en ont fait, au fil du temps, un personnage incontournable de la Petite Camargue, et de bien au-delà diront certains.

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Une nouvelle vie professionnelle

Pourtant, Olivier Bayle n’avait pas vraiment imaginé un jour devenir guide en Camargue, même si gamin, comme de nombreux enfants de ce territoire gardois nés dans les années 60, il n’avait de cesse de répéter à sa mère que plus tard il deviendrait gardian et vivrait au milieu des taureaux. Et son rêve, auquel il ne croyait plus depuis belle lurette, s’est en partie réalisé il y a trois ans. « J’avais passé plus de trente-cinq ans à la Saur, (Société d’aménagement urbain et rural spécialisée dans la gestion de l'eau, NDLR) avec le temps, je ne me retrouvais plus dans les relations humaines, mon boulot me pesait, je sentais que j’arrivais au bout de l’aventure. Alors j’ai décidé de passer le pas, de quitter l’entreprise et de commencer une nouvelle vie professionnelle. » Mais comme souvent dans ces cas-là, c’est plus facile à dire qu’à faire !

C’est le hasard d’une rencontre qui va conforter son idée, qui germait depuis des années, de devenir guide et de proposer aux touristes – mais aussi aux locaux ! – des safaris en 4x4 afin de découvrir la faune, la flore et bien entendu les traditions camarguaises. C’est ainsi que naquit La Camargue d’antan. « J’avais peur au début que le concept ne plaise pas, que je ne puisse pas m’en sortir financièrement… et puis surtout je ne savais pas si je serais à la hauteur du défi. » Mais les doutes disparurent aussi vite qu’apparurent les premiers clients. En quelques semaines, Olivier réussit à trouver ses marques. Fort de ses connaissances des traditions et du patrimoine local, il devient rapidement un incontournable conteur de Camargue. Sa faconde verbale et son empathie à l’égard des clients font le reste. « Il n’est pas question de prendre les gens pour des imbéciles. Je me dois de leur raconter l’authenticité de nos traditions, mais aussi les enjeux économiques et environnementaux liés à ce territoire à la fois sauvage et fragile. Et pour cela, je m’appuie sur des anecdotes et des histoires pas toujours connues du grand public. » Et le principe fonctionne plutôt bien si on en juge par les nombreux commentaires élogieux laissés par les clients sur son site internet. Ici, authenticité rime le plus souvent avec convivialité. « Suivant les demandes des clients je m’adapte, souligne Olivier Bayle. J’essaye de faire de chaque sortie un spectacle. Pour cela, je n’hésite pas à faire monter les enfants sur des chevaux, à m’arrêter au milieu des taureaux…Je veux que les gens repartent d’ici heureux avec des souvenirs plein la tête.»

Il n’est pas rare d’ailleurs que le guide gardois se lie d’amitié avec des touristes comme cela fut le cas l’année dernière avec des Québécois. « Après leur séjour dans la région et la demi-journée passée ensemble à découvrir la Camargue sauvage, nous sommes restés en contact. De retour au Québec, ils m’ont écrit et ils étaient tellement ravis de cette promenade et des échanges que nous avions eus qu’ils nous ont invité, mon épouse et moi, à venir chez eux. C’est ce que nous avons fait en janvier. Ils nous ont accueilli à bras ouverts et, bien entendu, ils nous ont rendu la pareille en nous faisant visiter leur région, mais pour le coup sous un mètre de neige ! », sourit le patron de Camargue d’antan dont l’entreprise a connu, cette année, une belle saison estivale. « Près de 90 % de ma clientèle est française, le reste se partage entre des Belges, très nombreux, des Brésiliens, des Américains ou encore des Italiens. »

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Troufy, l’ami de quarante ans

Outre sa verve et sa personnalité attachante, Olivier Bayle bénéfice également, lors de ses excursions, d’un atout de taille avec la possibilité qui lui est offerte par le propriétaire de la manade Martini, Bernard Fougairolles que tout le monde surnomme amicalement Troufy, d’arpenter à sa guise les 150 hectares privés qui composent son pays à Franquevaux. « Je dois beaucoup à Bernard, confie Olivier Bayle qui fut longtemps gardian amateur au sein de la manade. D’entrée, il m’a dit : tu es ici chez toi. Et ça, ça n’a pas de prix ! » C’est d’ailleurs du parking de la manade que débute le safari. Direction, tout d’abord, l’abbaye cistercienne de Franquevaux datant du XIIe siècle. S’en suit une petite halte à la guinguette du pont avec vue sur la roselière. « C’est l’occasion d’évoquer les animaux qui y vivent, la nidification des oiseaux et bien entendu la production de sagne. » Découverte ensuite de la Croix de Camargue « avec une présentation de Folco de Baroncelli », visite de la manade au plus près des taureaux et des chevaux en liberté, sans oublier l’observation des hérons et des flamants roses, l’animal totem d’Olivier. Le parcours long de 55 kilomètres dure en moyenne trois à quatre heures pour un coût par adulte de 55 €. « Aujourd’hui, je serai incapable de reprendre un travail de salarié, assure le quinquagénaire. Ma vie est là au milieu des taureaux et des chevaux à raconter des histoires, à rigoler et à apporter de la joie aux gens. Ce qui, à l’heure actuelle, n'est pas une mince affaire ! »

© Gil Lorfèvre

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