On le sait, la fédération des Vins IGP du Gard réfléchit depuis quelques années sur une manière de sortir de l’ornière. Les spiritueux, les vins, l’alcool de manière générale a des problèmes de vente, il faut alors trouver des marchés porteurs d’avenir pour que la culture de la vigne continue dans la région.

« La stratégie et la politique de notre fédération, c'est de continuer d’innover et de se battre car la consommation chute et les pertes d’exploitations sont importantes. Nous avons créé les Bullicieuses pour toucher un segment de vente qui semble encore croître » explique Denis Verdier, président de la fédération des vins gardois.

L’IGP Gard est bordée par la mer Méditerranée, les montagnes des Cévennes et le Rhône. Lieu de passage entre le couloir rhodanien et l’arc méditerranéen, lieu de rencontre entre le Languedoc et la Provence, le département du Gard sait profiter de ses nombreuses richesses culturelles. La vigne est indissociable des oliviers, de la culture taurine et des fêtes réputées comme les ferias par exemple.

L’IGP a souhaité de rendre disponible pour les festifs, pour les jeunes qui boivent encore, pour celles et ceux qui, en toute modération, prennent encore la vie par le bon bout ! Mais chut… Le Gard veut concurrencer le quasi-monopole d’une boisson très appréciée, le Spritz.

« Au-delà des Bullicieuses, nous avions lancé des cocktails et aujourd’hui nous nous associons à un groupe très important et basé dans le Gard, à Cruviers-Lascours » poursuit le président Verdier. Et ce groupe, qui a œuvré à la création d’un amer, un « bitter » 100 % gardois que l’on pourra mélanger à d’autres productions gardoises pour en faire des cocktails, c’est Grap’sud !

Tous ensemble pour le Gard

Les vins rouges sont caractérisés par une structure équilibrée et des tannins doux. Les vins rosés et blancs sont vinifiés afin de conserver fraîcheur et finesse aromatique. L’essentiel de la production est vendu jeune et présente des profils sensoriels et aromatiques très appréciés.

Pour le vice-président de la Chambre d’agriculture du Gard, Patrick Compan, « Notre vignoble a été refait et les produits tiennent la route, le vin est encore diabolisé mais on sent un certain attachement du public à nos vins gardois. L’idée est d’en profiter pour lancer ces nouveaux cocktails afin d’attirer les jeunes qui consomment. »

Et ici, les challenge, on les relève ! Le vignoble de l’IGP Gard fut le premier atteint par le tristement célèbre Phylloxera au XIXe siècle. Les vignerons ont dû réagir rapidement en réimplantant des vignes, notamment dans les sables des bords de mer. Fort de cette histoire, le Gard recense toujours de très nombreux pépiniéristes et accueille au Domaine de l’Espiguette la collection des clones de l’ensemble des cépages français mais nous reparlerons de tout cela très bientôt.

Le XXIe siècle pose de nouvelles problématiques auxquelles il faut répondre le plus rapidement possible. La solution ? Peut-être des nouveaux cocktails ! Créés avec des vins IGP Gardois en blancs, rosés et rouges, ces cocktails ont de quoi attirer œil et gosier. C’est « Cocktails By Nico » qui s’en charge.

Président des Jeunes agriculteurs du Gard, Romain Angelras l’assure, « Je suis très enthousiaste d’être ici car cette démarche colle à l’audace et à l’innovation des Jeunes agriculteurs. On doit tous se remettre en question pour continuer l’aménagement de notre territoire, pour valoriser nos vins et faire rayonner le Gard. Nous ne renions pas notre histoire et notre savoir-faire, nous diversifions la gamme, c’est une nouvelle porte d’entrée. »

Grap’Sud

Mais avec quel partenariat ? Société de personnes, l’entreprise coopérative Grap’Sud se distingue par la spécificité de sa gouvernance et par le développement durable qu’elle porte dans ses gènes. Ces caractéristiques dessinent un fonctionnement aux avantages multiples.

Le groupe coopératif Grap’Sud est géré collectivement par un conseil de surveillance et un directoire, composés de membres élus et responsables des choix qui engagent l’avenir du groupe. Porte-parole de ces instances, le président porte le projet collectif que le directeur a la charge de mettre en forme dans la gestion quotidienne de l’entreprise.

Pour Richard Banton, président du directoire de Grap'Sud « notre groupe dépollue les vignobles de l’arc méditerranéen. Quand Denis Verdier m’a parlé de ce projet j’ai immédiatement pensé au créneau du Spritz car les Italiens ont le monopole. Il nous fallait développer un bitter issu des produits des vignerons gardois, un amer qui soit dans l’univers local de la garrigue et qui puisse avoir beaucoup de saveurs alors il y a du pissenlit, du sureau, du thym, du romarin, de la mandarine… Nous avons mis notre savoir-faire à ce service et maintenant le Gard a tous les outils pour prendre des parts de marché. C’est meilleur, c’est fait à 100 % ici et avec des produits d’ici et ça fait moins mal à la tête ! »

Les adhérents ont pour opportunité d’apporter leurs marcs de raisins, leurs lies de vin, voire leurs vins à leur distillerie, qui, en retour, a obligation d’assurer un service de qualité quant au traitement de ces produits.

Tourné vers ses marchés et les attentes de ses clients, le groupe Grap’Sud organise la collecte, la transformation et le conditionnement des produits pour en optimiser la valorisation et en faciliter la commercialisation. Les gains de productivité ainsi obtenus permettent à notre groupe d’être très compétitif face à la concurrence internationale.

Ce lien unique entre les producteurs et leur entreprise coopérative rassure sur l’origine et la traçabilité de nos productions.

« La solidarité est une valeur forte de notre coopérative. Solidarité entre les membres qui se partagent les fruits de l’activité de l’entreprise, mais qui en assument aussi collectivement les risques. Solidarité également entre les générations qui se succèdent auprès du groupe. Les réserves collectives sont impartageables et chaque génération capitalise ainsi pour la suivante. »

By Nico !

Avec ses 14 années d'expérience dans la création de cocktails aussi bien en Amérique latine qu’en France, By Nico propose un service de cocktails haut de gamme. C’est encore lui qui se lance dans la confection de ces trois nouveautés.

Créations originales sur-mesure, c’est bien son expérience que la fédé des vins IGP du Gard est venue chercher. Vous connaissiez déjà deux de ses créations, le « Sweet gardois », un cocktail rafraîchissant à base de pétillant brut, de clémentine, de miel et de romarin mais aussi le Martinîmois, un mélange audacieux de rosé pétillant, de Kina Karo blanc, de citron vert et de jus d'olive verte ! À boire avec une bonne quille gardoise comme par exemple des Bullicieuses !

« Il y a environ 40 caves qui sont porteuses des Bullicieuses dans le département et nous venons de finaliser le cahier des charges. Un nouveau site internet est aussi d’actualité et nous allons multiplier les actions de promotion » brosse Éléonore Anger, chargée Mission Œnotourisme & Com' pour la Fédération Gardoise Vins IGP.

Conquérir des marchés parfois avec nos propres produits locaux, ça fait rêver ! Il n’y a pourtant rien de plus logique mais dans notre monde, c’est une prouesse quand on y parvient. Débloquer les problématiques et plaire sur le long terme pas facile. Alors il faut savoir être glamour et le cocktail a ce côté que les vins du Gard n’avaient peut-être pas.

Quand chacun tire dans la même direction, c’est tout le monde qui va marquer un but.

Qualitatif, local, savoureux

Aujourd’hui, après plus de six mois de travail sur ce bitter qui est bien plus aromatique et profond que l’Apérol pour ne pas le citer, il est temps de goûter.

« L’univers de la garrigue est bien présent mais pour la couleur nous avons préféré rester dans les couleurs habituelles pour ne pas déstabiliser les clients » assure Richard Banton.

C’est donc Nico qui se charge de la finalité, les trois cocktails. Le premier, avec un blanc 100 % viognier en IGP Cévennes, se réalise avec du jus de citron et du jus de melon frais. Le deuxième, sur un rosé qui vient de RoccaMaura et qui est composé de Grenache et Caladoc avec de la liqueur de fleur de sureau et du jus de fraise maison. Enfin, le dernier, le remplaçant du Spritz pour l’été dans le Gard se fera avec notre nouveau bitter, des bulles sur un chardonnay de Bourdic (Libébulle) et de l’eau gazeuse, libre à vous si vous voulez y mettre du Perrier. C'est le Bulli'Spritz !

Trois cocktails pour autant de goûts différents, une belle réussite à venir, en tout cas une belle idée qui prend forme et ça, ça fait avancer les choses !