Si la pomme peut être considérée comme le fruit défendu, pour l’église de Bezouce elle symbolise le renouveau. Tout commence, il y a quelques années, quand un enfant déguste une pomme à proximité de l’édifice religieux. Le jeune, indélicat, décide de se débarrasser du trognon en le lançant en direction de l'église. Mais le jet est tellement puissant qu’il atterrit sur un vitrail qu’il traverse. Voilà une bêtise d’enfant qui coûte chère. L’église Saint-André n’est alors plus protégée des affres du climat. Le froid et l’humidité pénètrent dans ce lieu dont la partie la plus ancienne date du XIe siècle.

Cela endommageait les peintures et l’enduit à l’intérieur de l’église.

Steven Megard (Ville de Bezouce)

« C’est un mal pour un bien, car sans cela, on ne se serait pas penché sur la situation aussi rapidement », explique Steven Megard. L’adjoint (en charge des festivités, de la vie associative et culturelle) à la ville de Bezouce constate le mauvais état des vitraux de l’église romano-ogivale : « Il y avait l’usure du temps, ils datent du XIXe siècle. Le sertissage et le plomb se sont dilatés et écartés. Les vitraux n’étaient plus perméables, ni à l’eau, ni à l’air. Cela endommageait les peintures et l’enduit à l’intérieur de l’église. Il manquait même des morceaux qui avaient été colmatés, dans le passé, avec du silicone et des plaques de plexiglass ».

Cela signifie monter un échafaudage, enlever la pièce, couper les verres, les teindre, les cuire, parfois à trois reprises.

Florence Laugier (créatrice et restauratrice de vitraux)

Pour sauver son patrimoine, la municipalité cherche une entreprise compétente. « Il y en a peu dans le Gard. Il fallait ressentir de la confiance, car cela touche un monument patrimonial et nous voulions faire travailler quelqu’un de notre département », se souvient Steven Megard. En 2021, la ville de Bezouce choisit Florence Laugier. La créatrice et restauratrice, basée à Portes, a  la charge de rénover les vitraux bezouçois. Les travaux se divisent en trois phases (2021, 2023 et 2024) qui viennent de se terminer. « Pour certains vitraux, il fallait enlever des pièces. Cela signifie monter un échafaudage, enlever la pièce, couper les verres, les teindre, les cuire, parfois à trois reprises. Il faut quelque fois changer le réseau de plomb ».

Un enjeu patromonial 

La restauratrice s’est appliquée et son travail en trompe-l'œil permet d’avoir un résultat qui fait oublier les dégâts. C’est le dernier vitrail, celui qui vient d’être achevé, qui a demandé le plus de soins, car il a fallu le démonter entièrement. Pour la commune de Bezouce, l’enjeu est patrimonial : « C’est important de perdurer le patrimoine pour les générations à venir », abonde Steven Megard. Les vitraux de l’église de Bezouce sont désormais réhabilités et ils retrouvent la lumière. Le coût des travaux s’élève à 9 516€ et ils bénéficient d’un fond de concours de Nîmes métropole de 2 925€.

Aux petits soins pour l’église Saint-André, la municipalité pourrait, dans les années à venir, engager des travaux de drainage afin d'éviter les infiltrations d’eau. En attendant, le monument conserve une belle légende, celle d’un passage secret situé en-dessous de l’hôtel et qui n’a jamais été trouvé.