Publié il y a 1 an - Mise à jour le 21.02.2023 - Anthony Maurin - 4 min  - vu 788 fois

FAIT DU SOIR La Banque de France fait le bilan de la conjoncture économique pour l'Occitanie en 2022

Nathalie Ravet dirige la Banque de France à Nîmes (Photo Anthony Maurin).

Nathalie Ravet dirige la Banque de France à Nîmes (Photo Anthony Maurin).

La Banque de France, via sa traditionnelle enquête, fait un bilan de l'année 2022 et ouvre quelques perspectives pour les entreprises en 2023.

C’est un rendez-vous traditionnel. Quand la Banque de France fait le bilan 2022 grâce à son enquête, on en sait plus sur l’avenir que nous réserve le monde de demain. Cette enquête est faite en Occitanie auprès de 2 000 chefs d’entreprise pour un équivalent de 53 milliards d’euros ou plus de 220 000 salariés.

Banque de France (Photo Anthony Maurin)
La Banque de France à Nîmes (Photo Anthony Maurin)

L’activité régionale s'est montrée résiliente en 2022, tirée par le dynamisme des services marchands et, dans une moindre mesure, par l'industrie régionale qui a bénéficié de la montée en cadence de l'activité aéronautique. "Depuis 2020, nous constatons une succession de chocs. D’abord sanitaire avec la Covid, puis a été déclenchée la guerre Russe en Ukraine. Nous continuons à gérer ces effets au quotidien", explique Nathalie Ravet, directrice de la Banque de France dans le Gard.

Nathalie Ravet dirige la Banque de France à Nîmes (Photo Anthony Maurin).
Nathalie Ravet dirige la Banque de France à Nîmes (Photo Anthony Maurin).

"Les incertitudes sont prégnantes et les hausses des prix de l’énergie et de l’inflation depuis le début du conflit russe n’arrangent rien. La France, par rapport au reste de l’Europe avec des pays comme l’Allemagne ou l’Italie, limite les frais grâce à son bouclier tarifaire." En 2022, la croissance de l'activité industrielle (+8,4 %) a été principalement portée par la montée en cadence amorcée dans l'aéronautique (+14,4 %). Les industries agricoles et agroalimentaires, frappées par de fortes contraintes d'offre et une évolution de la demande vers les produits à bas prix, sont en retrait (+3 %) de cette tendance.

Selon plus de 30 % des chefs d’entreprises entendus, l’impact de ces conditions cumulées se fera sentir sur l’activité. Globalement, les conditions sont plus optimistes que prévu.

La Banque de France à Nîmes (Photo Anthony Maurin)
La Banque de France à Nîmes (Photo Anthony Maurin)

"Les effectifs régionaux ont progressé malgré les difficultés de recrutement. Les investissements, bien qu'en nette hausse, ont été limités par les difficultés d'approvisionnement. Les problèmes à venir se porteraient plus sur les marges que sur l’activité des entreprises. La trésorerie des sociétés est au plus bas depuis dix ans si l’on ne prend pas en compte la période Covid." Il en va de même pour les stocks qui n’ont jamais été aussi élevés en douze ans.

"Nous constatons aussi un repli des approvisionnements. Autre chose, une entreprise sur deux a des problèmes de recrutement et pourtant plus d’un million d’emplois ont été créés en 2022 en France. L’inflation a lourdement freiné l’investissement qui fut de 1,2 milliard d’euros. Heureusement, les chefs d’entreprises sont agiles et l'année 2023 sera meilleure !", explique Nathalie Ravet.

Nathalie Ravet (Photo Anthony Maurin).

Dans l'ensemble, les chefs d'entreprise prévoient en 2023 un léger ralentissement de la croissance, la poursuite des recrutements et une accélération des investissements. Globalement, les difficultés de recrutement se sont tassées sur l'année, mais insuffisamment pour répondre aux besoins, affichant une croissance modérée de +1,5 %.

Un ralentissement de la croissance est attendu en 2023, néanmoins l'activité resterait bien orientée (+7 %) et les chefs d'entreprise chercheront davantage à renforcer leurs équipes (+2,6 %). 61 % des entreprises ont pu augmenter leurs prix mais ont souvent dû réduire leur marge pour 55 % d’entre elles. Rassurez-vous, les marges restent très bonnes avec 34 % en 2021 et à prévoir 30,5 % en 2023. Jusqu’en 2025, les taux de marge devraient rester élevés.

La Banque de France à Nîmes (Photo Anthony Maurin).

Année de la résilience, 2022 est aussi celle de l’inflation. "La pente est ascendante depuis 2021 et s’est accentuée avec la guerre russe en Ukraine. Nous sommes à + 6,2 % en France quand l’Europe est en moyenne à 9,2 %. Nous devrions revenir à 2 % en 2024 ou 2025. La France a freiné l’inflation par l’augmentation des taux et il faut s’attendre à une nouvelle hausse cet été."

L’endettement net des entreprises est quant à lui en nette hausse. La faute aux trésoreries épuisées. La directrice de la Banque de France dans le Gard explique : "Ce sont les services marchands qui tirent l’activité par le haut dans la Région, encore plus dans le Gard où nous n’avons pas d’industrie aéronautique. Le BTP souffre mais sur toute l’Occitanie, l’Urssaf comptabilise 32 000 postes créés."

La Banque de France à Nîmes (Photo Anthony Maurin).

Le dynamisme des services marchands (+12, 4%) a clairement été tiré par la reprise d'activité dans l'hébergement (+39,1 %) pendant que la filière du transport (+9,1 %) rencontrait des difficultés liées à la crise énergétique et à la pénurie de chauffeurs.

"Le tourisme dans notre région est important ! En 2022, on a comptabilisé 220 millions de nuitées contre 209 millions en 2019… La clientèle française est dynamique et les étrangers viennent chez nous, mais pas forcément où on l’imagine." En effet, surprise, le littoral a moins séduit. C’est la campagne qui a tenté le touriste en Occitanie ! Le Parc naturel régional des Cévennes et le Cirque de Navacelles sont, tenez-vous bien, les deux sites touristiques les plus visités en 2022 en Occitanie !

Nathalie Ravet dirige la Banque de France à Nîmes (Photo Anthony Maurin).

Les salaires ont quant à eux augmenté de 3,8 % en 2022 et devraient l’être de 6,2 % en 2023. Cependant, les ménages subiront encore une baisse du pouvoir d’achat.

Les tendances seraient moins marquées en 2023. Les investissements, particulièrement dynamiques en 2021, se sont inscrits en légère baisse en 2022 (-2,3 %) avec de fortes disparités sectorielles et repartiraient en forte hausse en 2023 stimulés par la modernisation des flottes dans le secteur du transport.

La Banque de France à Nîmes (Photo Anthony Maurin).

Dans un contexte de tensions tant sur l'offre que sur la demande, l'activité du BTP s'est montrée résiliente (+1,8 %), mais la filière a consommé du carnet de commandes avec une baisse de rentabilité, a perdu des emplois (-1,6 %) et n’a pas investi sur 2022 (-22,5 %). La hausse des délais de paiement constatée a davantage tendu les trésoreries. En 2023, l'activité accélèrerait (+5,6 %) accompagnée d'une hausse des effectifs (+1,6 %).

"Dans un contexte complexe, on voit au fur et à mesure que les perspectives restent malgré tout bonnes. Pour l’agriculture, 2022 fut une année dure avec un climat compliqué et le prix des intrants qui a augmenté. L’effet Covid où les gens aimaient acheter bio ou local a disparu à cause de la hausse des prix. Les Gardois ont préféré acheter des produits issus de l’agriculture conventionnelle", conclut Nathalie Ravet. Les rentabilités du secteur sont préservées mais avec la hausse de l’énergie et une PAC contraignante, les choses pourraient se corser.

Anthony Maurin

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