FAIT DU SOIR L’insoutenable attente à Russan
Au deuxième jour des recherches pour retrouver les disparus de Dions, les secours ont inlassablement parcouru le Gardon et ses abords. Dans la matinée, un corps a été découvert mais pas les enfants. Les chances de les retrouver vivants s’amenuisent d’heure en heure.
Ce lundi, comme la veille, sapeurs-pompiers, membres de la sécurité civile et gendarmes ont œuvré pour retrouver les trois personnes disparues dans la nuit de samedi à dimanche en franchissant le pont submersible de Dions. Pour ce deuxième jour de recherches, les secours du Gard, épaulés par des renforts venus de l’Aude, de l’Hérault, du Vaucluse et des Pyrénées-Orientales, travaillent d'arrache-pied pour retrouver deux enfants (de 4 et 13 ans) et leur père, emportés samedi soir par le torrent du Gardon.
Avec la décrue, le champ d’action des secouristes est modifié et dans la matinée, un homme est retrouvé sans vie, dans le Gardon. Il est impossible d’affirmer s’il s’agit du père de famille, même s’il y a de fortes probabilités. Le hameau de Russan, qui est avec Aubarne, Vic et Campagnac, une des composantes de Sainte-Anastasie. Ce bout de territoire vit depuis 48h au rythme des secours. Ce lieu, habituellement paisible voit défiler des dizaines de véhicules de pompiers, de gendarmerie et des journalistes de tous les médias nationaux.
« Quelqu’un qui n’est pas du coin peut se laisser surprendre »
Dans les rues, les riverains sont choqués par le drame qui se joue à quelques mètres de là, dans le Gardon. « Je plains cette famille. Un des deux enfants a l’âge de mon petit-fils, ils étaient peut-être à l’école ensemble », relate Jocelyne, qui est comme tout le monde dans l’attente d’une improbable bonne nouvelle. De son côté, Bernard s’interroge sur la sécurité des ponts submersibles : « La solution serait de faire des vrais ponts, mais ça coûte cher. Ce n’est pas rare que le pont soit submergé, nous le savons, mais si quelqu’un n’est pas du coin, il peut se laisser surprendre ».
« À sept heure du soir, j’étais dans un bus qui est passé sur le pont submersible de Dions »
Le pont submersible de Dions, Jocelyne le connait très bien et quelques heures avant le drame, elle l’a même franchi : « Samedi, à sept heures du soir, j’étais dans un bus qui est passé sur le pont submersible de Dions et ce n’était pas fermé. Nous étions une cinquantaine à nous rendre à Arpaillargues et on s’est dit qu’il y aurait des barrières, mais non, le bus a pu passer. Comme il faisait nuit, nous ne voyons pas le niveau du Gardon ». Bernard repasse la soirée dans sa tête et il est formel : « Si j’étais passé en voiture dans la soirée, j’aurais fait demi-tour et je n’aurais pas franchi le pont ».
« Je me mets à la place des cette femme qui attend des nouvelles de ses enfants »
À Russan, on fait et on refait le film de cette nuit meurtrière. Mais on pense aussi et surtout à ceux qui sont dans la douleur : « En tant que mère, je me mets à la place des cette femme qui attend des nouvelles de ses enfants » confesse Lisa. La mère de famille habite juste devant le PC sécurité des secours et depuis dimanche matin, elle vit dans l’attente de nouvelles des disparus. « On veut savoir ce qu’il se passe. J’ai du mal à me mettre sur mon activité et je vais souvent sur les réseaux sociaux, pour m’informer. J’ai peur de ce que les secours vont retrouver. J’ai la télé allumée et ma terrasse donne sur le PC sécurité. On a envie de les aider et j’aimerais participer aux recherches », abonde Lisa.
Viendra peut-être le temps des polémiques et la sécurité sur les ponts submersibles sera au cœur des préoccupations, mais pour l’instant, Russan n’a qu’une idée en tête, retrouver les malheureux disparus du Gardon.