Publié il y a 10 mois - Mise à jour le 05.01.2024 - Corentin Corger - 4 min  - vu 822 fois

FAIT DU SOIR Rémy et Damien Pichard : rugbymen frangins

Rémy et Damien adorent se challenger sur et en dehors du terrain

- Yannick Pons

Seule fratrie à évoluer en équipe première au Rugby Club Nîmois, Rémy (26 ans) et Damien (24 ans) Pichard rêvent de titre avec leur club d’adoption. Les Bourguignons de naissance retracent leur parcours et leurs bêtises au sein d’une famille soudée et unie par le rugby. Cet article est issu du numéro 73 d'Objectif Gard le Magazine paru en mai 2023. 

« Tu es en télétravail et tu arrives en retard ! » Avant même de dire bonjour à son frère aîné, Damien chambre déjà Rémy qui s’installe à la table du Drop, le restaurant du Rugby Club Nîmois. L’adage « Qui aime bien, châtie bien ! » s’applique entre les deux frangins qui ont seulement deux ans d’écart. Et comme toute fratrie, leur enfance a été bercée par la « bagarre ». Pour jouer bien sûr, pas pour se faire mal même si de temps en temps ça pouvait dégénérer après un mauvais coup. La vingtaine passée, les deux frères continuent parfois de se chamailler. « Quelquefois faut le remettre dans le droit chemin », sourit Rémy en regardant son cadet.

Si maintenant c’est en faisant des mêlées que les Pichard s’amusent avant les entraînements, plus jeunes ils étaient passionnés de catch. Un show venu des États-Unis, diffusé dans les années 2010 le samedi soir sur la chaîne NT1, qui a marqué toute une époque. « On avait même fabriqué des ceintures en carton », raconte Rémy qui se prenait à l’époque pour The Undertaker, star de la WWE. De quoi rappeler quelques souvenirs d’un papa en colère dont les pas dans l’escalier en bois avaient échappé aux apprentis catcheurs qui utilisaient leur lit comme un ring.

Damien et rémy, ballons sous la main… • Collection privée famille Pichard

« On jouait avec une balle en papier enroulée de scotch »

« C’est lui qui nous a catché », rigole Damien se rappelant aussi des piles de matelas entassées au gymnase lorsqu’ils allaient voir leur sœur aînée, Céline, jouer au basket. Ils mettaient aussi leur imagination au service du rugby, leur véritable passion ancrée dans leur ADN. « Dans la maison, on jouait avec une balle en papier enroulée de scotch », se remémorent-ils avec des règles adaptées pour éviter de se faire mal sur le carrelage. Le plaisir simple de jouer qu’ils partagent vingt ans après sur le terrain de Kaufmann, sauf cette saison où Damien est blessé.

Tout a commencé à Digoin (Saône-et-Loire), où « il y a plus de vaches que d’habitants », plaisante Damien au sujet de ce village de 8 000 âmes. Ils grandissent en supportant leur papa Didier et leur oncle Éric, deuxième et troisième ligne, rugbymen pour le club de la commune. « Il nous manquait 20 centimètres et 30 kg », fait remarquer Damien pour expliquer que les deux frères jouent à l’arrière : demi de mêlée et ailier désormais pour le plus âgé. La passion de l’Ovalie est vive et ils rêvent de Top 14. Néanmoins, ils avouent en toute sincérité qu’ils ne sentaient pas prêts à quitter adolescent le cocon familial, « on était bien à la maison. »

« Il n’a jamais couru aussi vite de son aile »

Dans le sillage de sa sœur, venue dans le Gard par amour, Rémy est le premier à quitter la Bourgogne pour faire ses études à Montpellier où il en profitera aussi pour faire la fête. « Quand tu sors d’un petit village où le monde de la nuit est restreint et que tu arrives dans une ville comme ça à 18 ans, tu veux t’amuser. » C’est en contactant par hasard Philippe Poggetti, alors entraîneur des espoirs du Rugby Club Nîmois, qu’il signe pour la saison 2014/2015. « Comme je n’avais pas de voiture, il venait me récupérer à la gare », commente l’intéressé qui, après un an au Mexique, revient au RCN qui comptait encore sur lui. C’est à ce moment-là (saison 2017/2018) que le petit frère, après un passage à Nevers, décide de le rejoindre à Nîmes.

Pour la première fois, ils évoluent dans la même équipe et gagnent leur place en Fédérale 1. Et si le grand est exigeant avec le petit frère, n’hésitant pas à lever la voix quand il rate un geste, il est aussi le premier à intervenir lorsqu’une échauffourée le concerne. « Il n’a jamais couru aussi vite de son aile », se souvient Damien lorsqu’une fois un adversaire a commencé à le prendre par le col. Deux frangins qui n’ont pas un tempérament de bagarreur même si l’aîné a plus le sang chaud et garde toujours un œil sur le petit dernier quand les marrons sont de sortie. « Tu défends un club, des couleurs, il y a une identité. Ici, on dirait que les gens attendent ça », confie Rémy.

« Notre maman est toujours stressée quand elle vient nous voir »

Devenus Gardois d’adoption, ils aiment ce club et cette ville. À tel point que la famille Pichard au grand complet migre définitivement dans le Gard puisque les parents viennent d’aménager à Vauvert. Une famille soudée encore plus par le rugby. « Notre maman est toujours stressée quand elle vient nous voir. Elle est contente quand le match se termine et que l’on est encore entier », soulignent les fistons, têtes brûlées. Que ce soit sur le terrain ou en dehors, les Pichard sont attachés au Rugby Club Nîmois. Rémy est le graphiste du club et dans le cadre de son activité professionnelle, Damien a refait tout le mobilier du Drop.

« Sans nous, le club ne serait pas grand-chose », analyse ce dernier avec une pointe d’ironie. L’aîné, en revanche, n’a pas postulé pour devenir chauffeur après avoir garé le mini-bus en force dans un parking souterrain et abîmé tout le pavillon (toit d’un véhicule). Ce qui motive les frangins c'est de remporter un titre un jour mais surtout de s’épanouir encore longtemps au RCN. Et toujours ensemble ! 

Les frères Pichard se sont retrouvés sous le même maillot à Nîmes  • Rugby Club Nîmois

Bio express

Rémy Pichard Date de naissance : 29 juin 1996 (26 ans) Chargé de communication Sada Assurances / Graphiste au RCN Ailier Surnom : Pich’ Rituel : « J’aime bien la veille de match, boire le café chez ma sœur et voir mes nièces » Damien Pichard  Date de naissance : 22 juillet 1998 (24 ans) Travaille chez Richard Diffusion, fournisseur de mobilier Demi de mêlée Surnom : Pich’ Junior Rituel : « Je joue toujours avec le même caleçon, je me sens bien dedans »

Corentin Corger

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