Depuis deux ans, la Vallabrégante expatriée dans les Bouches-du-Rhône, à Saint-Pierre-de-Mézoargues, transforme la maison familiale en véritable antre du père Noël ouvert au public trois jours par semaine. Suivez le guide.

Guirlandes lumineuses, peluches, lutins et autres miniatures à l’effigie de Noël. Il y en a partout, dans chaque recoin. On y passerait toute la journée que certains détails nous échapperaient encore. Sophie Bort s’en amuse.

Elle-même a renoncé à compter le nombre de boules accrochées de-ci, de-là, dans la bâtisse située au 19 rue du Rhône, à Vallabrègues. Il s’agit de la maison familiale. Sophie y a vécu jusqu’à ses cinq ans, avant de passer de l’autre côté de la frontière qui sépare le Gard et les Bouches-du-Rhône, et poser ses valises à Saint-Pierre-de-Mézoargues. Aussi loin qu’elle se souvienne, les Noëls étaient joyeux, sans jamais être extravagants. « D’ailleurs, je ne suis pas une fan absolue de Noël, pas plus en tout cas que des autres fêtes », lance la jeune femme âgée de 24 ans. Mais alors qu’est-ce qui l'a l’incitée à transformer la maison de son enfance en véritable antre du père Noël ? « La folie ! », répond-elle spontanément, en riant.

« En 2022, j’ai eu un déclic »

Après tout, pourquoi faudrait-il se noyer dans des explications freudiennes pour justifier une initiative dont la motivation se résume par un simple : « Plaisir d’offrir. C’est mon seul souhait, je n’attends rien en retour. » Cette histoire démarre en décembre 2021, Sophie, déguisée en Rudolph, le renne, propose ses services aux villageois, pour la distribution des cadeaux. « Et puis, en 2022, j’ai eu un déclic. J’ai toujours été très manuelle, créative. Je pense que je tiens ça de ma tante, Cathy, qui a un parc d’attractions - Le Monde merveilleux des lutins à Hostun, NDLR - dans la Drôme. » Sophie s’approprie alors les décorations de Noël de la famille, les ours en peluche de différentes tailles chipés à sa soeur et sa nièce. Elle arpente tous les vide-greniers et brocantes de la région pour créer son univers féerique dédié au bonhomme rouge. « L’an dernier, je me suis limitée au rez-de-chaussée. » Déjà une belle surface sur un total d’environ 90 m². La jeune femme occupait alors la maison. « Je venais tout juste d’adopter un chien. Il s’attaquait à mes sapins, à ma décoration », se souvient Sophie. Elle aurait pu alors abandonner son projet. Jamais ! Elle avait préféré trouver refuge chez ses parents et poursuivre son aventure invitant tout un chacun à découvrir sa création. Près de 250 personnes, petits et grands, particuliers et écoliers, ont franchi la porte de sa maison en 2022.

Forte de ce premier succès et encouragée par ses visiteurs, Sophie a renouvelé l’expérience pour les fêtes de Noël 2023, au-delà des limites fixées l’année précédente. Toute la maison est donc décorée, jusque dans les deux chambres à l’étage. Un défi colossal qui a nécessité deux mois de travail à la jeune femme. « Je ne voulais pas reproduire l’univers de Noël à l’identique par rapport à l’année dernière. J’ai agencé la décoration différemment, sans forcément ajouter des objets », explique-t-elle. Plusieurs tableaux s’offrent aux visiteurs : le bureau du père Noël, l’atelier des lutins, la Grinwich forêt et ses dizaines de petits champignons…

Dans le couloir, à l’étage, une marmotte descend d’une montagne à ski. Au rez-de-chaussée, un traîneau réalisé et customisé à six mains, avec son père, Jean-Claude, et son oncle Alain offre un joli décor pour une séance photo. Dans une chambre, des peluches s’animent grâce à un mécanisme fait de bouts de ficelle, au sens propre comme au figuré. « Une amie m’a aidée à mettre au point ce système. On pensait en avoir pour quelques minutes, ça nous a pris deux heures ! » Et cela a été ainsi pour chaque détail qui compose la mise en scène. Mais la Vallabrégante ne s’en plaint pas, bien au contraire.

Sa plus belle récompense, c'est de voir les yeux émerveillés des enfants mais aussi ceux des adultes. Elle les accueille - gratuitement - trois jours par semaine, les mercredis, samedis et dimanches, de 10h30 à 17h. « Ils sont libres de faire ce qu’ils veulent. Ils peuvent rester 10 minutes ou une heure, me demander de les guider ou circuler librement. Je m’adapte. » En plus de la décoration, Sophie a rédigé des contes, des énigmes, créée une chasse aux trésors. « Les enfants peuvent aussi s’asseoir au bureau du père Noël pour écrire une lettre, dessiner, etc. » Une sorte de déformation professionnelle, puisque dans son curriculum vitæ figure une expérience d’animatrice en centre aéré. Préparatrice de commandes, vendeuse en boulangerie, commis de cuisine… la jeune femme se laisse porter par le vent, au gré des opportunités. Les rafales vont s’intensifier en début d’année 2024 puisqu’elle quittera le sud de la France pour s’installer dans l’Essonne, n’écoutant cette fois-ci que son cœur qui bat pour un jeune homme.

Un volontaire pour prendre la relève ?

La fin de cette aventure est donc programmée, ce qui n’empêche pas la créatrice de profiter de chaque instant aux côtés de ses visiteurs qu’elle chouchoute, faisant preuve, sans même s'en rendre compte, de toujours plus de générosité, offrant à ces jeunes visiteurs des bonbons et des cadeaux pour certains faits maison. Ne le dites pas aux enfants, mais Sophie prend même le temps de répondre aux lettres adressées au père Noël, parfois bien impuissante face à des demandes particulières, voire insolites : « Père Noël, faites que ma soeur soit moins chi..te ! » Entre le 1er et le 11 décembre, 195 curieux ont découvert son antre féerique. Antre qui fermera définitivement ses portes ce mercredi 20 décembre. Un volontaire pour prendre la relève ?