LE DOSSIER De l’autre côté du Rhône, le festival d’Avignon saute les remparts
La préfecture du Vaucluse qui est la Mecque du théâtre, étale désormais sa programmation dans le Gard rhodanien.
Vous adorez le théâtre mais vous abhorrez la foule ? Il y a une solution : miser sur les villages. Le très côté festival d’Avignon fait des bonds dans le Gard.
La chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon, accueillera dans le cadre de ses rencontres d’été, « La vie secrète des vieux » de Mohamed El Khatib. Douze représentations sont prévues au total.
Mais la pièce qui voyagera le plus est « Une ombre vorace » de Mariano Pensotti. Cet Argentin y met en scène un alpiniste et l’acteur qui va jouer son rôle au cinéma. Le grimpeur, en fin de carrière, a choisi de faire l’ascension de l’Annapurna, sommet où son père a trouvé la mort. La pièce se déplacera en itinérance dans 16 communes dont 8 gardoises. Elle démarrera son périple dans la cour du château d’Aramon le 4 juillet et le clôturera dans la cour de celui de Saze le 20 juillet. Entre-temps, elle passera le 8 juillet à la salle polyvalente de Pujaut, le 9 au forum des Angles et le 11 au complexe sportif de Rochefort-du-Gard. Elle se déploiera aussi dans les arènes de Roquemaure le 15 et dans celles de Vallabrègues le 19.
Une « jolie vitrine »
L’an dernier, cinq communes gardoises avaient reçu une pièce itinérante. Les Angles, Pujaut et Villeneuve-les-Avignon rejoignent le cercle cet été. C’est Olivier Py, ancien directeur du festival, qui avait lancé cette itinérance en 2013-2014. « Tiago Rodrigues a décidé de le poursuivre avec une création maison », précise Pierre Gendronneau, directeur délégué. Le festival demande à un artiste de créer une « pièce de poche » avec peu de contraintes techniques. Elle doit pouvoir se jouer en intérieur, en extérieur, dans des lieux non équipés pour du théâtre.
Ultralocal
Le festival d’Avignon a un public qui vient essentiellement des 80 km à la ronde. Il reçoit pas mal de Gardois. « Ces pièces de poche permettent de travailler en profondeur dans l’ultralocal où des personnes ne viennent pas forcément au festival à Avignon pour des raisons économiques, par manque d’information… », précise le directeur délégué. Cette opération permet « de faire rayonner le festival au-delà des murs des remparts ». Saze a été la première commune gardoise à se lancer. « Maintenant ils sont de plus en plus de villages à le faire car ils se sont aperçus que c’était une belle image de marque, observe Jacquie Touranche, première adjointe. Je trouve génial que le théâtre se déplace un peu comme à l’époque de Molière ». Cette initiative permet « d’ apporter la culture pour les gens du village » et est aussi « une jolie vitrine ». Cette élue souligne que, lors de précédentes éditions, des spectateurs qui n’avaient pas eu de place pour la représentation avignonnaise étaient venus à Saze, village qu’ils ne connaissaient pas.
Gratuit pour les communes
Le festival pourra-t-il encore intégrer d’autres communes ? Pierre Gendronneau reconnaît que les marges de manœuvre sont réduites en été. Par contre, la pièce pourrait se balader dans d’autres communes à l’automne comme elle le fait en région PACA. Mais là-bas, elle bénéficie d’aides du conseil départemental et régional. Pierre Gendronneau, estime que « pour que cette opération soit financièrement viable dans le Gard, il faudrait des aides du Département ou de la Région ». Le festival ne veut pas faire payer les communes. Elles mettent simplement un lieu à disposition et un plan B en cas de pluie. Le festival se charge du reste. « C’est magique quand on les voit transformer la salle des fêtes en pièce de théâtre », s’enthousiasme Jackie Touranche. Le tarif pour les spectateurs est le moins cher de la grille du festival : entre 10 et 20 €.
Chapiteaux et roulottes à Villeneuve-les-Avignon
« Une ombre vorace » fera étape à « Villeneuve-en-scène ». Ce « slow festival » s’étale du 8 au 20 juillet. Ici, pas de grand théâtre mais des chapiteaux et des roulottes garées en bord de Rhône, sur la plaine de l’abbaye. Les artistes abordent des questions existentielles de manière ludique. Dans « L’arrière-pays », quatre adultes qui ne veulent pas grandir sont plongés dans un univers décalé avec des nounours géants. Dans « Amalgames », les artistes effectuent des acrobaties autour de barrières Vauban, s’amusent avec les caméras de vidéosurveillance, pour interroger le rapport à l’ordre et à la sécurité. La compagnie Volubilis propose une maison sans toits ni murs. On y voit ses habitants se raser, se maquiller, danser en cuisinant…
https://www.festivalvilleneuveenscene.com
Rencontres de la photo d’Arles
Les dates sont gravées dans l’agenda des doux-dingues de la photo. Du 1er juillet au 29 septembre, la cité arlésienne vit pour la photographie et essaime à Nîmes.
Églises désacralisées, cloîtres, anciens ateliers SNCF ou même magasin Monoprix… Pendant trois mois, les clichés sont exposés partout en ville. Plusieurs expositions semblent prometteuses. L’espace Van Gogh accueillera « répliques 11/03/2011 » où plusieurs photographes japonais reviennent sur la catastrophe nucléaire de Fukushima. On trouvera aussi des photographies japonaises des années 1950 à nos jours au palais de l’archévêché. On pourra faire du sport par procuration au musée de l’Arles antique qui expose des images conservées au musée olympique de Lausanne. On pourra aussi voir des expositions plus décalées comme celle mettant en avant des expérimentations de tenues et matériels de l’armée américaine.
L’an dernier, les rencontres ont ouvert un nouveau lieu d’exposition : les Cryptoportiques. Ces souterrains romains passant sous l’hôtel de ville étaient un havre exquis de fraîcheur dans la torpeur estivale arlésienne. Mais des moisissures ont attaqué les images exposées. La plasticienne Sophie Calle a trouvé cela formidable. La fille de Bob Calle, un des fondateurs du musée Carré d’Art à Nîmes, a donc décidé d’installer aux Cryptoportiques les photos et « choses de sa vie » qui ne servent plus mais qu’elle ne peut se résoudre ni à donner, ni à jeter. Et si vous avez la flemme d’aller jusqu’à Arles, sachez que le festival labellise des expositions chez ses voisins dans le cadre du Grand Arles express. C’est le cas « Partitions sédimentaires » d’Alassan Diawara et Zineb Sedira visible jusqu’au 22 septembre à Carré d’art.
Alassan Diawara, photographe belge, s'est immergé plusieurs mois dans le Gard. Il a saisi la joie de familles qui profitent du Gardon, le regard plein d'amour d'une maman pour son adolescente ou des échanges complices entre ados dans les toilettes d'un lycée... Ces images dialoguent avec celles de Zineb Sedira.
Forfait journée pour les Rencontres d’Arles : entre 28 et 33 € en ligne et entre 30 et 35 € sur place.