LE DOSSIER Le combat de la sécurité : boutons d’alerte et tourniquets dans les lycées

Christophe Morat, proviseur du lycée Camus. Son établissement est équipé de deux tourniquets. 8h25, 9h25, 10h25... Les élèves peuvent les emprunter toutes les heures de 25 à 35 ainsi qu'entre midi et deux. Pour l'ouvrir, ils doivent badger.
- Sabrina RanvierLa Région multiplie les mesures de sécurité pour empêcher les intrusions de personnes extérieures.
« M’sieur, on peut sortir là ? J'ai un truc à faire dehors et après je reviens ». Un garçon d’une quinzaine d’années est planté derrière un grand hérisson métallique à l’intérieur du lycée nîmois Camus. Il interpelle le proviseur. Il est 15h28. Christophe Morat jette un coup d’œil à sa montre : « Vous n’aurez que 7 minutes pour rentrer à nouveau. À votre place, je ne sortirais pas. » Terminée l’époque où on entrait et on sortait des lycées aisément. À Camus, aux heures de grands flux, les élèves doivent passer par un portail d’1m20 de largeur, où leur carte région est contrôlée par des surveillants. Quand le grand portail n’est pas ouvert, les lycéens peuvent badger leur carte sur les fameux tourniquets. Mais il faut viser juste. Entre 8h25 et 8h35, entre 9h25 et 9h35… Ils fonctionnent dix minutes toutes les heures ainsi qu’entre midi et deux. Les tourniquets sont réservés aux élèves. Les enseignants badgent sur un autre portail. Les visiteurs sont filmés dès qu’ils appuient sur l’interphone. Les agents qui se garent sur le parking de l’établissement doivent passer un sas formé par deux portails. Ils sont eux aussi filmés. L’établissement possède une dizaine de caméras. Elles sont placées aux entrées et au niveau des circulations extérieures.
Ces caméras et tourniquets sont-ils efficaces ? Oui, répond Christophe Sanchez, responsable départemental du syndicat de chefs d’établissement SNEPDEN. « Sur les entrées, la vidéoprotection est vraiment utile contre les intrusions », reconnaît celui qui est proviseur adjoint au lycée Jean-Baptiste-Dumas à Alès. Mais il estime qu’il faut que l’usage de la vidéoprotection soit encadré et accepté par la communauté éducative. Son établissement vient de recevoir un autre outil : des boutons d’alerte reliés aux forces de l’ordre. Ces boutons sont une sorte de bip que l’on porte sur soi et dans lequel on entre des numéros, un peu comme les pendentifs de téléassistance pour personnes âgées. « Il y a plusieurs niveaux d’alerte : on peut alerter un collègue ou renvoyer vers les forces de l’ordre », dépeint-il. La loge, la vie scolaire, les CPE ont été équipés. Jean-Baptiste-Dumas, situé dans le quartier prioritaire des Près-Saint-Jean, dispose d‘un adjoint de prévention sécurité. Pour ce syndicaliste, cette présence est précieuse. La technologie ne fait pas tout. Il considère que pour prévenir les difficultés et les conflits, il faut des moyens humains.
Entretien avec Kamel Chibli
« Je ne suis pas favorable aux portiques de sécurité »
Objectif Gard le magazine : En 2001, le lycée professionnel nîmois Mistral a été le premier de la région à être équipé de caméras pour filmer ses entrées. Combien d’établissements disposent aujourd’hui de la vidéoprotection ?
Kamel Chibli : 175 lycées sont équipés d’un système de vidéoprotection en Occitanie, dont 18 dans le Gard. Deux établissements gardois ont un programme de déploiement ou complément de caméras. Elles sont placées à des endroits stratégiques dont les entrées, les zones identifiées à risque, en accord avec le conseil d’administration des établissements et la préfecture.
En 2016, le collège nîmois Feuchères a fait installer des caméras pour filmer l’entrée et certaines zones de circulation à l’intérieur. Est-ce que c’est le cas de certains lycées ?
Filmer à l’intérieur est un non-sens. Pour mettre des caméras à l’intérieur, vous considérez que les élèves sont dangereux. Le vrai sujet, c’est sécuriser les abords, éviter les intrusions, éviter que des personnes extérieures viennent.
Comment avez-vous sécurisé l’accès aux lycées ? Envisagez-vous l’installation de portiques de sécurité ?
On a généralisé les tourniquets. Le sas est une alternative quand cette solution n’est pas techniquement envisageable. Les tourniquets ne sont utilisés qu’en dehors des grands flux. Aux horaires où il y a beaucoup d’élèves, on ouvre le portail où les lycéens passent sous le contrôle des AED. Cela fonctionne très bien même si le risque zéro en matière de sécurité n’existe pas. En Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, qui était président de la Région, avait annoncé qu’il allait mettre en place dans ses lycées, des portiques comme dans les aéroports. Cela n’a pas marché. Il faudrait deux heures de temps pour faire passer 2 000 élèves.
Toutes les écoles de la ville de Nîmes sont équipées d’un bouton d’alerte relié aux forces de l’ordre. Qu’en pensez-vous ?
On va expérimenter ce système dans neuf lycées de l’académie. Pour l’instant, 49 boutons ont été remis dans différents lycées d’Occitanie. Il y a plusieurs boutons par établissement. La technologie proposée a été particulièrement bien accueillie.
Des personnels de l’Éducation nationale estiment qu’un des plus gros problèmes en matière de sécurité dans les établissements scolaires sont les réseaux sociaux qui servent à propager des conflits…
On va proposer aux élèves d’un établissement par département de bénéficier de Safebear. Cette application est comme un système de pare-feu. Insultes, propos toxiques… Elle fonctionne avec l’intelligence artificielle et permet de détecter et de conserver dans un coffre-fort numérique les messages. Elle permet aussi d’alerter les proches, en particulier les parents, qui peuvent avoir un accès à l’appli. Elle concerne Snapchat, Instagram et devrait se développer sur les forums de gaming et de rencontres. On travaille en lien étroit avec les autorités académiques pour choisir les lycées qui vont l’expérimenter. Ce sera proposé aux élèves et à leurs parents sur la base du volontariat. La Région est aussi en contact avec le lycée Aubrac de Sommières pour l'aider à s'équiper des casiers pour y déposer les téléphones des élèves. Cet établissement est précurseur avec des journées sans portable pour les élèves. L’idée serait d’essaimer cette initiative dans d’autres lycées.
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