Publié il y a 4 h - Mise à jour le 07.10.2024 - Propos recueillis par Erwan Robert - 3 min  - vu 81 fois

L'INTERVIEW Didier Marion : « La nourriture de qualité n’est pas accessible pour tout le monde »

Didier Marion, porte-parole de la Confédération paysanne du Gard, réclame un changement de cap pour faire évoluer le modèle agricole.

- E.R

Le porte-parole de la Confédération paysanne du Gard a rappelé les principales revendications du second syndicat agricole, en fête pour la 21e fois les 5 et 6 octobre à Garrigues-Sainte-Eulalie. En poste depuis 2022, le représentant militant veut protéger la filière agricole et se prononce sur le choix du nouveau Premier ministre français. Un visage familier…   

Objectif Gard : Combien êtes-vous d’adhérents à la Confédération paysanne du Gard ? 

David Marion : On représente, d’après les dernières élections professionnelles datant de 6 ans, 20 % des agriculteurs, avant de voter à nouveau pour les Chambres d’Agriculture en Janvier prochain. Dans le Gard, nous sommes environ 150 adhérents, et un peu plus en termes de sympathisants. 

Cette 21ᵉ édition de la fête de la Confédération paysanne du Gard a-t-elle été une satisfaction ? 

Oui c’est une satisfaction, car il y a eu du monde sur le week-end, malgré la météo qui n’était pas à notre avantage. Sur le marché, cela s’est bien vendu. Le débat a été riche, à propos de l’alimentation, parce que nous considérons que l’Agriculture nous concerne tous, pas seulement les agriculteurs, puisque c’est notre environnement. On veut penser la société agricole avec toutes les associations militantes. 

Pourquoi avoir choisi le thème de l’alimentation ? 

Nous avons choisi ce thème car nous n’avons pas oublié la crise et la mobilisation agricole de l’hiver dernier. Surtout, il y a une réalité : presque 30 % de la population française ne mange pas à sa faim pour des raisons économiques, ou mange mal parce que l’accès à la nourriture de qualité n’est pas accessible pour tout le monde. Aussi, 40 % des paysans vivent avec moins de 500 euros par mois. Donc, il y a un problème. On a des bons produits, mais les gens n’ont pas les sous pour les acheter. Nous avons organisé des tables rondes pour s’exprimer sur deux points : comment nous voyons l’agriculture et comment il faudrait qu’elle évolue. 

Quelles sont vos principales revendications ? 

Il faut changer complètement le modèle agricole et la distribution de la nourriture. Le système agricole français, de la production et de la distribution, est dominé par l’agro-industrie, par la grande industrie et par le syndicat agricole de la FNSEA (NDLR : Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles). Tant que l’on ne casse pas ce système, ces agriculteurs seront pieds et poings liés avec les coopératives et continueront à perdre des sous. Ce qu’il faut pour nous, au niveau international, c’est que la France sorte du traité du libre échange. Il faut des prix minimums d’entrée. On ne demande pas des années blanches de cotisations sociales. On demande à ce que les prix permettent de les payer, c’est-à-dire notre revenu paysan et nos coûts de production. 

Michel Barnier a été désigné comme le nouveau Premier ministre de la France le 5 septembre dernier. Quel est votre regard sur cette nomination ? 

Michel Barnier, on le connaît bien, car il a été ministre de l’Agriculture de 2007 à 2009 (NDLR : sous le président Nicolas Sarkozy, exactement deux ans et quatre jours en poste). Si ma mémoire est bonne, c’est lui qui avait œuvré pour faire sauter les quotas laitiers en 2008. Ça a été catastrophique pour les éleveurs. C’est lui qui a travaillé à libérer la viande de mouton, donc nous avons beaucoup de craintes quant à la politique qui sera menée. La nouvelle ministre de l’Agriculture qui a été nommée (NDLR : Annie Genevard), sa suppléante, était responsable de la FNSEA et à fond pourla libéralisation du marché mondial. Nous l’avions rencontré pour exprimer notre vision des choses. Maintenant, on attend les actes. Mais nous sommes très inquiets, on continuera à aller droit dans le mur. 

Propos recueillis par Erwan Robert

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