Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 02.11.2022 - coralie-mollaret - 3 min  - vu 928 fois

L’INTERVIEW Le député MoDem Philippe Berta : « À l’Assemblée nationale, c’est l’ambiance cour d’école ! »

Le député MoDem de la 6ème circonscription, Philippe Berta (Photo : Nicolas Dhombres)

Le deuxième mandat à l’Assemblée nationale de Philippe Berta est placé sous le sceau de la majorité relative.

Objectif Gard : Comment trouvez-vous l’ambiance à l’Assemblée nationale ? 

Philippe Berta : Je m’attendais à une ambiance certaine, mais pas à ce niveau cour d’école, emprunte d’invectives. Franchement, je ne pensais pas que l’on irait aussi loin. Il y a un grand sentiment de vacuité, de vide. Nous sommes toujours dans la phase budgétaire avec l’examen avec le projet de loi de financement de la Sécurité sociale qui passera avec l’activation de l’article 49.3 de la Constitution. Une partie des amendements seront ou ne seront pas retenus. Pour l'heure, les débats ont donné lieu à des règlements de comptes, on a vu des députés se traiter de tous les noms…

Quel est votre travail dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale ?

Ce mercredi, je défends le budget de la recherche en commission, en présence de la ministre Sylvie Retailleau. Honnêtement, je pense que ce budget est mille fois mieux que ce qui se faisait avant, mais il ne répond pas totalement aux enjeux du moment, à cause des contraintes budgétaires. Je vais également parler du rapport sur la culture scientifique, technologique et industrielle. Aujourd’hui c'est clair : notre avenir passera par la recherche ou ne passera pas. On le voit bien avec le dérèglement climatique... Sauf que pour ça, il nous faut redonner confiance aux Français : un sur deux estime que l’on ne peut pas faire confiance aux chercheurs. C’est dramatique. 

Que pensez-vous de l’utilisation du 49.3 ? Faites-vous partie des députés de la majorité qui ont applaudi la Première ministre à l’annonce de l’utilisation de cet article ? 

Non, je suis contre les applaudissements sur le 49.3. Ce n’est pas un plaisir. Vous savez, nous avons énormément débattu sur ce budget. L’utilisation du 49.3 était inévitable puisque les groupes d’opposition avaient annoncé voter contre l’exercice. On le savait depuis le départ. À présent, il nous faut sortir de cette séquence et se concentrer sur d’autres enjeux autour du grand âge, du handicap ou de l’immigration. Il faudra trouver des majorités comme nous l’avons fait avec la loi sur l’assurance-chômage, votée au Sénat la semaine dernière. 

Le Gouvernement n'a pas retenu l'amendement du MoDem concernant la taxe sur les superdividendes. Vous le déplorez ?

Cette affaire-là n’est pas complètement perdue. Un accord européen doit se mettre en place. Mon petit doigt me dit que la messe n’est pas encore complément dite.

Comment avez-vous vécu les motions de censure déposées par les groupes d’opposition ? 

Dans une indifférence totale. Après l’utilisation de l’article 49.3, les députés d’opposition peuvent tenter de faire tomber le Gouvernement. C’est la règle. La seule surprise a été de voir les élus de la Nupes (Nouvelle Union populaire écologique et sociale) et ceux du Rassemblement national faire cause commune. Ça doit faire réfléchir un certain nombre de nos collègues socialistes, communistes ou verts de se retrouver main dans la main avec l’extrême-Droite. Sans parler de ce que doivent penser leurs électeurs… Moi je suis démocrate et républicain, je ne transigerai jamais avec mes valeurs. 

Dans ces conditions et cette ambiance, pensez-vous que le Gouvernement d’Emmanuel Macron durera tout le quinquennat ? 

Personne ne peut jamais écarter qu’une motion de censure réussisse. En revanche, pas grand monde n’a intérêt que l’on retrouve aux urnes à part peut-être l’extrême-Droite. Quant aux républicains et socialistes, leur congrès qui doivent se tenir prochainement peuvent être le moyen de clarifier un peu les choses… 

C’est-à-dire ? Pensez-vous que certains élus pourraient vous rejoindre ? 

Qu'ils nous rejoignent, je ne sais pas mais voter avec nous, pourquoi pas ? En fonction de ce qu’il va sortir du côté des Républicains… Le fantasme du moment d'Éric Ciotti, une alliance à l'italienne avec l'extrême-Droite, n’est pas partagée par tous les membres de la Droite républicaine. Quant aux sociaux-démocrates, certains en ont assez des "mélenchonneries"… On sent d’ailleurs que le front est en train de croître contre Olivier Faure, premier secrétaire du PS. Aux yeux de ces gens-là, il a vendu le PS pour une bouchée de pain. 

Une question plus locale : qu’en est-il de votre travail dans le Gard ? Avez-vous mis en contact Nîmes métropole avec les ministres de l’Intérieur et des Transports comme le président Franck Proust vous l’a demandé ? 

Je travaillais sur des grands dossiers. Il y a quelques jours, je sais où j’étais et dans quel ministère… J’essaie de faire avancer les grands dossiers locaux qui ont pris un peu de plomb dans l’aile. Je suis un démineur. Mais je ne cherche pas à en tirer profit en criant ce que je fais sur tous les toits. Quant à Franck Proust, il sait très bien que lorsque l’on me demande un coup de main, on me trouve !

Propos recueillis par Coralie Mollaret coralie.mollaret@objectifgard.com

Coralie Mollaret

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