FAIT DU SOIR Saint-Jacques de Compostelle : quelle stratégie touristique à Saint-Gilles ?
Deuxième destination touristique à l'échelle de l'agglomération de Nîmes, la commune de Saint-Gilles a repris son bâton de pélerin pour redorer son image auprès de sa propre population mais aussi des touristes itinérants et autres, amateurs d'histoire, de belles pierres.
"Quand on arrive à Saint-Gilles, pas de doute, on est bien sur le Saint-Jacques de Compostelle", s'amuse Martine. Un des itinéraires en tout cas, celui de la voie d'Arles, puisqu'il en existe cinq principaux. Accompagnée d'Arlette, elle tenait l'accueil de la Maison des Pélerins cette semaine-là, celle du 15 juillet. "La coquille - symbole avec la croix et l'étoile du pélerinage de Compostelle, NDLR - est partout", insiste-t-elle. Une identité visuelle affichée sur les mobiliers urbains de la ville et même au sol avec les fameux clous de voirie Unesco. Et cela depuis le vaste plan de restauration et de valorisation du patrimoine et du centre historique lancé depuis plus de dix ans par la municipalité saint-gilloise, initié par le biais de divers dispositifs notamment le Programme national de requalification des quartiers anciens dégradés (PNRQAD).
Soit "plus de 25M€ d'investissement sur les dernières années, avec des financements importants de tous nos partenaires, l’ANRU, l’ANAH, le Département du Gard, Nîmes métropole, la Région Occitanie et même des fonds européens pour certains projets", précise Géraldine Breuil, adjointe au maire de Saint-Gilles, déléguée au patrimoine, à la rénovation du centre historique, à la politique de la ville et aux associations de quartiers. Largement entamé, le travail n'est pourtant pas terminé, la revalorisation du port de plaisance est toujours d'actualité, de même que la construction d'un musée, voisin de l'abbatiale, à proximité du nouveau pavillon de la culture et du patrimoine.
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L'histoire et le patrimoine, avec en première ligne l'abbatiale construite au XIIe siècle et inscrite aux monuments historiques et au patrimoine mondial de l'Unesco, sont les atouts majeurs de Saint-Gilles. Après Nîmes, la ville de plus de 14 000 habitants, est la deuxième destination touristique à l'échelle de l'agglomération. Entre avril et septembre 2023, 7 330 personnes ont passé la porte du bureau d'information touristique à Saint-Gilles. D'après les chiffres communiqués par Xavier Labaune, directeur de Nîmes Tourisme, "410 000 nuitées marchandes et non-marchandes" ont été relevées en 2023 par l'outil Flux Vision développé par Orange Business. Il faut tout de même y soustraire les séjours liées à l'activité agricole saisonnière. S'ajoute un autre chiffre, cette fois-ci délivré par Géraldine Breuil, le nombre de pélerins passés à Saint-Gilles sur une année, "environ 900". Mais là encore, cela ne concerne que "ceux qui ont demandé à visiter la crypte de l'abbatiale". "Il faut leur ouvrir, ce qui permet de les compter. Mais cela ne représente pas la totalité des pélerins."
À la Maison des pélerins de Saint-Gilles, de mars à mai 2023, entre 48 et 55 personnes ont été accueillies par semaine. Le taux de fréquentation est quasi stable cette année, mais depuis la fin du mois de juin, il est en chute libre, 5 à 6 personnes hebdomadaire. "Avec ces fortes chaleurs, c'est tout à fait normal", commente Arlette, tout en invitant Lorenzo, 63 ans, "fraîchement" engagé sur le Saint-Jacques, à s'asseoir. "Pose ton sac, je te sers un verre d'eau. Tu as ton credencial...Ah oui, ici on se tutoie", le préviennent-elles. Le jeune retraité venu du Calvados se laisse volontiers porter par le dynamisme de ce duo membre de l'association Amis de Saint-Jacques PACA-Corse, débordant de bienveillance.
Saint-Gilles, à la croisée des chemins
À Saint-Gilles, le pélerinage tient une place importante et cela ne date pas d'hier. Au XIIe siècle, la ville était le quatrième lieu de pèlerinage au monde, dû à la renommée de son saint fondateur, Gilles, faiseur de miracles. Telle qu'on la connaît aujourd'hui, la ville est à la croisée des chemins du Saint-Jacques de Compostelle (GR 653), de la Régordane (GR 700), du Pilat à la Méditerranée par les Balcons du Rhône (GR 42) et bientôt de la ViaRhôna. Les travaux pour le tracé de cette voie verte reliant Bellegarde à Saint-Gilles, le long du canal du Rhône à Sète, sur 15,6 km, débuteront à la rentrée 2024.
Ce qui génère "un flux et un tourisme vert qui nous plaît, souligne Géraldine Breuil. Et pour donner envie aux pélerins ou autres visiteurs itinérants de venir passer quelques jours chez nous, il faut être accueillant." C’est tout l'objectif de la labellisation "Communes Haltes - Chemins de Compostelle en France", récemment obtenue par la municipalité pour une durée de trois ans. "Elle est dédiée aux communes qui s’inscrivent dans une démarche d’amélioration de l’offre d’accueil et de services", explique l'adjointe au maire. Arlette et Martine ont déjà identifié quelques manquements : un point d'eau et un abri sur la voie d'Arles.
"Dans le tourisme il faut se compléter pour rayonner"
Deux points inscrits dans la liste des projets dans le cadre de ce label, mais aussi la sécurisation de certains passages dont la traversée du faubourg Saint-Jacques par exemple, la création d'un livret gratuit référençant tous les services utiles aux marcheurs. Ces projets-là entre autres, sont menés par la municipalité, d'autres sont pilotés par des partenaires tels que Gard Tourisme, pour l'élaboration d'un produit court séjour axé sur le slow tourisme et l'écologie sur le tronçon gardois du GR 653, accessible depuis les voies ferroviaires ou l'office de tourisme de Nîmes concernant la mise en oeuvre d'un circuit autour des sites Unesco de Provence. Le Département du Gard est également sollicité pour l'installation de panneaux signalétiques sur les routes en provenance de Montpellier, de Nîmes, de Beaucaire et d'Arles. "Dans le tourisme il faut se compléter pour rayonner", conclut Géraldine Breuil.