NÎMES Grève contre un rachat et pour le pouvoir d’achat
Une grève était organisée chez Auchan logistique à Saint-Césaire.
Devant les grilles à partir de 6h ce vendredi matin, des salariés de la plateforme logistique d’Auchan à Saint-Césaire étaient en grève totale quand d'autres ont préféré un léger débrayage. Pourquoi ? Délégué syndical central pour la CFTC et pour la logistique, Hervé Scoubart explique : « Nous sommes en intersyndicale pour les salaires puisque la direction nationale nous propose une augmentation de 1,3 % de nos salaires. C’est loin de l’inflation qui court à 4,9 % ! »
Ici, on fonctionne en deux équipes de 5h à 20h. Chaque année avec les négociations annuelles obligatoires (NAO), les salariés et la direction négocient ce genre de choses mais cette année, point de négociation possible, les mondes sont trop éloignés l’un de l’autre. « Aucune mesure sociale n’est ajoutée à ce 1,3 % proposé. Si on signait un accord, on nous proposait une hausse de salaire de 1,5 %, mais aucune organisation syndicale n’a signé ! L’ancien DG est parti après être arrivé il y a deux ans. Il devait remettre en ordre mais le groupe annonce 379 millions de pertes cette année… »
Jérôme Perrouas, CFDT et élu au CSE d’Auchan Nîmes, l’avoue : « Ça va être dur de négocier maintenant car les NAO sont passées, mais nous n’attendrons pas l’année prochaine ! On fait ce mouvement pour montrer que les gens en ont ras-le-bol. On n’a pas de salaire, mais on n’a pas de prime non plus… Un groupe comme Auchan a reversé 17 euros de participation à ses salariés en 2023 ! D’autres grands groupes reversent un peu plus… L’équivalent d’un 14e mois… On n’a plus aucune prime ! La part réservée aux actionnaires, pourquoi on ne la perçoit pas ? Ce sont nos bras qui sont sur le terrain ! Je ne sais pas s’ils ne nous aiment pas, mais en tout cas ils n’investissent pas sur nous. »
Comme les résultats du groupe, depuis un an, ne sont plus bons, le cercle vicieux s’accentue. Sur le site nîmois, il y a 186 salariés titulaires auxquels vient s’ajouter une cinquantaine d’intérimaires. Ce vendredi 29 mars 2024, l’intersyndicale nîmoise annonce 80 grévistes. Thierry Martin Teyssier, représentant du syndicat FO, est lui aussi sur la même longueur d’onde : « Lors des précédentes négociations, nous avions déjà pris du retard suite au covid et à l’inflation qui existe depuis… Aujourd’hui, ça continue et ce qu’on nous propose ne nous convient pas. Beaucoup de gens sont mécontents et sortent, on ne voyait pas ça avant le covid… Le groupe se permet de racheter Casino, mais derrière il ne veut pas payer ses salariés ! On a des grilles salariales très proches du Smic, on voit des personnes qui ont plus de 10, 20 ou 30 ans d’ancienneté qui gagnent à peine plus que le Smic. Les prochains mois vont être noirs. »
Les conditions de travail semblent aussi se dégrader. Thierry Martin Teyssier poursuit : « On demande aux salariés de faire plusieurs métiers, de monter en compétences mais au même prix. »
Les enjeux ? Avec 72 magasins en plus, la charge supplémentaire de travail des salariés d’Auchan n’est encore connue. Sans parler de tout cela, la grève actuelle est importante, les salariés demandent une hausse minimale et le plus rapidement de 5 % des salaires, au moins à la hauteur de l’inflation qui déstabilise les petits salaires qui sont légion dans ce genre de métiers. Pour Valérie Rollin de la CGT : « Les salariés sont fatigués ! On s’est investis, beaucoup, et nous n’avons aucun retour, nous ne sommes pas récompensés de nos efforts. Même les nouveaux embauchés ne s’investissent plus à 100 % car ils voient qu’il ne se passe rien. »
Dans les prochaines semaines, on risque d’entendre encore parler des salariés d’Auchan mais avec des petits salaires et les grèves qui les impactent fortement, difficile de continuer. « Il faudra se faire entendre, mais d’abord nous allons voir ce qu’a donné, en national, cette journée. On va avoir une nouvelle direction dans quelques jours, on verra. On verra aussi par rapport aux nouveaux volumes avec les magasins Casino… En tout cas, ici en local, il n’y a aucun dialogue avec la direction, ils ne sont pas décisionnaires ! »