OCCITANIE Après un rebond en 2021, « une croissance modérée » en 2022
L’Institut national des statistiques et des études économiques (INSEE) Occitanie a tiré le bilan économique ce jeudi de l’année 2022. Un bilan contrasté, dans lequel le Gard tire à peu près son épingle du jeu.
2021 avait été un grand cru, 2022 moins, au niveau national comme en Occitanie. Après avoir été impactée par la crise sanitaire, c’est désormais la guerre en Ukraine et ses conséquences en cascade, notamment l’inflation, qui plombe l’économie. « Malgré cela, l’économie continue à croître, grâce aux acquis de croissance », pose la directrice de l’Insee Occitanie, Caroline Jamet, comprendre sur la lancée de 2021.
Pour mesurer l’activité économique, l’Insee se concentre sur le nombre d’heures rémunérées. Un chiffre en chausse en Occitanie de 2,2 % en 2022 contre + 10,7 % en 2021, ce que le chef du service études et diffusion à l’Insee Occitanie, Hervé Le Grand, qualifie de « croissance modérée ». La vague Omicron et les difficultés d’approvisionnement font partie des explications avancées.
Effet ciseau
« Il y a eu un effet de rattrapage et une reprise assez forte dans l’hébergement et la restauration », poursuit-il, un effet induit par la fin des restrictions sanitaires. En revanche, « il y a eu un fort ralentissement dans la construction, avec un effondrement progressif toute l’année, en juillet avec la canicule et en fin d’année avec un fléchissement de la demande », ajoute-t-il. Plus largement, il s’agit d’un « effet ciseau avec une hausse des taux d’emprunt, l’inflation et la hausse des coûts de construction », reprend le même, visible dans le nombre de logements mis en chantier : 38 600 sur l’année, soit 6,9 % de moins qu’en 2021. Une mauvaise nouvelle pour le marché du logement, « avec des locataires qui ne quittent plus le bien qu’ils occupent pour devenir propriétaires, et des biens avec des difficultés de mise en marché du fait de la réglementation de diagnostic énergétique », rajoute Hervé Le Grand.
En revanche, l’industrie se débrouille plutôt bien, « portée en région par l’aéronautique », après deux années très difficile dans ce secteur porteur. Côté emploi, la croissance reste positive mais ralentit aussi, passant de + 87 000 emplois en 2021 à + 30 000 emplois en 2022. « C’est 117 000 emplois de plus qu’avant la crise, un tiers étant lié au développement de l’apprentissage, mais ça ralentit fortement dans la construction », poursuit-il. Le tertiaire marchand, porté par l’informatique, l’hébergement et la restauration, résiste bien, et l’industrie reprend des couleurs, même si son solde d’emplois est encore légèrement inférieur à celui de 2019 (-0,7 %).
Un chômage encore élevé
Conséquence : le taux de chômage a légèrement baissé en Occitanie, de 0,3 % en 2022, pour s’établir à 8,6 % de la population active. « C’est toujours nettement supérieur à la moyenne française hors Mayotte, qui est de 7,2 % », tempère Hervé Le Grand. De quoi faire de l’Occitanie la deuxième région de France la plus touchée par le chômage, juste derrière les Hauts de France. Les jeunes sont en première ligne, touchés par le ralentissement dans le commerce et la construction.
Dans notre région, 96 400 entreprises ont été créées en 2022. C’est 1,4 % de moins qu’en 2021, mais plus qu’en 2019. « Les deux tiers de ces créations sont des microentreprises », précise François Hild, chef de projets conjoncture à l’Insee Occitanie. De fait, 2022 marque « un retour à la normale par rapport à la crise sanitaire, notamment dans les défaillances d’entreprises », précise-t-il, fin des mesures d’accompagnement oblige.
En regardant les chiffres par départements, on constate que le littoral s’en sort mieux que les départements ruraux, mais que la Haute-Garonne reste le département le plus dynamique en nombre d’heures rémunérées (+ 3,5 % en 2022). Si la moyenne régionale est à + 2,2 %, le Gard est en dessous, avec + 1,8 %, derrière la Haute-Garonne donc, l’Hérault (+ 2,5 %), l’Aude et les Pyrénées-Orientales (respectivement + 2,4 % chacun). C’est plus compliqué dans les départements ruraux, quasiment tous en stagnation, comme la Lozère (+ 0,2 %).