Publié il y a 2 h - Mise à jour le 10.10.2024 - Anthony Maurin - 4 min  - vu 324 fois

SALINDRES Moins de licenciements chez Solvay… Et après ?

UD CGT Solvay Salindres Bruno Rivier Yazid Ait Ammar et Lionel Clément (Photo Anthony Maurin)

Bruno Rivier, Yazid Ait Ammar et Lionel Clément de l'UD CGT pour parler des salariés de Solvay à Salindres (Photo Anthony Maurin)

68 licenciements étaient annoncés chez Solvay. La CGT apporte de nouvelles informations, mais, avant tout, retour en arrière pour se rafraîchir la mémoire.

Pôle industriel emblématique, le site de Salindres représente aussi un savoir-faire. L'entreprise fabrique actuellement des produits chimiques et plastiques. Suite à l’annonce du groupe Solvay de la fermeture du site gardois entraînant la suppression de 68 postes courant 2025, la présidente de la région Occitanie, Carole Delga, a souhaité réagir : « La décision brutale prise par la direction du groupe Solvay d’arrêter la production chimique sur le site de Salindres est un véritable coup dur pour le territoire et ses habitants, qui succède à plusieurs mois de polémiques sur la pollution des eaux. »

Ce samedi matin, au départ de la manifestation depuis le site Solvay de Salindres • Photo : Thierry Allard

Et la présidente de poursuivre en évoquant le sort des salariés : « Tout doit être mis en œuvre pour les accompagner et leur permettre de conserver ou de retrouver rapidement un emploi. Dès que la Région a été informée, mes équipes ont pris contact et rencontré mardi le président du groupe Solvay, François Pontais, afin d’étudier les raisons de cette fermeture et demander des garanties pour l’avenir des salariés et du site, ainsi que la garantie qu’elle n’aura pas d’impact sur le groupement. »

Suite à cet échange et dans l’attente de la tenue du Comité Social et Économique (CSE) du 3 octobre dernier, la Région, par l’intermédiaire des vice-présidents Jean-Luc Gibelin et Jalil Benabdillah, restait vigilante.

Pour La France Insoumise : « Alors que le nouveau gouvernement fait semblant de progresser vers la transition écologique, le patronat, lui, est prêt. Non pas pour transformer ses productions dangereuses pour la planète, non pas en investissant dans la recherche, car il faudrait limiter les bénéfices reversés aux actionnaires, mais en annonçant vouloir se défaire des travailleurs qualifiés, performants, à qui il a confié ces productions toxiques. L’usine de Salindres s’est adaptée, mais ce ne serait plus possible ? »

L'usine Solvay de Salindres • Photo François Desmeures

Le parti se pose des questions. À quoi ont été consacrées les sommes économisées grâce au crédit impôt recherche ? Les PFAS (substancxes per et polyfluoroalkylées) et TFA (acide trifluoroacétique), polluants éternels, seraient irremplaçables ? Depuis combien d’années la transition vers des produits plus neutres aurait-elle dû être prête ? Depuis combien d’années, au lieu de protéger la santé des travailleurs et l’environnement, la direction de Solvay privilégie-t-elle le profit de ses dirigeants et actionnaires ?

« L’argent ne manque pas, mais il s’évade. Il n’est pas mis sur la recherche de solutions de remplacement non toxiques. Depuis combien d’années les patrons jouent-ils sur l’angoisse du chômage qui étreint maintenant les familles de ses employés de Salindres ? Ces licenciements sont injustes ! »

Pour LFI, l’écologie n’est pas punitive, elle doit être vitale. La France Insoumise a rencontré les salariés de Solvay le 5 octobre dernier. Le but ? Annuler les licenciements, assurer le maintien d’une activité non polluante sur le site de Salindres, protégeant les personnels et des populations. Et, enfin, avoir une réelle bifurcation écologique, financée par les revenus du capital.

La CGT aux dernières nouvelles

C’est au tour de la CGT d’évoquer l’affaire, à chaud car ce jeudi 10 octobre les choses semblent avoir évolué. « Ce qui était une réalité hier ne l’était pas ce matin et encore moins maintenant ! » Bruno Rivier, secrétaire général de l'union départementale de la CGT, poursuit :  « Il devait y avoir, avec nous, la section CGT de Solvay mais les salariés viennent de signer un premier accord de fin de conflit concernant la libération de l’entrée de l’usine et de la chaufferie. Nous n’avons pas les tenants et aboutissants de l’accord, mais une partie des emplois semble être sauvée. Les négociations ne sont pas fermées sur le social, la santé et l’environnement. »

UD CGT Solvay Salindres Bruno Rivier Yazid Ait Ammar et Lionel Clément (Photo Anthony Maurin)
Bruno Rivier, Yazid Ait Ammar et Lionel Clément de l'UD CGT pour parler des salariés de Solvay à Salindres (Photo Anthony Maurin)

Avec une moyenne d’âge de 43 ans, le salarié de Solvay se retrouve dans la panade. À l’heure de l’inflation, des hausses de prix et du reste… Pas facile d’encaisser. La CGT à Solvay représente environ 30 % des salariés. L’UL CGT d’Alès sera, elle aussi, bien sûr, de la bataille. « Si des emplois sont sauvés, d’autres ne le seront pas. La responsabilité sociale d’Axens, qui fait de gros bénéfices, pourrait lui faire faire plus d’effort. Ils peuvent être plus généreux en termes d’emplois sauvés. Nous voulons aussi parler de la production de TFA, pour des médicaments. Comment les pouvoirs publics ne maintiennent pas cette production ? Troisième point, la dépollution du site. Quand les entreprises ferment, elles ont aussi une responsabilité environnementale. Solvay pourrait garder des employés pour dépolluer la totalité du site. C’est essentiel de bien dépolluer », poursuit Bruno Rivier.

Cette décision de fermer le site date du 24 septembre. Elle serait motivée par des « performances financières négatives continues et des conditions de marché défavorables, qui entraîneront la suppression de 68 emplois entre début 2025 et octobre 2025. » Solvay prévoyait également de prendre une provision d'environ 50 millions d'euros pour cette fermeture.

L'entrée du site de l'usine Solvay à Salindres. • Sacha Virga

Yazid Ait Ammar, membre de l’UD CGT 30, complète : « Emploi et environnement, on ne dissocie pas la nature du vivant. On va mener ces revendications auprès des pouvoirs publics, les contribuables n’ont pas à supporter les coûts de la dépollution du site. Celui qui a pollué, paie. Pour les emplois, on va se battre aussi. Si Solvay délocalise ailleurs, là où les normes sont moins strictes, on ne laissera pas faire ! La vie d’un Chinois a autant de valeur que celle d’un Alésien. Quand on voit les investissements de l’État au fil des années pour aider ce genre d’entreprises… Ce serait incompréhensible pour le citoyen aussi bien que par le salarié que ça se passe comme ça. »

Lionel Clément, de la CGT, est remonté comme un coucou : « C’est une lutte qui s’inscrit sur le maintien de l’emploi, mais nous faisons aussi des propositions dans le cadre d’une lutte constructive, notamment pour l’environnement. On engrange ce qui est positif ! Les patrons ne peuvent pas prendre de l’argent sans contrepartie pendant des années, puis partir ailleurs et polluer d’autres territoires. C’est du vol ! Le bien-être social s’accompagne du bien-être environnemental ! Dans le coin… On en sait quelque chose. Il faut obliger ces sociétés à être ce qu’on veut. Il y a du positif, mais il reste encore la vision à long terme. »

Mais tout cela peut durer jusqu’à octobre 2025… Affaire à suivre.

Anthony Maurin

Gard

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