TOROS Castella trois oreilles, Luque la classe absolue
Corrida de Zalduendo pour Sébastien Castella (oreille et deux oreilles), Daniel Luque (silence et deux oreilles) et Juan Ortega (silence et silence).
Après la course camarguaise qui a lancé les festivités dans les arènes, les deux grands triomphateurs de la saison 2023, à savoir Sébastien Castella et Daniel Luque, devaient se mesurer dans un duel de haut vol.
Pour l’occasion, ils accueillaient comme arbitre un torero artiste en la personne de Juan Ortega qui se présentait dans l’amphithéâtre bimillénaire devant un lot de toros de Zalduendo.
Sébastien Castella s’élance en piste et d’emblée on sent le maestro motivé et empli d’envie. Pourtant, son opposant se montre tantôt brutal, tantôt rude à la charge. Le Biterrois ne s’inquiète pas, mieux, une fois n’est pas coutume, il attaque sa faena les genoux vissés en terre et se met dans les cornes jusqu’à se faire « estriper » la taleguilla un peu plus haut que le genou. Le public le suit et petit à petit le maestro prend le dessus et tiendra fermement l’oreille gagné.
Sur son second duel, le toro répondra plus aux exigences d’un tel cartel. Castella est peut-être moins pertinent dans ses choix bien qu’il débute mieux sa faena avec des séries magiques et ponctuées de vrais beaux gestes épurés. Le Français joue, travaille, ciselle et offre aux tendidos un cours classique. Deux oreilles qui tombent un poil trop facilement.
Dans la foulée, le protégé de l’empresa Jalabert, Daniel Luque, se jette dans la bataille. Hélas pour lui, son premier ne donnera pas grand-chose dans les divers tercios de ce duel mais le natif de Gerena le brinde tout de même aux gradins. Pourquoi ? Dommage. Silence.
Deuxième opposition et seconde vérité pour Luque. La sienne, la vérité vraie de qui il est ! Un grand ! Quelle masterclass ! Il est vrai que son Zalduendo sauve l’honneur d’une partie de ses congénères du jour. On aime voir Luque réciter son savoir, distiller sa science, saupoudrer note vue d’un peu de paillettes étincelantes. Luque ne triche pas, il est dans les bons sitios, baisse les mains, avance selon la charge du toro et l’embarque ainsi que le public dans une faena magnifiquement bien structurée et sincère d’un bout à l’autre. Luque a encore grandi… Où va-t-il s’arrêter ? Deux indiscutables oreilles.
C’est enfin le tour de Juan Ortega de toréer son toro et le public arlésien. Aïe, aïe, aïe… Ça pique pour une présentation. Et encore, son premier duel se passera mieux que le second. Enfin, le public verra quelques séries en plus mais rien de bien fou. Le problème avec cette typologie d’artiste, c’est qu’il faut que toutes les conditions soient réunies pour qu’ils sortent du bois. Ici, à Arles fin mars, dans le vent et la grisaille, devant un public frais et sur un sable qui ne devait pas lui convenir, Ortega n’ira pas plus loin. Silence.
L’Espagnol clôture la course et la course finira avec cet arrière-goût de « il manquait quelque chose ou quelqu’un non ? ». Si son toro précédent n’était pas un foudre de guerre, le dernier est assez violent, voilà une parfaite raison pour abréger sans lier une série pleine… Silence bien sûr.