DEAUX La chauve-souris, arme fatale pour chasser les moustiques ?
Depuis quelques mois, la commune deauxoise expérimente le déploiement de nichoirs à chauves-souris pour lutter contre la prolifération des moustiques. La démarche suscite un fort intérêt auprès de la population tandis que son efficacité ne sera mesurable qu'à partir de l'été prochain.
Des moustiques qui s'invitent sur les terrasses des Deauxois, y compris lorsque l'été s'est éloigné ? "J'en ai encore eu pas plus tard qu'hier soir", jure le maire, Didier Salles. Alors, pour lutter contre la prolifération de ces petits culicidés, la municipalité a emboîté le pas à une idée de l'adjoint à l'Environnement, Éric Vergnet. "On cherchait une solution. Il m'a fait cette proposition après avoir vu que plusieurs communes gardoises du littoral s'étaient équipées", rembobine l'édile deauxois.
Cette "solution", c'est le déploiement de nichoirs à chauves-souris, des insectivores capables de capturer en vol jusqu'à 600 insectes par heure, réduisant ainsi - a priori - le risque de piqûres. Au printemps dernier, la mise à disposition gratuite d'un gîte à chauves-souris a suscité un fort intérêt à Deaux, petit village de moins de 700 habitants près de Vézénobres. 38 nichoirs ont déjà trouvé preneurs, tandis que les deux derniers vont être installés prochainement en mairie.
Un maillage du village
"On n'a pas choisi à la tête du client mais en fonction des adresses pour les répartir judicieusement sur le village, de sorte d'obtenir un maillage de nichoirs", justifie Didier Salles. Les habitants intéressés par la démarche n'avaient qu'à remplir un questionnaire. La seule condition pour valider l'attribution d'un nichoir était de s'engager à adhérer à l’association Groupe chiroptères Languedoc-Roussillon pour la somme de 10€ et à rendre à rendre compte régulièrement de ses observations.
Basée à Prades-le-Lez, la structure associative étudie les chiroptères et leurs écosystèmes, participe à la protection des espèces de chauves-souris et à la sauvegarde de leur milieu. Car l'enjeu des nichoirs deauxois ne se limite pas à la seule régulation des moustiques, à l'heure où l'espérance de vie moyenne d'une chauve-souris qui est de 15 ans ne cesse de diminuer en raison de l'utilisation de pesticides, de la pollution lumineuse et de la fréquentation humaine importante dans des lieux d'hibernation, entre autres.
Les Deauxois participent donc à la préservation des chauves-souris, protégées depuis un arrêté ministériel de 1981 et l'arrêté ministériel du 23 avril 2007 relatif à la protection des mammifères selon l'article L.411-1 du Code de l'Environnement. Pour maximiser les chances de réussite du gîte qu'ils ont reçu, les habitants doivent respecter quelques règles élémentaires, telles que l'installation du nichoir au début du mois d'avril avant la mise bas ou à la fin de l'été pour un bénéfice l'année suivante.
L'efficacité mesurable dès l'été prochain
Aussi, les chauves-souris apprécient la chaleur. Ce facteur est donc primordial. Le gîte est donc à exposer de sorte qu'il reçoive le maximum d'ensoleillement. Il s'agit par ailleurs de fixer le gîte à une hauteur minimale de trois mètres du sol pour éviter les risques de prédation, tout en octroyant aux chauves-souris une zone d'approche dégagée du gîte pour faciliter leurs mouvements d'entrée et de sortie.
La démarche deauxoise a valu à la commune une apparition dans une publication LinkedIn de Wildcare Europe, le fournisseur de nichoirs. "J'ai été contacté par plusieurs collègues maires qui s'y intéressent", rapporte Didier Salles, tout en concédant que l'efficacité ne sera mesurable qu'à partir de l'année prochaine.
Quand bien même les chauves-souris ne débarrasseraient pas intégralement des moustiques, quelques astuces sont susceptibles de réduire leur apparition massive dans votre cour : retirer les récipients d’eau stagnante comme les abreuvoirs pour animaux domestiques ; veiller à ce que l’eau ne s’accumule pas dans les pots de fleurs ou de plantes ; vérifier que les gouttières sont sèches et non obstruées ; ne pas laisser de lumières extérieures allumées. Vivement l'été prochain !