Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 16.02.2022 - pierre-havez - 3 min  - vu 1135 fois

AU PALAIS Il appelle 6 000 fois son ex !

Le palais de justice de Nîmes. (Photo Baptiste Manzinali / Objectif Gard).

Pull et regard noirs, le prévenu fulmine contre son ex-femme, qu’il menace et insulte depuis de longs mois, en face-à-face, par téléphone ou sur les réseaux sociaux. « Je vais porter plainte contre elle car elle s’en est prise à ma nouvelle compagne sur Facebook ! », annonce-t-il d’une voix forte dans le box du tribunal judiciaire de Nîmes, ce mardi 15 février.

« Pour l’instant, ce sont vos propos qui sont sur la sellette, rétorque calmement le président, Jean-Michel Perez, relisant certaines menaces écrites par le trentenaire. C’est une crevure, cette chienne de pute, elle va payer ça, tu vas voir. Admettez-vous ces menaces ? »

« Je vais te traquer »

Le prévenu se victimise encore. « J’étais à Monaco, sans nouvelle de ma petite. Pas un coup de téléphone… », justifie-t-il. Seulement, sa défense finit par se retourner contre lui. « Mais elle sait que je ne m'en serai jamais pris à elle. Je sais où elle habite. Plusieurs fois, j’aurais pu... Elle est même déjà passée devant moi sans me voir… », lâche-t-il, maladroitement. Le juge rebondit aussitôt : « Est-ce pour cela que vous lui avez aussi écrit : Je vais te traquer. T’inquiètes pas, j’arrive bientôt sur Nîmes. Je vais te faire la peau ? », questionne-t-il du tac au tac. Le prévenu tente de se reprendre. « C’était sous le coup de la colère. Il faut voir ce que j’ai reçu aussi. J’ai des captures d’écran, j’ai tout !, s’enfonce-t-il. C’est normal que je pète les plombs au bout d’un moment. »

6 000 appels en six mois

Au total, ce dernier a envoyé près de 6 000 appels ou messages à la mère de sa fille, en six mois. Mais le juge s’étonne que celle-ci en ai envoyé presque autant, au cours de la même période. « J’étais sous emprise, si je ne répondais pas, il menaçait de venir me trouver. J’étais à sa merci », explique la victime à la barre. Le président tente de la rassurer. « On voit bien que dès que monsieur est énervé, il risque de passer à l’acte, déclare le magistrat en se tournant vers le box des prévenus. Pourquoi l’attendiez-vous en bas de chez elle ? »

Mais une nouvelle fois, le trentenaire n’y est pour rien. « En sortant de prison, je suis tombé amoureux d’une charmante demoiselle qui habitait à quelques mètres de chez elle. Mais je n’ai jamais voulu la suivre : je ne veux plus rien savoir d’elle ! », profère-t-il. Le juge lève les yeux au ciel, lui rappelant qu’un témoin l’a vu se poster en bas de son immeuble... « Alors je veux porter plainte en diffamation contre cette personne », rétorque le prévenu décidément très procédurier.

« Échec complet »

« Vous saviez tout de même que vous aviez une interdiction de la voir ? », relance patiemment Jean-Michel Perez. En vain. « Non je savais que j’avais une interdiction de rentrer en contact avec elle », s’entend-il répondre. Le juge soupire. « Et comment l’interprétez-vous ? Bien entendu que cela signifie que vous ne pouvez pas lui parler », s'étrangle-t-il.

Le procureur prend à son tour la parole. « Malgré de nombreux avertissements, diverses mesures de sursis, il ne comprend pas le message. Il va devoir réfléchir en détention. C’est un échec complet, admet Frédéric Kocher. Je demande contre lui une peine de pas moins de 18 mois d’emprisonnement, avec une obligation de soin et l’interdiction de rentrer en contact avec elle, ainsi que de porter une arme pendant trois ans. » Le tribunal prononce finalement une peine de 18 mois de prison dont 6 avec sursis.

Pierre Havez

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