Publié il y a 1 an - Mise à jour le 30.03.2023 - Marie Meunier - 4 min  - vu 1791 fois

FAIT DU SOIR Une nouvelle formation d'aides-soignants démarre à Pont-Saint-Esprit

aides-soignants pont saint esprit ifas

Vingt élèves composent cette première promotion spiripontaine d'aides-soignants.

- photo Marie Meunier

La première promotion d'aides-soignants de Pont-Saint-Esprit a démarré le 20 mars. Vingt élèves ont intégré cette formation, qui est une antenne de l'IFMS (Institut de formation aux métiers de la santé) du centre hospitalier de Bagnols-sur-Cèze. 

Cette annexe est installée dans le cadre idyllique de la résidence Notre-Dame de la Blache qui est administrée par le centre hospitalier de Pont-Saint-Esprit. "C'est le symbole d'un excellent partenariat entre deux centres hospitaliers", commente Claire Lapeyronie, maire de Pont-Saint-Esprit et conseillère régionale. Et peut-être les prémices d'une mutualisation de la formation en santé sur le territoire ?

Pour rappel, l'IFMS de Bagnols-sur-Cèze est formé d'un institut de formation aux soins infirmiers (IFSI), qui a ouvert en 1976, avec seulement vingt étudiants. Aujourd'hui, le cursus compte chaque année 60 et bientôt 70 étudiants. L'IFAS (Institut de formation d'aides-soignants), lui, a ouvert en 1978 et accueille aujourd'hui 33 élèves sur le site bagnolais (qui eux, ont fait leur rentrée en septembre, NDLR). 

ifas pont-saint-esprit
L'inauguration s'est passée en présence de Jean-Philippe Sajus, directeur du centre hospitalier de Bagnols, de Claude Rols, directeur de la délégation départementale du Gard de l'Agence régionale de santé Occitanie, Claire Lapeyronie, maire de Pont-Saint-Esprit, Valérie Brunier, directrice du centre hospitalier de Pont-Saint-Esprit, et Danièle Payan, directrice de l'IFMS de Bagnols-sur-Cèze.  • photo Marie Meunier

Grâce à l'ouverture de cette antenne dans une salle de La Blache de Pont-Saint-Esprit, ce sont donc vingt élèves de plus qui peuvent suivre le cursus d'un an, composé de 22 semaines de stage et tout autant de cours. Vingt élèves qu'il aurait été très difficile d'accueillir sur le site de l'IFMS bagnolais, faute d'espace. 

Ancrer sur le territoire

L'inauguration de l'antenne spiripontaine a eu lieu ce mercredi midi. "Ce projet impulse une nouvelle dynamique qui est très valorisante. Dans un contexte de la santé, parfois complexe, ça fait du bien d'avoir du sang neuf, d'avoir des étudiants qui en veulent", introduit Valérie Brunier, directrice du centre hospitalier de Pont-Saint-Esprit, qui a longtemps travaillé dans l'établissement bagnolais. 

Derrière cette ouverture de formation à 100 % financée par la région Occitanie, il y a aussi un objectif : celui de renforcer les effectifs de personnels soignants, qui manquent sur le territoire. Tout l'enjeu est d'arriver à ancrer dans le Gard rhodanien les infirmiers et aides-soignants une fois diplômés. C'est encore difficile, comme le déplore Jean-Philippe Sajus, directeur du centre hospitalier bagnolais : "On fait beaucoup de formation mais on n'a peu de retours pour l'instant. Sur 60 étudiants infirmiers, on arrive à en recruter que 4 ou 5, alors qu'on en manque."

Il ajoute : "La crise du covid a été un révélateur. Les besoins d'effectifs existaient déjà mais se sont accélérés". Si les étudiants infirmiers sont plus volatiles à leur sortie de formation - notamment à cause du système d'admission via Parcoursup qui balaie toute la France -, les élèves aides-soignants sont généralement plus localisés. Néanmoins, il existe un important turn-over dans ce métier aujourd'hui. 

Des centres de formations de proximité

Pour limiter le phénomène, les établissements essaient de s'adapter, de réfléchir à une autre organisation de travail qui réponde davantage aux attentes des nouveaux salariés. Cela passe aussi par l'implantation de centres de formation au plus près de l'offre et de la demande mais aussi des élèves. Car quand les jeunes partent faire leurs études à Nîmes, Avignon ou Montpellier, difficile de faire revenir dans leur région d'origine. 

Dernièrement, des formations ont aussi ouvert au Vigan et à Uzès. "Ça montre que tout ne se passe pas à Nîmes. (...) Les problèmes de mobilité peuvent être un frein. Il y a une vraie nécessité de proximité", rebondit Claire Lapeyronie. Rien qu'à l'échelle de la région Occitanie, elle rappelle qu'il "existe 28 formations agréées pour les futurs personnels de santé, dont 26 permettant aux élèves d'obtenir un diplôme d'État.

"Le métier d'aide-soignant, ce n'est pas que faire des toilettes"

Dans cette promotion de 20 élèves, âgés de 18 à 53 ans, beaucoup viennent de Bagnols, Pont-Saint-Esprit et environs et souhaitent rester sur le territoire. Certains avaient déjà un pied dans le secteur de la santé, d'autres sortent du bac ou viennent d'horizon totalement différent, mais tous sont très contents d'entamer cette formation et motivés pour réussir. Etwina, 27 ans, était jusque-là agent de service hospitalier (ASH) à l'hôpital de Pont-Saint-Esprit. Elle est entrée dans ce métier après avoir accompagné une personne de sa famille en perte d'autonomie. "Ce qui me plaît, c'est l'aide qu'on apporte au patient. Quand on entre dans sa chambre et qu'il n'est pas bien et que quand on ressort, il a le sourire, c'est génial. (...) Le métier d'aide-soignant, ce n'est pas que faire des toilettes, il y a de l'écoute, de la bienveillance à avoir. Peut-être que demain ce sera nous ou nos parents à leur place."

Comme elle, d'autres ont réussi le concours d'entrée, notamment Rhizlane, 28 ans, native de Bagnols, maman de deux enfants, qui voit en cette formation une "nouvelle ambition" et "une 2e chance". Louka, 40 ans, avait aussi envie d'évoluer après 22 ans de carrière en tant que pompier, ambulancier et brancardier : "Dans ma dernière fonction, je faisais 15 km à pied par jour, là, je reste 8h assis sur une chaise, ça change."

aides-soignants élèves
Elisabeth, Dorsaf, Corinne et Etwina font partie de cette première promotion d'aides-soignants à Notre-Dame de la Blache.  • photo Marie Meunier

Corinne, elle, s'était déjà réorientée dans la coiffure à domicile quand elle avait 35 ans. À 50 ans, elle a décidé de se lancer dans "une reconversion du coeur" pour être aide-soignante : "Avec la conjoncture actuelle, je n'y arrivai plus. Les premières économies que font les gens, c'est sur la coiffure, l'esthétique. Mais déjà, je faisais beaucoup de social. Les premiers jours de formation m'ont confortée dans mon choix." Car comme l'a fait remarquer Claude Rols, directeur de la délégation départementale du Gard de l'Agence régionale de santé Occitanie (ARS) : "Aide-soignant, c'est un métier exigeant mais riche de sens et de valeurs."

La question de l'indemnité kilométrique

Plusieurs élèves ont interpellé Claude Rols, directeur de la délégation départementale du Gard de l'Agence régionale de santé Occitanie (ARS), au sujet des indemnités kilométriques. Contrairement aux étudiants infirmiers, qui sont sous le régime universitaire, les élèves aides-soignants ne bénéficient pas de cette indemnité. Les déplacements sur les lieux de stage restent à leur charge. "Ça peut freiner beaucoup de personnes à entrer dans la formation. Certains préfèrent rester ASH (agent de service hospitalier) car repartir en étude représente un coût. (...) Du coup, on privilégie toujours des lieux de stage au plus près du domicile", atteste Sabine Passera, une des trois formatrices de cette nouvelle promotion. 

Marie Meunier

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