LES MAGES Forte mobilisation derrière le projet de pôle santé sans permis de construire
Alors que le projet de pôle santé aux Mages ne réjouit pas la commune voisine de Saint-Florent-sur-Auzonnet, pas plus que les services de l'État qui l'ont pour l'instant retoqué, plus de 250 mageois favorables à sa réalisation ont manifesté ce samedi matin au bord de la D904, près du cimetière où pourrait être construit le futur bâtiment médical.
En milieu de semaine, à l'aube d'une manifestation de soutien au pôle santé qui se profilait, Objectif Gard vous proposait un résumé des différents points de vue, du pharmacien des Mages porteur du projet avec Filieris à la municipalité locale, en passant par l'opposition qui émane de la commune voisine de Saint-Florent-sur-Auzonnet (relire ici).
Cette première mobilisation, qui en appellera sûrement d'autres, a eu lieu sous un grand soleil ce samedi matin, au bord de la très passante D904, près du cimetière où pourrait être construit le futur bâtiment médical, sur un terrain de 4 100 m² qui n'a pas encore été rendu constructible par les services de l'État, lesquels ont la main dès lors que le plan local d'urbanisme (PLU) de la commune n'a pas été révisé.
Plus de 250 personnes y ont participé, dont Martine, 70 ans, habitante des Mages. "Pour les vieux c’est parfait, on aurait le docteur ici et le cimetière à côté", se marre la retraitée, un brin cynique. Et Martine de redevenir sérieuse : "Notre pharmacie est trop petite. À la fin de l'année, nos médecins vont devoir partir car le bâtiment n'est plus en conformité. On tient à nos médecins. On en a toujours eu aux Mages, je ne vois pas pourquoi du jour au lendemain on en n'aurait plus ! En plus, le village s'agrandit ! (la barre des 2 000 habitants a récemment été franchie, Ndlr)"
Autant de monde ce matin, "ça fait chaud au cœur", souligne Alain Giovinazzo, maire des Mages, tout en indiquant qu'il s'y attendait compte tenu du succès de "notre pétition en ligne", laquelle a déjà été signée par 1 500 personnes. "On ne se bat pas souvent, mais quand on se bat, c’est que la cause est juste", a clamé au mégaphone Jean-Marc Orlandini, porte-parole du comité de soutien au projet.
Le dernier nommé, ancien adjoint au maire des Mages, et par ailleurs ancien commandant de la communauté de brigades de gendarmerie de Saint-Ambroix, a continué de s'adresser à la foule regroupée autour du panneau "Non au désert médical, Oui au pôle santé" : "Vous êtes là parce que vous avez compris que notre combat est justifié. On a la chance d’avoir quelqu’un qui a envie d’investir de l’argent pour notre confort. J’espère qu’on n’aura pas à aller à Paris voir le ministre de la Santé ou Monsieur Macron !"
En aparté, Jean-Marc Orlandini étaye ses propos : "J'ai mon médecin traitant aux Mages et je sais qu'il travaille dans des conditions assez spartiates, notamment au niveau de la confidentialité. Quand on est en salle d'attente, on entend tout ce qui peut se dire dans le cabinet. Or on sait que les patients ont besoin d'intimité. Pour que je me mobilise, c'est que c'est un beau projet, avec du stationnement et un accès sécurisé via le rond-point. Notre pharmacie deviendrait accessible aux personnes en situation de handicap, alors que l'actuelle ne l'est pas."
Aux côtés d'élus voisins, dont Pascal Milesi, maire de Saint-Julien-de-Cassagnas, et Ghislain Chassary, conseiller départemental du canton, Mathieu Cres, pharmacien des Mages et porteur du projet, était ultra-sollicité ce samedi matin. Car les Mageois sont inquiets. Alors que se profilent d'interminables procédures administratives, le natif de Mons sera-t-il tenté d'abandonner le projet ?
"Non", assure l'intéressé, qui laisse entendre qu'aucun retour en arrière n'est envisageable. Et d'enfoncer : "S'il faut aller au tribunal administratif parce que la préfecture s'entête, je le ferai. J'ai tellement avancé d'argent que je ne peux plus reculer !" Entre les études de sol, les frais d'architecte et maintenant les honoraires des avocats, le pharmacien estime entre 30 000 et 50 000€ le montant des fonds "perdus" dans l'affaire.
Ainsi, l'unique critère d'un potentiel renoncement sera financier : "C'est la viabilité comptable qui va tout déterminer. Si mon expert comptable me dit que le risque est trop important, les banques ne me suivront pas", justifie celui qui a contracté un prêt sur 25 ans pour un montant total de 2,5 M€. Car à l'écueil urbanistique s'ajoute l'écueil économique en raison de la hausse du coût de construction qui a fait exploser le devis, passé de 1,2 M€ hors taxes en 2019, à 2 M€ lors de la dernière estimation en décembre dernier.
Convaincu du bienfondé de la démarche, le maire des Mages n'est pas effrayé par la perspective d'un passage devant le tribunal administratif, mais craint davantage la durée des procédures. "Si on traîne trop en longueur, les médecins quitteront les Mages. Alors que si la préfète accepte de déroger à la règle, on peut attaquer les travaux demain et avoir un pôle médical rapidement", met-il en exergue. Quant à la possibilité d'achever son PLU au plus vite, Alain Giovinazzo émet aussi quelques réserves : "Réviser un PLU, ça peut durer 6 mois comme deux ans. Car dans un PLU, il y a toujours des mécontents. Il peut se monter un collectif d'opposants..."
Au terme de ces temps d'échanges sur le terrain destiné à accueillir "5 à 6 médecins et la pharmacie délocalisée", le comité de soutien au pôle santé a invité les plus téméraires à mener une opération de tractage aux quatre entrées du giratoire voisin pour sensibiliser les automobilistes de la zone. De quoi galvaniser un Mathieu Cres qui, "dans un monde idéal", garde l'espoir d'une inauguration du pôle santé en 2025, après l'appel d'offres et 9 à 12 mois de construction. "Ce projet, ce n'est pas seulement une histoire de village. C'est une histoire de zone ! Il manque des médecins dans toutes les communes voisines, jusqu'à Barjac", conclut le pharmacien, déterminé.