Rattaché à l’Unapei 30 depuis 2011, l'établissement et service d'aide par le travail (Esat) Les Gardons est une référence du secteur médico-social du territoire. Il peut aujourd’hui accueillir jusqu’à 164 travailleurs en situation de handicap sur ses trois unités gardoises. Son site le plus ancien basé à Salindres est ouvert depuis 1973, quand le plus récent a été bâti à Saint-Chaptes en 1998.

Celui de Saint-Christol-lez-Alès, établi dans le cadre verdoyant du parc du Rouret depuis 1988, jouit tout de même d'une belle antériorité. Or ce dernier devrait définitivement fermer ses portes d'ici quelques mois. C'est en tout cas l'information qui a été délivrée à Jean-Charles Bénézet, maire de la commune hôte, au cours d'une réunion avec la direction de l'établissement le 16 mai dernier.

La fermeture du site saint-christolen de l'Esat est programmée au 3 septembre prochain, quand la quarantaine de bénéficiaires serait répartie sur les deux autres sites. "On nous parle d'humain, d'aide à la personne et de handicap et on nous pond des nouvelles comme ça. Pour des questions de rentabilité, je trouve ça un peu gros. Ils nous mettent devant le fait accompli !", peste l'édile saint-christolen, reçu avec son adjointe aux Affaires sociales par le directeur Michel Fournier et un représentant de l'Unapei 30. 

"Je ne peux pas laisser faire ça !"

"Les bras nous en tombaient", raconte Jean-Charles Bénézet, qui avoue n'avoir pas perçu les prémices d'une éventuelle fermeture. À ses yeux, le site saint-christolen de l'Esat Les Gardons et ses bénéficiaires se portent à merveille. "À aucun moment ils n'ont été demandeurs. Ça fonctionne bien ! Certains font de la mise en sachets pour un gros industriel, d'autres entretiennent les espaces verts pour des collectivités", résume le maire. 

Et ce dernier de compléter, insistant sur la cohérence de l'emplacement de l'unité saint-christolenne : "Le site du Rouret, avec sa partie sportive, le centre aéré et l'Esat, ça s'englobe bien." C'est pourquoi, remonté contre cette manœuvre qu'il qualifie d'"optimisation financière", Jean-Charles Bénézet assure qu'il ne va "rien lâcher". "Je ne peux pas laisser faire ça !", martèle le maire, qui a bien l'intention de ne pas offrir à la direction la discrétion qu'elle aurait sans doute souhaitée. 

Contacté en milieu d'après-midi ce mardi 30 mai, Michel Fournier, directeur de l'Esat Les Gardons, a confirmé sans difficulté la fermeture de l'unité saint-christolenne au 3 septembre prochain. "L'association a pris la décision de fermer le site du Rouret dans le cadre de sa restructuration qui doit accoucher d'un projet architectural un peu plus ambitieux", enclenche le dernier nommé, faisant notamment valoir le projet de réhabilitation en cours à l'Esat Saint-Exupéry situé dans la zone de Grézan, à Nîmes.

"Un partenariat ne doit pas être conditionné à des murs"

Les bénéficiaires auraient été les premiers avertis de cette fermeture. "J'ai respecté toutes les procédures d'usage en matière de communication auprès des différentes instances qui composent l'organisation de l'Esat pour que tout le monde soit prévenu en amont. Il n'y a eu aucune opposition de la part des bénéficiaires comme des professionnels qui comprennent très bien. D'autant que ça leur avait déjà été annoncé il y a quelques années en arrière", assure Michel Fournier, lequel prévient par ailleurs que si le site du Rouret va fermer, "les activités pour les travailleurs perdureront sur les deux autres sites en extérieur". 

Interrogé sur les motivations de cette fermeture, le directeur l'attribue à un choix stratégique qui tient compte de l'emplacement de cette antenne. Celui qui se dit soucieux de "la dimension développement durable" justifie ainsi la démarche : "Aujourd'hui on a énormément de déplacements à effectuer. Or à l'exception de la mairie de Saint-Christol, nos clients du site du Rouret sont tous sur d'autres lieux. À titre d'exemple, on a un client qui est plutôt situé entre Nîmes et l'Hérault. L'activité sera donc relocalisée sur le site de Saint-Chaptes."

Tout comme l'activité d'emballage assurée au profit d'un géant de la confiserie situé dans l'Uzège. "Il y aussi une forme de cohérence au regard des dépenses publiques. Tout ça nous a menés à cette décision. Ça se fait dans un cadre bienveillant et respectueux", jure Michel Fournier. Sans qu'on ne sache y déceler une éventuelle pointe d'ironie, le dernier nommé joue la carte de l'apaisement : "Ça n'empêche pas que notre partenariat avec la mairie de Saint-Christol-lez-Alès peut se poursuivre. Un partenariat ne doit pas être conditionné à des murs. Demain, l'Esat Les Gardons peut rester un partenaire privilégié de la mairie de Saint-Christol-lez-Alès et on peut réfléchir à de nouvelles pespectives." Pas sûr que Jean-Charles Bénézet s'en contente et saisisse la balle au bond, mais sait-on jamais.